(* Munster 14.12.1905, résidant à Wissembourg, + Wissembourg 6.2.1945). Epouse, à Wissembourg en 1935, Guillaumette Wendling ; 2 enfants. Le 29.10.1945,
Edouard Kuntz, 45 ans, témoigne que Philippe Jung a été fusillé par les Allemands et qu’une affiche publiée par la NSDAP en mairie indiquait les motifs de la condamnation à mort : infidélité à l’administration et désertion du Volkssturm lors des combats de la libération du secteur.
Douze ans plus tard, un rapport de police, daté du 2.7.1957, établi que Philippe Jung faisait partie de l’organisation Nazionalsozialistische Volkswohlfahrt (NSV, Secours populaire national-socialiste). Il y était le chef principal et dépendait, comme ailleurs dans le Reich, du Kreisleiter. Le 15.12.1944, le NSV se replie sur Heidelberg. Philippe Jung n’obtempère pas, reste sur place puis, à l’arrivée des Américains, se réfugie à Cleebourg avec sa famille. Avec la contre-attaque allemande, début 1945, il est arrêté chez ses parents à Wissembourg, puis relâché. Il est à nouveau arrêté le 3 février, semble-t-il sur ordre du Kreisleiter qui préside aussi le tribunal d’exception qui va le juger et le condamner à mort pour « Fahnenflucht und Untreue im Amt« . Il est fusillé par les nazis dans le cimetière de Wissembourg trois jours plus tard.
La mention « mort pour la France » lui a été refusée pour les raisons suivantes. Il a adhéré à la NSDAP le 1.5.1942. Haut placé au sein de la hiérarchie à Wissembourg, il était considéré comme un « nazi convaincu » auquel « on ne saurait toutefois lui reprocher un acte de dénonciation ou autre ayant nui directement à quelqu’un ». Aucun renseignement sûr n’a pu être trouvé concernant les motifs de sa condamnation. La désertion se fonde sur son refus de se replier sur Heidelberg. L’infidélité, elle, reposerait sur « des détournements (…) commis au préjudice de la NSV ».
Ayant déserté, on peut se demander pourquoi il est resté à Wissembourg le temps que l’Alsace soit définitivement libérée. Lors de son procès, des facilités pour s’évader lui auraient été fournies (par qui ?), mais il a refusé de les mettre à profit. Pour quelles raisons ? On peut envisager qu’il l’a fait pour préserver sa famille sur laquelle, d’ailleurs, les enquêteurs n’ont rien trouvé de répréhensible concernant leur comportement pendant l’Annexion.
Dossier du PAVCC :