La falsi­fi­ca­tion alle­mande autour du massacre d’Ora­dour-sur-Glane et l’in­com­pé­tence de la justice française – Paris le 18 mai 2016

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Par lettre du 13 avril 2016, le Procu­reur de la Répu­blique près le TGI de Saintes, saisi par le petit-fils de l’of­fi­cier supé­rieur SS, Helmut Kämpfe, d’une demande d’ex­hu­ma­tion du corps du soldat repo­sant sous la dalle gravée au nom de son grand-père, en vue d’une compa­rai­son d’ADN, s’est déclaré « incom­pé­tent », au prétexte qu’il ne pour­rait donner suite que si le soldat repo­sant sous la dalle était inconnu et comme la dalle est gravée au nom de Kämpfe (justi­fi­ca­tion discrè­te­ment récu­sée d’ailleurs par les orga­nismes alle­mands offi­ciels, eux-mêmes), le soldat qui repose sous la dalle n’est donc pas consi­déré comme « inconnu » par la justice françai­se…

C’est une occa­sion ines­pé­rée de connaître enfin la vérité sur la falsi­fi­ca­tion alle­mande qui dispa­raît. Plus impor­tant encore, est la vali­da­tion ipso facto de la tombe de Kämpfe, alors qu’un docu­ment issu des archives du VDK, à Kassel, en date du 20 mars 1963, démontre tout le contraire. Ce docu­ment excep­tion­nel suffit à quali­fier le corps du soldat repo­sant sous la pseudo-dalle de Kämpfe, de « soldat inconnu », donc non iden­ti­fié. La décla­ra­tion « d’in­com­pé­tence juri­dique » n’ap­pa­raît donc pas justi­fiée. Il est surpre­nant de voir la justice française enté­ri­ner, de fait, une falsi­fi­ca­tion qui valide une thèse défen­due par des anciens SS révi­sion­nistes dont les livres sont inter­dits en France.

Pour mémoire :

Un impor­tant travail de recherches histo­riques, en Limou­sin, a été mené sur la période juin-août 1944. Cette recherche a conduit, notam­ment, à s’in­té­res­ser de très près au « mystère » de l’af­faire Kämpfe, une affaire, depuis l’ar­res­ta­tion par la Résis­tance, de cet offi­cier supé­rieur SS, de la divi­sion Das Reich, le 9 juin 1944, jusqu’à son exécu­tion et son inhu­ma­tion, qui a conduit à une multi­tude d’in­ter­pré­ta­tions selon les sources d’in­for­ma­tions françaises ou alle­mandes, le plus souvent défor­mées pour les besoins des causes respec­tives et, en parti­cu­lier, utili­sées par les thèses de révi­sion­nisme parti­san, déve­lop­pées par les Alle­mands à propos du massacre d’Ora­dour-sur-Glane, qui eut lieu le 10 juin 1944. Les prin­ci­paux tenants de ces thèses révi­sion­nistes sont des anciens SS, tels Otto Weidin­ger, dernier comman­dant du régi­ment « Der Führer », l’his­to­rien offi­ciel de la divi­sion Das Reich, Albert Stück­ler, ex-chef d’état-major de cette divi­sion, Heinz Lammer­ding, ex-comman­dant de cette divi­sion et Herbert Taege, ex-offi­cier SS. Weidin­ger a publié dès 1962 un histo­rique du régi­ment « Der Führer » avec sa thèse qui fait entre autres le lien avec la décou­verte du corps de Kämpfe à Breui­laufa et le passage supposé de ce dernier à Oradour-sur-Glane.

Ainsi, les sources d’in­for­ma­tion d’ori­gine alle­mande, four­nies par la Wast (Service Deutsche Diensts­telle, bureau des états de service des mili­taires alle­mands) situent très préci­sé­ment l’exé­cu­tion (Tode­sort) de Kämpfe, à Cheis­soux (Haute-Vienne) et son inhu­ma­tion (Erst­be­tat­tungs­ort), à Breui­laufa (Haute-Vienne), soit à plus de 50 kilo­mètres du lieu de l’exé­cu­tion. Les recherches ont permis de démon­trer la falsi­fi­ca­tion alle­mande. S’il y eut bien cinq soldats alle­mands enter­rés dans le cime­tière de Breui­laufa (Haute-Vienne), dont un adju­dant, ceux-ci avaient été tués dans une embus­cade tendue par le Maquis, le 8 juin 1944. L’in­hu­ma­tion offi­cielle de ces cinq soldats alle­mands a donné lieu, pour chacun d’eux, à un procès-verbal établi le 29 mai 1946 par la brigade de gendar­me­rie de Nantiat (Haute-Vienne) « en exécu­tion des pres­crip­tions sur le regrou­pe­ment des tombes de mili­taires alle­mands tués en France ». Cinq procès-verbaux furent ainsi rédi­gés, pour ces cinq soldats offi­ciel­le­ment décla­rés « incon­nus », enter­rés très sommai­re­ment par le Maquis en juin 1944. Ces procès-verbaux ont été commu­niqués par lettre du Service Histo­rique de la Défense, en date du 8 novembre 2011, avec l’agré­ment de Monsieur le Ministre de la Défense et des Anciens Combat­tants. Ces docu­ments histo­riques confirment que ces cinq soldats ne portaient aucune plaque d’iden­ti­fi­ca­tion, ni de signes parti­cu­liers permet­tant au Service d’En­tre­tien des Sépul­tures Mili­taires Alle­mandes en France (SESMA), de les iden­ti­fier. Il n’y a donc aucune raison de penser que le corps de Kämpfe ait été trans­porté là pour y être inhumé, après son exécu­tion par le Maquis, comme le prétendent les orga­nismes offi­ciels alle­mands, WAST et SESMA (VDK). Par ailleurs, la collecte de la mémoire locale permet de conclure à l’in­hu­ma­tion sommaire de Kämpfe, en forêt limou­sine, avec un autre soldat alle­mand prison­nier. Les restes des corps n’ont pas été inhu­més dans le cime­tière local et ont été, très certai­ne­ment, disper­sés par suite des travaux fores­tiers et des fortes tempêtes enre­gis­trées, depuis lors, dans cette région.
Pour­tant, à la suite de l’in­ter­ven­tion du Service Deutsche Diensts­telle, dans les années 60, une dalle a été posée, le 13.03.1963 (Umbet­tung­da­tum, voir la fiche de la Wast), dans le cime­tière alle­mand de Berneuil, en Charente-Mari­time avec l’ins­crip­tion « HELMUT KÄMPFE STUBAF. 31.7.09 + 10.6.44 » : les restes de Kämpfe, selon le SESMA, seraient donc sous cette pierre tombale. Une telle erreur histo­rique, « dans l’in­té­rêt des familles » selon une expres­sion utili­sée par ailleurs par la Wast, a deux consé­quences majeures :

1. Elle se prête à une tradi­tion commé­mo­ra­tive dont personne semble-t-il ne peut ou ne veut en iden­ti­fier, le ou les auteurs : un bouquet de roses est déposé sur la dalle, au mois de juin de chaque année : famille, mais peut-être, aussi, orga­ni­sa­tions prona­zies…

2. Elle offre une tribune de choix pour tous ceux qui déve­loppent les thèses révi­sion­nistes, voire néga­tion­nistes, à propos du massacre d’Ora­dour-sur-Glane.

Le Comité Histoire et Mémoire

Contacts pour plus d’in­for­ma­tions :
Michel Baury 06 83 17 99 89, Patrick Char­ron 06 38 93 82 80

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