Je t’écri­rai de là-bas : Émotion à travers des lettres de Malgré-nous

Commentaire (0) Actualité

 

Peut-on appe­ler ceci un spec­tacle ou une lecture? En lisant avec empa­thie, mêlant passages musi­caux et projec­tions de paysage, sur fond de voix mascu­line en alle­mand parfois, des lettres de jeunes Alsa­ciens incor­po­rés de force ainsi que le jour­nal intime d’une Alsa­cienne incor­po­rée de force au RAD-KHD, Aline Gross-Batiot donne forme à une soirée hors du temps et des modes. Mais bouillon­nante d’émo­tion, pour le plus grand bonheur du public qui a rempli deux soir de suite une salle de l’Il­liade (Illkirch-Graf­fens­ta­den)

Ce soir là, il y avait deux spec­ta­trices dont les surnoms affec­tueux avaient été enten­dus lors de cette lecture de lettres, « Liesele » et « Miesele », jadis bébés et aujourd’­hui septua­gé­nai­res…Deux dames qui ont serré dans leurs bras Aline Gross-Batiot, la lectrice-actrice, dont elles faisaient réel­le­ment la connais­sance après avoir dialo­gué par télé­phone ou cour­riels. Deux dames qui durant la guerre étaient l’objet de l’af­fec­tion de leurs deux papas qui deman­daient constam­ment des nouvelles de leurs petites filles, l’une étant née pendant la dépor­ta­tion mili­taire à l’Est de l’Eu­rope de son père et l’autre, étant tout petite lors de son départ pour la Wehr­macht. Comme tant d’autres hommes, ces Alsa­ciens se réfu­giaient dans la sphère privée et les lettres à l’épouse aimée pour recons­ti­tuer leurs forces morales. Ils s’ap­pe­laient Lucien, Jean, Alfred, Georges, Aimé…Cer­tains sont rentrés de la guerre où ils avaient du porter l’uni­forme alle­mand, d’autres non… Aline Gross-Batiot, origi­naire de Vendée, avait été touchée en décou­vrant en 2006 les lettres de son beau-père Georges Gross, décédé en 1996. Il a suffit qu’elle lance en 2010 un appel dans la presse pour récol­ter une bras­sée de lettres, précieu­se­ment gardées par les familles. Textes témoins du désar­roi de ces soldats malgré eux, de leur amour fami­lial, de leurs condi­tions maté­rielles voire de leurs idées poli­tiques…Quant au jour­nal de Suze, jeune Colma­rienne obli­gée d’al­ler en Alle­magne servir le IIIe Reich et évoquant avec pudeur ses souf­frances physiques et morales, son témoi­gnage, rare, a une réelle valeur histo­rique et humaine. Rien que de l’au­then­tique…

M.G-L

La pièce d’Aline Gross-Batiot, « Je t’écri­rai de là-bas ». Corres­pon­dances de « Malgré-Nous » (1943 à 1945), sera présen­tée :

 Vendredi 23 novembre à 20h30 à Vitré (35), Centre cultu­rel J. Duha­mel et Lundi 3 décembre à 21h00 à Paris, Théâtre Darius Mihaud.

 Rensei­gne­ments : 01 42 01 92 26

 Le samedi 6 avril à 15h à la Média­thèque de Lingol­sheim.

 Contact : aline_gross_batiot@ya­hoo.fr

 Tél : 06 09 27 94 44

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *