L’ Alsace et la Moselle, devenues allemandes à la suite du traité de Francfort en 1871, redeviennent françaises à la suite du traité de paix de 1919.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, suite à la défaite française de mai-juin 1940, l’Allemagne nazie annexe de fait à nouveau ces trois départements de l’Est, l’armistice de juin 1940 ne mentionnant nullement ces territoires.
Pour leur sécurité, une bonne moitié des populations alsacienne et mosellane situées près des frontières, avait déjà été évacuée dans de pénibles conditions de transport d’abord, de logement ensuite à la déclaration de guerre (septembre 1939) vers des régions aussi peu préparées à recevoir tous ces gens que l’évacuation elle-même très mal organisée.
Après l’armistice de 1940, une bonne partie de ces évacués, comme les autres français, revinrent dans leur foyer, dans leur région d’origine et furent accueillis par les allemands qui occupaient toute la France mais surtout l’Alsace et la Moselle.
Ballersdorf, souvenons nous des treize fusillés,
Jeunes gens, en Suisse voulant se réfugier,
Refusant cette incorporation forcée,
Fuyant cet uniforme vert de gris détesté,
Dans la sablière, il furent exécutés,
Non loin de leur village natal tant aimé.
Et pour Moussey surtout, ayons une pensée,
Petit village vosgien de l’autre côté,
Versant Ouest, en France, certes occupée,
Mais pas tant que l’Alsace-Moselle annexées,
Et synonyme d’un semblant de liberté,
Tu accueillis et cacha tant de réfugiés,
D’insoumis, déserteurs et autres évadés,
Au point qu’en quarante-quatre, ne fut point épargné,
Tant des tiens furent déportés ou fusillés,
Village martyr, soit pour toujours honoré.
Un nombre important de jeunes essayèrent de se soustraire à cette incorporation, soit en essayant de fuir en Suisse, soit en passant la frontière des Vosges pour rejoindre la zone Sud puis plus tard l’Afrique du Nord, éventuellement l’Angleterre. Des filières pour évadés, insoumis existaient, ayant permis à de très nombreuses personnes de quitter l’Allemagne, l’Alsace, la zone nord occupée.
Moussey fut un maillon central de ce réseau d’évasion et en paya le prix fort en 1944, presque 200 déportés ou fusillés sur une population de 2000 âmes environ.
Après quatre années de souffrances, fin 1944, les troupes alliées avancent vers l’est de la France, les anglais et les américains débarqués en Normandie le 6 juin et la colonne Leclerc vers le nord de l’Alsace, d’autres américains et surtout la 1ère Armée Française débarqués en Provence le 15 août, remontant par la vallée du Rhône puis Belfort vers le verrou d’Alsace du sud, le Haut-Rhin, solidement tenu par des troupes allemandes aguerries et très vaillantes, le dos au mur, certaines de défendre leur Vaterland, leur pays.
Novembre quarante-quatre, souvenons nous,
L’Alsace est libérée de son terrible joug,
Quatre années d’occupation, de privations,
D’enrôlements forcés, de perquisitions,
Soudain, par ce temps si froid et cette neige,
Une étincelle de vrai printemps jaillit,
Qui les esprits libère, les cœurs allège.
Nos libérateurs ont repoussé l’ennemi.
Venant par l’ouest, des plages de Normandie,
Avec l’aide des américains, nos amis,
Ayant libéré la capitale Paris,
Sous le commandement du général Leclerc,
La véloce 2è D.B., c’est son affaire,
Déboule, sur plusieurs axes, à toute allure,
Descendant des Vosges, fonçant dans la plaine,
Plaine d’Alsace recouverte de neige dure,
Visant Strasbourg, depuis quatre ans dans la peine.
Toute la division, le 23 novembre,
Dans le froid du petit matin et la fièvre,
Fièvre et excitation, ces deux sentiments,
Tous, les habitent depuis ce jour du serment, En ce jour tu vas enfin être honoré.
Ah, Strasbourg, enfin tu es à notre portée,
Des nazis, du Mal, tu vas pouvoir être délivrée.
Le Printemps et l’Espoir, en ce jour enneigé,
Vont resplendir et ramener la Liberté.
Les autres, ayant débarqués en Provence,
Sous les ordres de de Lattre de Tassigny,
Qui, cette Première Armée Française commande,
Ont investi, libéré cette province,
Poursuivant leur action, bousculant l’ennemi,
Dont bon nombre d’entre eux fuient ou se rendent,
Couloir rhodanien et route Napoléon,
Sont le cadre de cette brillante action.
Si les deux armées parviennent à se joindre,
Toutes les forces ennemies du Sud-ouest,
Dans cette immense nasse se feront prendre,
Aussi fuient-elles toutes sans demander leur reste.
Il vaut d’ailleurs mieux car de Lattre et Leclerc,
Tous deux, aux nazis appliquent la guerre éclair,
Celle qui nous valut défaite, invasion,
En ces tristes mois de mai et juin quarante,
Elle fut dure à remonter, cette pente,
Dures aussi à aplanir, nos divisions.
En effet, le débarquement du 15 août 44, moins connu fut au point de vue stratégique très important, permettant lors de la jonction de ses forces avec celles débarquées en Normandie de cerner toutes les forces allemandes situées dans le Sud-Ouest et dans le Centre de la France, aussi ces forces essayent-elles de fuir cette nasse, les F.F.I. les harcelant cependant sans cesse.
Cette situation permit à une grande partie géographique de la France de se libérer sans aide extérieure directe, mais ce fut bien la conjonction de ces deux débarquements et la future jonction de ces deux armées qui fut à l’origine de cette « self-libération ».
Mais la foi en l’avenir et dans leur pays,
Conjuguée à l’expérience de Tassigny,
A réussi l’amalgame de tous ces gens,
Si divers par leur âge ou leur condition,
Leur origine ou encore leurs convictions,
Leur vécu, leur religion et leurs sentiments,
Militaires de carrière ou appelés,
Jeunes sans formation mais tous tant exaltés
tous sont habités par une même passion,
Débarquer et délivrer la Mère Patrie,
Chasser tous les ennemis, quel qu’en soit le prix,
Libérer la France, rassembler la nation.
« C’est nous les africains,
Qui arrivons de loin,
Venant des colonies,
Pour sauver la Patrie,
Nous avons tout quitté,
Parents, foyer, gourbis,
Et nous gardons au coeur,
Une invincible ardeur,
Car nous voulons porter haut et fiers,
Le beau drapeau de notre France entière,
Et si quelqu’un venait à y toucher,
Nous serions là pour mourir à ses pieds,
Battez tambours, à nos amours,
Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin,
C’est nous les Africains ! »
Le débarquement de Provence réussi,
Très vite, Toulon puis Marseille sont investis,
L’Armée B en avance sur les prévisions,
Pousse au nord, libère Aix puis Avignon,
Mais ne prend pas le temps de danser sur le pont.
Le 3 septembre, libération de Lyon,
Douze septembre, libération de Dijon,
Surtout, Overlord et Dragoon font leur jonction,
Sus aux Vosges, à Belfort, l’Alsace, le Rhin,
L’Armée B prend le nom de Première Armée,
La seule sous commandement français, enfin !
Aux portes de l’Alsace, la Première Armée,
Dans les Vosges, déjà fortement engagée,
Malgré leur résistance et leur acharnement.
Les soldats allemands se savent dos au mur,
Une fois l’Alsace perdue par eux, c’est sûr,
Les combats auront lieu sur leur sol, dans leurs murs,
Ce serait la fin d’ Hitler et de sa culture,
De son idéologie de la race pure,
Du nazisme, du racisme, de la torture,
Et pour ses adeptes, la fin de l’aventure,
Finis les vols, les profits et les parures,
Aussi l’énergie du désespoir rend très durs,
Vifs comme l’éclair, rapides comme la lumière,
Tabors, tirailleurs, blindés et infanterie,
Marins, aviateurs, toute l’artillerie,
Dans le froid, la neige, la poussière,
De la future Armée « Rhin et Danube »
Bousculent les nazis, foncent à plein tube,
Libérant Thann, Mulhouse, presque tout le Haut-Rhin,
Etant les premiers Alliés à toucher le Rhin.
A Mulhouse, les canons se taisent enfin,
Mais Colmar devra attendre encore longtemps
La reddition des tous derniers allemands.
Deux jours plus tard, la deuxième Division Blindée,
Sous les ordres du jeune général Leclerc,
Adulé par sa troupe, stratège hors pair,
Sur plusieurs axes et avec témérité,
Déboule des Vosges à toute vitesse,
Attaquant et débordant l’ennemi nazi,
Surgit sans coup férir, pleine d’allégresse,
Dans la ville enneigée et toute engourdie.
Lequel de Cantarel, Massu ou Rouvillois
Le tout premier libérera les strasbourgeois ?
« Tissu est dans Iode », ce fut donc Rouvillois.
L’ennemi est surpris, bousculé, repoussé,
mais réussit toutefois à passer le Rhin,
et même à faire sauter l’unique pont,
c’en est fait du rêve d’une tête de pont,
qui aurait permis de prendre pied Outre-Rhin.
Vite, un volontaire bravant neige et verglas,
Vertige et fatigue, un drapeau déploie,
Tout en haut de la flèche de la cathédrale,
Effaçant d’un seul coup, quatre années de Mal.
Flottent enfin, Bleu, Blanc, Rouge, les trois couleurs,
Les seules et uniques qui vaillent dans nos coeurs.
Le serment de Koufra est à présent tenu,
Strasbourg dans la nation française revenue.
Le reste de l’Alsace est enfin libéré,
se profilent les fêtes de la fin d’année.
Mais, hélas, l’opération Nordwind, vers Noël,
Aux nazis redonne l’espoir et des ailes,
Tout le nord de l’Alsace et l’est de la Moselle,
Sont reperdus, car les G.I.’s ont reculé,
Le front de l’Est étant trop distendu tel quel.
NON, trois fois NON, de Gaulle et de Lattre, de pair,
Epaulés par les maquisards, vont résister,
La Première Armée va tenir, s’accrocher,
Manquant de tout, elle va quand même les repousser,
Ces nazis qui, dans un sursaut désespéré,
profitant de la météo ont tout tenté.
La Moder sera tenue et Strasbourg sauvée
Vingt janvier, les Shermans détruisent les Panzers,
Hatten, Rittershoffen totalement détruits,
Après guerre seront entièrement reconstruits.
Le nord de l’Alsace est à nouveau libéré,
Seconde fois dans ce désastre avéré,
Ayant changé cinq fois de nationalité,
En moins de cinq ans, c’est un exploit attesté.
Cependant, Colmar et sa poche résistent,
Trois longs mois d’hiver et de terribles combats,
causent la mort de nombreux civils et soldats,
Sigolsheim, ta nécropole en atteste.
Il faudra la conjugaison des deux armées,
Première Armée Française, Rhin et Danube,
Renforcée par la Deuxième Division Blindée,
Pour qu’enfin les allemands titubent,
Cessent leur vaine résistance acharnée.
Dix-neuf-cent-quarante-cinq, le trois février,
Les nazis se rendent, Colmar est libérée.
Bitche, Forbach, les deux poches situées en Moselle,
Portes de la Sarre, défendues avec zèle,
Par des allemands maintenant le dos au mur,
N’ayant qu’un et un seul mot d’ordre, s’accrocher,
Ne seront définitivement libérées,
Que le vingt et un mars, ce fut très long et dur !
Mais que dire des poches de Royan, Saint-Nazaire,
Calais, Cherbourg et autres Boulogne sur Mer,
Et qui devront, elles, attendre l’armistice,
Pour retrouver la liberté et la justice ?
Première sur le Rhin, la Première Armée,
Une fois la ville de Colmar libérée,
Poursuit son action en territoire ennemi,
Karlsruhe, Stuttgart, la Forêt Noire sont repris,
De plus en plus, le Reich millénaire se restreint,
Fin avril, Ulm et le Danube sont atteints,
Première de toutes les armées alliées,
Elle touche le fleuve européen le plus long,
Après le Rhin, le Danube, quelle émotion,
Ce sera l’origine de son écusson,
Les armes de la ville de Colmar en fond.
Les flots bleus azur du lieu de débarquement,
Conjugués aux eaux des deux fleuves prépondérants.
Huit mai dix-neuf cent quarante-cinq à Berlin,
L’épilogue du tragique conflit, enfin,
Seconde guerre mondiale meurtrière,
Avec les généraux Spatz, Joukov et Tedder,
Le général de Lattre représente la France,
Eh oui, maréchal Keitel, les Français aussi,
De votre capitulation feront partie,
Qui, les bases d’un monde nouveau annonce.
Ce monde, très vite, se change en deux blocs,
L’Est et l’Ouest, tous deux s’apprêtent au grand choc,
La guerre froide durera cinquante ans,
Avant que l’Union Soviétique ne disparaisse,
Que la liberté en Europe apparaisse,
L’Union Européenne avançant à pas lents,
Toute cette kyrielle d’Etats regroupant,
Pour la paix assurer, la guerre conjurer,
Apportant à tous, si ce n’est l’égalité,
Du moins la fraternité et la liberté.
Pierre Blaes p.h.blaes@gmail.com