Samedi 20 août, le départ de Strasbourg du groupe de jeunes de l’association « Pèlerinage Tambov » (intégrant pour la première fois cinq jeunes d’Oradour-sur-Glane et de Cieux et Javerdat, deux communes voisines) avait été stressant, avec un problème autour de la navette en autocar vers l’aéroport de Francfort… Réglé peu après, au grand soulagement de Marlène Dietrich, présidente de l’association, de Charles Sandrock et d’autres membres du comité, salués par Michèle Seiler, conseillère municipale représentant le maire Roland Ries qui avait initié le rapprochement avec Oradour dès 1997. Eric Seyfried, responsable du groupe des jeunes et actif dans la préparation de cette édition historique, avait confié le rôle de « chef » à Thomas, 35 ans. Historique par la présence de jeunes Limousins, suivant le voeu des Malgré-Nous fondateurs de l’association en 1995. Un souhait devenu réalité cet été, en partie grâce au nouveau maire d’Oradour-sur-Glane, prêt à donner des responsabilités aux jeunes. Parmi les élus de sa liste, un jeune ostéopathe de 30 ans, Maxime Desvergnes. Autour de ce conseiller municipal délégué à la vie associative, quatre jeunes, étudiants pour la plupart, ayant répondu à l’invitation de Pèlerinage Tambov.
Larmes d’émotion et difficile séparation
Mardi 23 août, épuisés à leur retour à 20h à Strasbourg, après une semaine de travail pour remettre en état le Carré Français de Tambov, ses fosses communes et ses stèles, ils n’avaient guère envie d’être bavards: « On est debout depuis 4h du matin, départ de Tambov puis autobus jusqu’à Moscou, avion jusqu’à Francfort et autobus de nouveau… ». Une fatigue succédant à une autre, car sur place, du boulot pour les garçons comme pour les filles, alsaciens-mosellans comme limousins. Huit arbres étaient tombés sur le site, il a fallu les tronçonner. Le programme s’est passé comme prévu, pas de pépin, visite de Moscou avec croisière sur la rivière Moskova et hôtel au centre de Tambov. Mais les larmes d’émotion de Marie et de Sarah, venant d’Oradour-sur-Glane, les accolades qu’on sentait fortes au moment de la séparation entre jeunes Limousins et Alsaciens-Mosellans prouvaient qu’il s’était passé quelque chose d’exceptionnel pendant ce séjour hors normes. Quel que soit le futur de ce voyage, l’alchimie s’était faite et cela sautait aux yeux… De l’émotion à l’état brut, partagée par des jeunes ayant pour la plupart des aïeux ayant été incorporés de force avec d’autres jeunes Français portant mémoire d’une autre page douloureuse de 39–45. Des contacts inoubliables pour cette génération alors que « nous avons passé une bonne soirée en compagnie des 45 pèlerins, mais nous n’avons pas eu le temps de discuter autant qu’on aurait voulu avec Marlène Dietrich, il faudra qu’on se revoie », espère Maxime. Qui reconnait qu’il y a eu « plus d’émotion que ce qu’on aurait pu croire »… David, de Metz, Stéphane, de Verdun, mais aussi Mélanie, une Haut-Rhinoise, Caroline, Vincent, Loïc et d’autres ont tissé des liens d’amitié très forts. Pour les détails, les jeunes d’Oradour, et c’est normal, veulent donner la primeur à Philippe Lacroix, maire de leur commune grâce à qui ce premier rapprochement dans la forêt de Rada, le plus grand cimetière d’Alsaciens-Mosellans à l’étranger, est devenu réalité. En septembre, le bilan sera présenté aux médias locales, jusqu’ici non informées en détail du déplacement. En tout cas, ces jeunes ayant donné du temps de vacances à ce saut dans l’inconnu au dessus des préjugés sont les médaillés de ces Jeux Olympiques du souvenir.
MGL
Ci-dessus : Dimanche 21 août. Sur la plateforme du Mémorial d’Alsace-Moselle à Schirmeck, Gérard Michel, président de l’OPMNAM (à droite), a piloté la visite avec des membres de Pèlerinage Tambov pour quatre des cinq jeunes d’Oradour sur Glane et de cemmunes voisines, Cieux et Javerdat : Loïc, Marie, Sarah et Maxime Desvergnes (au centre), élu au conseil municipal d’Oradour-sur-Glane. (Photo Charles Sandrock)