Le juge­ment du 16 octobre 2013 est tombé…

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La femme aux yeux bandés, portant glaive et balance, a pesé le pour puis le contre pour fina­le­ment – ô surprise ! – tran­cher défi­ni­ti­ve­ment. Elle n’a même pas renvoyé à une autre juri­dic­tion (sans être bien sûr obligé de démon­trer que tous les Malgré-Nous étaient des volon­taires) – et pourquoi s’en priver ? La cour de cassa­tion l’au­to­rise ! Elle consi­dère qu’il n’y aucune autre juri­dic­tion, telle­ment elle était sûre d’elle-même. Il fallait « blan­chir » M. Hébras et condam­ner les incor­po­rés de force… heu ! Pardon ! Les « soit-disants » incor­po­rés de force, car c’est ainsi qu’on pourra désor­mais les appe­ler, ceux qui, aban­don­nés par la France en 1940, livrés aux mains des nazis, furent en 1942, 1943 et 1944, jetés dans l’ar­mée alle­mande en viola­tion pour­tant du droit inter­na­tio­nal.

Il s’agit là d’un crime qui, par son ampleur (130 000 Alsa­ciens et Mosel­lans furent incor­po­rés de la sorte) et par son carac­tère raciste (faire des « Volks­deutche », êtres infé­rieurs, des « Reichs­deutche » de la classe des seigneurs…) consti­tue bel et bien un crime contre l’hu­ma­nité. Quant au procès de Bordeaux en février 1953, qui a reconnu le carac­tère contrai­gnant de l’en­rô­le­ment de 13 Alsa­ciens sur les 14 présents sur le banc des accu­sés (1 seul était un volon­taire), cela importe peu. L’au­to­rité de la chose jugée n’est plus ce qu’elle était, semble-t-il, puisqu’on peut impu­né­ment affir­mer doré­na­vant « je porte­rais à croire que ces incor­po­rés de force fussent tout simple­ment des volon­taires » (Tout le monde dans le même sac, on ne va plus se gêner !…).

Il fallait « blan­chir » celui qui, entouré par deux Prési­dents de la Répu­blique, l’un de France, l’autre d’Al­le­magne, leur servait de guide dans les ruines d’Ora­dour ce fameux 4 septembre 2013, un mois et quelques jours avant le juge­ment rendu…. Mais peu importe, ne soyons pas mesquin, ce qui est regret­table, c’est que cette « amnis­tie » empê­chera doré­na­vant toute récon­ci­lia­tion entre le Limou­sin et l’Al­sace.

Cela encou­ra­gera les néga­tion­nistes de tous poils qui se feront un plai­sir d’ac­cu­ser – ni diffa­ma­tions ni injures dans ces phrases assas­sines – mais simple­ment l’exer­cice du « droit d’ex­pres­sion »…, liberté sacrée qui, comme chacun sait, à l’en­contre des Alsa­ciens n’a pas de limites !… Cepen­dant, depuis 1870, nous n’avons plus d’illu­sion. Nous sommes habi­tués d’être trai­tés tantôt de « têtes de français » (Fran­zo­senköpfe), « cochons de français » (Franzö­si­sches­ch­weine) par nos voisins d’outre-Rhin, tantôt d’Al­le­mands, de « Boches » et autres amabi­li­tés de la part des Français « de l’In­té­rieur ». A la longue, vous savez, on se forge une cara­pace impos­sible à percer !

Et bien restons-en là ! Vos provo­ca­tions néga­tion­nistes du crime enduré par nos pères ne nous touchent plus. Prenons de la hauteur ! Nous, nous savons ce qui s’est passé ; nous, nous connais­sons la vérité ! Restez dans votre igno­rance, culti­vez votre erreur ! Nous en avons assez de toujours être obli­gés de démon­trer l’évi­dence. Nous sommes las de vouloir convaincre ceux qui ne veulent pas être convain­cus. Votre atti­tude bles­sante ne nous atteint plus ; vous pouvez persis­ter dans vos insi­nua­tions diffa­ma­toires fiel­leuses, puisque la plus haute cour de justice de la France vous le permet. Mais ne venez pas en Alsace nous racon­ter vos sala­des…

Toute­fois, on ne m’en­lè­vera pas de l’es­prit qu’en ce 16 octobre 2013 la femme dont je parlais n’avait pas les yeux bandés car « tout porte à croire » que le bandeau était tombé. Vous ne croyez pas ? En doute­riez- vous encore ?

Jean-Laurent VONAU

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