KLAUSSER René, un rescapé du camp d’Ar­ma­vir

Commentaire (0) Les incorporés de force face à leur destin

 

René Klaus­ser (+2009), né le 24.07.1925 à Stras­bourg-Neudorf, a été incor­poré de force à l’âge de 17 ans et il est resté en capti­vité 6 mois au camp de Arma­vir (Russie).

Klausser_Rene_portrait.jpgCi-contre : Portrait de René Klaus­ser en uniforme de la Luft­waffe. Photo prise à Wismar le 15.2.1944.

Sur le front russe et à l’ap­proche des forces sovié­tiques, mon père est resté abrité pendant trois jours consé­cu­tifs dans un trou d’obus a priori afin de se proté­ger des tirs inces­sants.
De temps à autres, il avait placé son casque au bout de son fusil pour simu­ler une sortie, à chaque fois qu’il faisait cette manoeuvre et que le casque était à vue, il essuyait tirs et rafales de la part des Sovié­tiques.
Pour sauver sa vie, il était donc préfé­rable pour lui de rester terré dans son abri de fortune.

Lorsque les troupes russes sont arri­vées sur le terrain pour captu­rer  » l’en­nemi » dont il faisait de fait partie, aucun ména­ge­ment ne leur a été concédé, les Russes ne voyaient en eux que l’uni­forme, ils ne voyaient que des soldats alle­mands !

Une fois capturé, il a fallu enta­mer la longue marche vers le camp de Arma­vir, marche accom­pa­gnée de la soif, de la faim et de l’épui­se­ment.
Quelques évène­ments ont émaillés ce « voyage » vers Arma­vir :

 mon père parlait d’un soldat russe, fier de montrer ses trophées, il avait en effet sur ses avant-bras une série impres­sion­nante de montres déro­bées sur les prison­niers ou prises sur les victimes.

 un autre évène­ment qui avait marqué sa mémoire était celui d’un prison­nier qui avait pris la malheu­reuse initia­tive de sortir du rang lors de la traver­sée d’un village, il était sorti du rang simple­ment pour être vu et pour faire signe à une connais­sance fémi­nine qu’il avait aperçu dans ce même village. Un soldat russe à cheval s’est immé­dia­te­ment rué vers le jeune homme, l’a empoi­gné par les cheveux et l’a traîné derrière son cheval au galop sur une longue distance. La scène était parti­cu­liè­re­ment dure et très violente selon les dires de mon père.

 mon père m’a aussi expliqué qu’un matin, un prison­nier manquait à l’ap­pel (il avait sans doute pu s’échap­per pendant la nuit). Très ennuyés par cet élément manquant et soucieux des consé­quences vis à vis de leur hiérar­chie, c’est sans aucun scru­pule que les soldats russes ont « ramassé » sur le passage un pauvre paysan hongrois qui était dans son champ de pommes de terre. Le malheu­reux hongrois a donc complété la troupe et « remplacé » le prison­nier évadé. Ce paysan a suivi le chemin et le sort des incor­po­rés de force jusqu’à Arma­vir !

 mon père indiquait aussi que les Alsa­ciens-Mosel­lans captu­rés avaient beau clamer qu’ils étaient français, rien n’ y faisait, les Sovié­tiques les consi­dé­raient avant tout comme des Alle­mands, aucune distinc­tion nétait faite, se récla­mer français pouvait même provoquer de la suspi­cion.

Le camp d’Ar­ma­vir :

 Le paysage ressem­blait plutôt à un paysage de steppes – mon père y avait aperçu des chameaux (?) – il se souve­nait aussi d’une montagne assez haute que l’on aper­ce­vait depuis le camp.

 Les prison­niers dormaient dans des trous creu­sés à même le sol, dont le fond était tapissé de foin infesté de poux et de puces. Cet « habi­tat » était para­doxa­le­ment la seule façon de se proté­ger effi­ca­ce­ment du froid très vif en hiver.

 les latrines étaient consti­tuées de simples planches de bois instal­lées un peu à l’écart à l’air libre.

 les « repas » étaient très maigres, les prison­niers ne mangeaient pas à leur faim.

 aucun régime de faveur n’était accor­dés aux Alsa­ciens-Mosel­lans qui clamaient être ‘français ».

 les Russes avaient des plan­chettes de bois sur lesquels ils inscri­vaient (ou gravaient) les noms des prison­niers – lorsqu’un prison­nier mour­rait, les Russes passaient un simple coup de rabot sur le nom du défunt, aucune autre trace n’était gardée (…), leurs vies ne repré­sen­taient rien.

 les Sovié­tiques avaient donné pour mission aux prison­niers de fabriquer des briques (a priori en terre cuite) qu’ils devaient ensuite trans­por­ter sur une distance assez longue vers un village en construc­tion. Les prison­niers ont large­ment contri­bué à la construc­tion de ce villa­ge…

 mon père est resté en capti­vité pendant 6 mois, jusqu’au jour où un accord poli­tique a permis aux Alsa­ciens-Mosel­lans d’être distin­gués des soldats alle­mands. A partir de ce jour leur trai­te­ment a changé et le retour pouvait être espéré.

Le retour :

Après un long périple, en train essen­tiel­le­ment, mon père m’a raconté l’im­mense joie de ses parents d’avoir pu le retrou­ver sain et sauf, après n’avoir eu pendant long­temps aucune nouvelle.

Par contre aucune céré­mo­nie offi­cielle, aucune véri­table atten­tion de la part des auto­ri­tés par rapport à ces jeunes qui sont reve­nus au compte goutte et qui ont vécu l’en­fer … on les consi­dé­raient plus ou moins comme des « Boches » (ce qui faisait mal) – sans comp­ter les nombreux dispa­rus qui ne sont jamais reve­nus, dont les parents ont attendu vaine­ment le retour et n’ont jamais connu le sort.

Outre les victimes directes de l’in­cor­po­ra­tion de force, combien de familles proches ou dans le voisi­nage ont été brisées, combien de mère éplo­rées n’ont pas vu le retour de leurs fils uniques ou même de fratries !
Pas de médailles pour eux, ni de monu­ments aux Morts, mais une forme de mépris.

Les regards et les visages que l’on peut voir dans le fichier photo­gra­phique des dispa­rus soulignent de façon poignante et sans qu’ aucune parole ne soit néces­saire le drame des incor­po­rés de force.

Une géné­ra­tion entière sacri­fiée, dont chacune des victimes porte les patro­nymes des familles alsa­ciennes ou mosel­lanes ; toutes les familles sont touchées de façon plus ou moins proche par ce drame !

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Ci-dessus : René Klaus­ser est assis au-dessus des hélices de l’avion.

Extraits du jour­nal de René Klaus­ser né le 24/07/1925 à Stras­bourg-Neudorf et incor­poré de force en 1943 (il n’avait pas encore 18 ans)

Intro­duc­tion

« Ma jeunesse a été très dure, j’ai été enrôlé de force dans l’ar­mée alle­mande, puis fait prison­nier en Russie à Arma­vir entre la mer Noire et la mer Caspienne.

Cette période triste et noire forme un homme et forge un carac­tère. Lorsqu’on sort de cette expé­rience, on s’éloigne des futi­li­tés, des civi­li­tés et autres arti­fices. On prend conscience que la vie est un éter­nel combat, qu’elle est fragile et éphé­mère.

On s’at­tache à l’es­sen­tiel. »

« L’in­cor­po­ra­tion de force nous a contraint de porter cet uniforme que l’on haïs­sait, nous avions été vendu par Pétain « un héros de 14–18 », pour être ensuite en capti­vité en Russie, comme des Alle­mands de souche. »

« Lorsqu’en 1946 nous sommes reve­nus libé­rés, ceux qui nous ont trai­tés de « Boches » étaient sans doute des igno­rants ou des idiots. »

Avant l’An­nexion

« Mon père était employé des tram­ways et faisait la ligne 14 qui allait de la place Kléber au Neuhof.

Ma mère faisait les ménages pour amélio­rer notre quoti­dien.

Nous étions 2 frères, j’étais l’aîné, mon frère et moi avions une enfance heureuse au Neudorf.

Nos jeux se passaient essen­tiel­le­ment dans la rue entre copains.

Notre occu­pa­tion favo­rite était de faire des « Schel­le­party » (parties de sonnettes), en rentrant le soir nous appuyions sur toutes les sonnettes des immeubles et nous enfuyions pour voir à distance l’ef­fet produit … »

L’An­nexion avant l’in­cor­po­ra­tion

« Mes études secon­daires se sont dérou­lées à Stras­bourg sous l’oc­cu­pa­tion au lycée Fustel de Coulanges rebap­tisé par les Alle­mands « Erwin von Stein­bach Schule; » 

Il était défendu de parler français, de porter des bérets, de dire « bonjour » ou « au revoir », tous les cours commençaient en levant le bras en l’air et en disant « Heil Hitler ! »

« Un jour le direc­teur du « Gymna­sium », un Alle­mand de Berlin, m’a convoqué dans son bureau pour me poser quelques ques­tions.

 « Votre père travaille au tram­way ? »

 « Pourquoi ne vous êtes vous pas inscrit à la Hitlerju­gend ? »

A cette 2ème ques­tion, je répon­dis que mes parents n’étaient pas très riches, que j’avais suffi­sam­ment de devoirs à faire, et que je faisais des petits boulots à droite à gauche pour pouvoir me faire de l’argent de poche.

Le direc­teur me répon­dit froi­de­ment : « je suis au regret de vous dire que si vous n’êtes pas inscrit à la Hitlerju­gend la semaine prochaine, votre père perdra son travail »

Afin de préser­ver le travail de mon père, je me suis fait inscrire à la section locale du Neudorf.

Avais-je un autre choix ?

J’avais 15 ans et avais pris la déci­sion de ne jamais aller à aucune réunion de section.

A la suite de cela, mon père prenait le plai­sir d’an­non­cer dans le tram­way, en forçant et en appuyant un accent français : la « Karl Roos Platz »

L’in­co­po­ra­tion de force (1943)

 (Celles ou ceux d’entre nous qui auraient refusé l’in­cor­po­ra­tion de force, voyaient leurs familles mena­cées de dépor­ta­tion dans les camps)

 En 1943, je n’avais pas encore 18 ans, j’ai d’abord été enrôlé à l’Ar­beits­dienst quelque part en Autriche où nous avions un uniforme kaki et un bonnet mili­taire. Nous faisions un travail obli­ga­toire et suivions une forma­tion mili­taire.

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Ci-dessus : Au RAD. Distri­bu­tion du cour­rier (Post­ver­tei­lung) le 24.9.1943. René Klaus­ser est le premier à gauche.

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Ci-dessus : Au RAD, Trupp 10: Kempf, Kaif­fel, Schmu­cker, Sepp (?), Gors­fel (?), Auffin­ger (?), Haiseln.

 J’ai ensuite été affecté et envoyé dans une unité de la Flak, la Luftab­wehr (DCA), à Stet­tin en Pologne, aujourd’­hui appelé Gdansk.

 Au départ de Stras­bourg dans le train, nous avons fredon­nés la Marseillaise avec mes cama­rades, bien que cela ne servait à rien ; les soldats alle­mands « accom­pa­gna­teurs » n’y compre­naient appa­rem­ment rien et semblaient igno­rer les chants patrio­tiques français.

 A Stet­tin, nous appre­nions la mani­pu­la­tion des armes anti-aériennes telle que la « Z ou 2 cm (?) » arme très effi­cace d’ori­gine suisse, sorte de mitraillette canon, instal­lée sur une plate­forme ronde, faisant un tour complet et utili­sée en étant assis dans un siège de voiture.

Cette arme était capable d’en­voyer à partir d’un char­geur des petits obus et balles traçantes vers un objet volant ou fixe.

Cette arme se fabriquait aussi en quadruple (Vier­ling) même modèle avec 4 petits canons – arme redou­table.

Cet engin était en mesure d’at­teindre un homme situé à 1 km avec une grande préci­sion.

On appre­nait aussi le manie­ment du canon 8,8 cm anti-char et anti-aérien, égale­ment très précis. Cette arme était capable de faire sauter la tourelle d’un char T 34 russe.

 Vers la fin de la guerre nous étions en Tché­co­slo­vaquie.

Après avoir reçu l’ordre de faire explo­ser toutes les armes, canons, fusils et muni­tions, le comman­dant nous a lâché en pleine nature.

J’avais gardé une paire de jumelles et un revol­ver, mais en passant dans un village j’ai donné mes jumelles à un Tchèque, quant au revol­ver j’ai fini par le jeter dans un pré.

Après avoir été captu­rés par les 1ers soldats russes, c’est les mains levées que nous nous sommes rendus. Les Russes igno­raient tota­le­ment la nation des gens en face d’eux, pour eux nous étions tous soldats alle­mands.

 Nous avons été rassem­blés et parqués plusieurs jours dans une enceinte grilla­gée sans toit ni confort.

Nous n’avions droit qu’à une soupe par jour.

J’ai eu la chance de trou­ver un tonneau de vin éven­tré dans lequel j’ai pu dormir tête et poitrine proté­gée des intem­pé­ries. Il pleu­vait beau­coup.

Le « voyage » vers Arma­vir

Un jour, nous avons tous été rassem­blés pour un départ en colonne de marche avec garde armée.

Nous avons marché de Prague via Vienne et ensuite jusqu’à Brati­slava, cela a duré une quin­zaine de jours.

En cours de route, celui qui traî­nait, qui était usé par la fatigue ou ne pouvait plus suivre la colonne était froi­de­ment abattu !

Dans les rangs, il y avait des filles, celles-ci avaient pour la plupart servies pour le compte du service des postes de l’ar­mée alle­mande.

Nous les enca­drions dans les rangs, mais dès que l’une d’entre-elle était plus ou moins décou­verte, les soldats russes la sortait du rang pour en abuser bien sûr, mais cela nous l’avons su plus tard.

Pendant le trajet à Vienne il s’est produit un fait qui restera toujours dans ma mémoire.

Nous avions dormi dans un champ de blé à côté de la route.

L’un des prison­niers origi­naire d’un village proche s’était caché en se couvrant de paille.

Le malheu­reux a été décou­vert par un cava­lier russe qui l’a saisit par les cheveux et l’a traîné sur la route, en ayant pris le soin d’or­don­ner à la colonne de se mettre assise le long de la route, pour mieux aper­ce­voir ce « spec­tacle » violent.

Un autre prison­nier habi­tant un village proche et père de 3 enfants s’est pris une rafale de mitraillette parce qu’il avait essayé de fuir pour rejoindre sa famille.

Son cadavre a été laissé sur la route.

Arri­vés à Brati­slava, nous avons été parqués dans des wagons à bestiaux, trente hommes par wagons, nous avions du mal à nous coucher dans ces wagons.

Dans un coin du wagon, le plan­cher était perforé d’un petit trou par lequel nous pouvions uriner ou aller à la selle …

De là, le train est parti vers la Hongrie, la Rouma­nie, la Mer Noire et enfin Arma­vir situé ente la mer Noire et la mer Caspienne, dans une région plutôt déser­tique, chaude en été et froide en hiver, j’y ai même aperçu des droma­daires.

Avant de conti­nuer, il faut vous citer un évène­ment qui arriva en Hongrie et qui montre bien la cruauté de cette guerre.

Tous les matins nous étions sortis du wagon en rang par 10 (donc 3 rangs) et les Russes nous comp­taient avec leurs doigts.

Or, un jour, il manquait un homme à l’ap­pel.

Un Russe poussa un juron par rapport à cette situa­tion.

Recomp­tage mais rien à faire, un homme manquait.

Que faire ? Il fallait que le compte soit juste !

Sans aucun scru­pule les Russes ont tout simple­ment cher­ché un pauvre paysan hongrois qui sarclait ses pommes de terre dans un champ voisin et l’ont mis dans le wagon pour que le compte soit juste !

Il a partagé notre sort !

Le camp d’Ar­ma­vir

 A Arma­vir, nous étions dans un camp qui ressem­blait à ceux rencon­trés en Alle­magne : double rangée de barbe­lés avec un couloir de ronde et aux 4 coins des mira­dors avec gardiens armés.

 Les latrines étaient faites d’un trou large de 2 mètres sur lequel il y avait une dizaine de planches de traverses …

 L’hé­ber­ge­ment se résu­mait à un trou creusé à même le sol, protégé par une char­pente de rondins de bois recou­verte de terre.

Dans le fond du trou, il y avait de la paille en guise d’édre­don.

La paille était infes­tée de poux et de puces dont j’étais la proie toutes les nuits et qui me causaient une déman­geai­son insup­por­table.

 A l’ar­ri­vée dans le camp, les Russes nous ont demandé tout nos papiers : « Sold­buch », carte d’iden­tité.

Les Russes ont jetés nos papiers dans un feu devant nous !

Un Alle­mand avait même une carte du parti commu­niste auquel il était inscrit et pensait pouvoir en tirer avan­tage. Mais cette carte a égale­ment fini dans le feu comme le reste.

A partir de ce moment, nous avions le senti­ment de ne plus exis­ter !

Devant nous, il y avait un gardien avec une planche en bois sur laquelle il y avait des lignes et des cases sur lesquelles il inscri­vait au crayon : nom – prénom – nom du père – date de nais­sance – natio­na­lité, c’est tout !

Cette planche résu­mait notre vie.

A la sortie du camp, les russes ont passé les planches au rabot pour faire tout dispa­raître !

Nous sommes restés ainsi dans le camp pendant plus de 6 mois…

Le dur voyage vers le camp de tran­si­tion (Franc­fort sur Oder)

Un beau jour, nous avons été entas­sés dans les mêmes wagons à bestiaux direc­tion Kiev pour arri­ver fina­le­ment dans un camp de tran­si­tion à Franc­fort sur Oder dans la partie russe de l’Al­le­magne.

Nous étions une ving­taine de Français.

Entre temps, pendant le « voyage », tous les soirs un soldat passait et deman­dait : « Wieviel kaput ? »

Les hommes trop faibles, qui sont morts en cours de route, ont été char­gés dans un wagon en queue de train, et pendant le voyage leurs corps ont été jetés un à un sur le balaste !

Deux de mes amis sont décé­dés dans ces condi­tions pendant le voyage.

Le camp de tran­si­tion de Franc­fort était une ancienne caserne.

Tous les matins, les morts étaient jetés pêle-mêle sur une char­rette et trans­por­tés à travers la ville dans un lieu inconnu.

Les femmes étaient à part, mais je me souviens d’une scène où les femmes avaient été rassem­blées toutes nues à l’ex­té­rieur.

Un soldat russe faisait le tour des « prison­nières » en moto.

Le sort de ces femmes étaient peu enviable …

Quelques unes d’entre elles ont fait le choix de s’ac­cor­der à un Russe afin de se proté­ger et de sauver leurs vies !

Vers le retour (1946)

Un jour, on a sorti les Français du rang.

On nous a donné des vête­ments mili­taires russes usagers.

Je me souviens d’avoir eu un manteau mili­taire troué, le trou était encore large­ment couvert de sang dessé­ché …

Nous avons été pris en charge dans un premier temps par des soldats anglais.

Nous avons pris des trains en étant logé pour la 1ère fois dans un wagon a compar­ti­ment : le vrai luxe !

Les Anglais nous ont ensuite remis à l’ar­mée française près de Berlin.

Nous avons été habillé propre­ment, nour­ris décem­ment mais avec restric­tion.

Ceux qui mangeaient trop étaient effec­ti­ve­ment pris de diar­rhées et de vomis­se­ments.

On nous a remis nos papiers et un peu plus tard nous sommes arri­vés à Stras­bourg où nous sommes tombés dans les bras de nos parents qui n’avaient plus eu de nouvelles depuis la libé­ra­tion !

Nous étions heureux d’avoir eu la chance se survivre, de retrou­ver enfin les notres et notre pays !

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