Dix neuf cent trente six, année délirante,
qui a suscité tant de joie et tant d’espoir,
un peuple d’hommes et de femmes te chante,
cette vie nouvelle, tous voulaient la voir.
Ce fut l’année des tout premiers congés payés,
la découverte de la mer pour bien des gens,
les deux premières semaines de liberté,
pour beaucoup quinze jours en famille seulement,
au bout de tant d’années de labeur acharné,
lueur d’espoir dans ce monde entre-déchiré.
Pour les Allemands, ce fut l’apothéose,
celle des fameux jeux olympiques d’été,
en miroir du fascisme ils sont détournés,
utilisés pour l’intox à forte dose,
Hitler et sa dictature se font charmeurs,
Couvrant d’un voile pudique les atrocités,
Celles en cours et celles déjà planifiées,
Endormant dans les démocraties toute peur.
Bien avant l’arrivée de Hitler au pouvoir,
à se défendre, l’hexagone se prépare,
l’esprit défensif l’emporte dès le départ,
tous les ingrédients sont donc réunis pour choir.
La ligne Maginot en est l’illustration,
une suite de formidables ouvrages,
du béton, des fossés anti-chars à foison,
mais qui s’arrêtent net, et c’est bien dommage,
à la frontière de notre allié belge.
Erreur magistrale, on le verra plus tard,
car commencent pour nous les plus sombres pages,
la grande histoire ne souffre pas de retard.
Les futurs Malgré-Nous ne se doutent de rien,
pour l’instant, ils vivent relativement bien,
ceux nés en vingt-deux, qui les premiers partiront,
font ou leur communion ou leur confirmation,
d’autres, plus âgés, terminent leurs études,
la majorité, sans trop d’inquiétude,
les ouvriers sont déjà dans la vie active,
la crise de vingt-neuf s’estompe doucement,
et sur la ligne Maginot on s’active,
c’est une source d’emploi pour beaucoup de gens.
Les Espagnols, eux, n’ont pas de congés payés,
Franco, aidé de Mussolini et Hitler,
La démocratie essaye de renverser,
Trois très longues années de feu, de sang, de fer,
Très lourd tribut de cette guerre civile,
champ d’essai grandeur nature pour fascistes,
premier échec des démocraties dociles,
les dictateurs se montrant bien plus réalistes.
L’Anschluss de l’Autriche, les accords de Münich,
l’abandon honteux à Hitler des Sudètes,
tout cela mettra les démocraties en friche,
elle sera lourde à payer, cette dette.
Nos compatriotes accueillerons Daladier et Champlain
en grands sauveurs, alors que tous deux sont en train,
une paix bien boiteuse de nous concocter,
ce n’est que reculer pour mieux encore sauter.
Et un an plus tard, toute l’Europe bascule,
Hitler qui se prend pour un nouveau Hercule,
Attaque la Pologne le premier septembre,
Ses armées bombardent, détruisent, démembrent,
Avec l’aide des troupes soviétiques;
L’Angleterre et la France lui répliquent,
La guerre est déclarée mais nul n’avance,
nous ne saisissons pas notre dernière chance.
Les deux tyrans, ce pauvre pays se partagent.
Las, à l’ouest c’est le calme plat, oh, rage,
Staline ordonne même le massacre,
des milliers d’officiers, de sous-officiers,
sont abattus sans autre forme de procès,
un diktat du père des peuples et c’en est fait.
Après-guerre il ira jusqu’au simulacre,
faisant croire lors de la découverte du charnier,
à la seule culpabilité des allemands,
qui, pour cette vilenie, sont bien innocents,
eux, qui pendant la guerre avaient tant massacrés,
partout, en Pologne, Russie, dans les Balkans,
ternissant l’image du peuple allemand.
Katyn, tu restas si longtemps un mystère,
mais la vérité est venue à la lumière,
Hitler ou Staline, lequel des deux est le pire ?
Bien malin celui qui saura vraiment le dire.
Pour nous, ce n’est encore que la drôle de guerre,
qui frappe pourtant l’Alsace Moselle dans sa chair.
Premier septembre, les cloches sonnent à tout va,
demain il faut partir, partir vers l’inconnu.
Pire, deux heures pour ceux habitant au-delà,
au-delà de la Ligne, no mans land tout nu.
L’évacuation bien que très tôt préparée,
saisit d’effroi tous les habitants concernés.
Les évacués quittent ce qui leur est cher,
vers des régions au départ inhospitalières,
forcés d’abandonner maison, bétail, emploi,
plusieurs jours sur les routes, souvent sans un toit.
Une fois sur place, que dire de l’accueil,
ne parlant que le dialecte, quel écueil,
les premières semaines furent très dures,
mais mettez vous également à la place,
des hôtes, par ces gens envahis qu’ils furent.
Mais petit à petit, rompant enfin la glace,
tissant des liens nombreux et de plus en plus forts,
de nombreux couples lient ensemble leur sort.
Comme tout hiver, celui de trente-neuf est gris,
confiance et anxiété se défient,
la drôle de guerre règne sur le peuple,
Soldats, ligne Maginot forment un couple,
qui, neuf mois plus tard, en mai et juin quarante,
accouche d’une déroute si cinglante,
que presque tous croient que la guerre est finie,
que la victoire est dans le camp ennemi.
Ligne Maginot rimait pourtant avec brio,
les essais allemands de percée directe,
quels que soient les endroits, sont tous de vrais échecs.
Pour l’Etat-Major allemand, c’en est trop,
il contournera l’édifice si bien pensé,
en balayant toute notre belle armée.
Nos moyens aériens et de cavalerie,
disséminés tout au long de la frontière,
ne peuvent rien face à cette masse de fer,
Quelques unités ont bien contre-attaqué,
mille avions abattus par l’armée de l’air,
pourtant, c’est la défaite pour notre patrie.
Des milliers de morts et autant de blessés,
des milliers de prisonniers, d’évacués,
un pays ravagé, des familles dispersées,
une France à genoux, blessée et brisée,
le glas sonne quand l’armistice est signé.
Rares sont ceux qui entendent cette voix ferme,
qui, par radio, de Londres, met en germe,
un blé qui aura beaucoup de mal à mûrir,
et pour croître, verra tant et tant d’hommes mourir.
Peu de gens avaient la radio en ce temps,
des problèmes, il y en avait tellement,
au point que le futur appel historique,
fut ignoré dans cette vaste panique.
Pour tous les survivants et les évacués,
un seul mot d’ordre, retourner dans leur foyer,
foyer qu’ils retrouveront souvent dévasté.
Retour au foyer vidé, il n’y a plus rien !
Entre-temps, il y eut ce fatal mois de juin !
Juin quarante et la terrible débâcle !
No man’s land, pillards, soldats français, allemands,
tous se sont servis, tables, vaisselle, lits, bancs,
tout semble perdu, nul besoin d’un oracle !
Les nazis accueillent tous les évacués
avec musique, discours, drapeaux et oriflammes,
tous sont invités à la fête, hommes et femmes,
les gares alsaciennes sont toutes décorées,
aux couleurs nazies en cette folle fin d’été,
pour le retour de tant de familles dispersées.
L’Alsace et la Moselle deviennent hitlériennes,
et la peur une compagne quotidienne.
car les jours suivants, les nazis montrent leurs dents,
leur vrai visage, leur politique d’occupant.
Se dessinent deux catégories de Français,
les malchanceux, vivants en zone occupée,
et les chanceux, vivants en zone dite libre.
Deux sortes ? que non, plusieurs types de Français !
Les Français de Vichy, les Français occupés,
ceux des colonies, ceux ayant rejoints Londres,
et les oubliés, ni libres, ni occupés,
ces Alsaciens et une partie des Lorrains,
que la France a abandonnés sur le Rhin,
purement annexés par le Reich allemand.
Provinces, oh combien convoitées, tant et tant.
L’Alsace-Moselle change à nouveau de statut,
il faudra quatre ans pour retrouver le salut.
Mais, seuls, sur leur île, les Anglais résistent,
contre toute cette Europe fasciste,
Churchill leur a promis des larmes et du sang,
mais aussi la victoire en tenant leur rang.
La bataille d’Angleterre en est l’illustration,
courage, pugnacité et obstination,
l’Angleterre s’arc-boute derrière ces mots,
faisant face, seule, à tous ces sombres maux,
radars et Royal Air Force sont le bras armé,
de ce peuple à tout jamais déterminé,
sans lui, l’oppression pour toujours aurait gagné,
perdue la démocratie pour l’humanité.
Pour l’Europe continentale occupée.
c’est la perte totale de la liberté.
Racisme et surtout antisémitisme,
c’est l’époque tragique des grands schismes.
Rationnement, occupation, réquisition,
milice, marché noir, collaboration,
résistance, représailles, arrestations,
perquisitions, otages et déportations,
rafles, service du travail obligatoire,
pour la majorité, il n’y a plus d’espoir.
Juin quarante et un, Hitler, insatiable,
lâche son armée sur Ivan, l’allié d’hier,
l’avance rapide semble imparable,
la Wehrmacht atteint Moscou début de l’hiver.
Mais comme Napoléon, l’ogre allemand,
a trop sous-estimé l’immensité du pays.
C’est avec du sang que cette erreur se paye,
trop de sang, beaucoup trop de sang de pauvres gens,
malheureusement jamais le sang des tyrans.
Décembre quarante et un, c’est Pearl Harbor,
l’attaque surprise nippone sur ce port.
Blietzkrieg naval et l’expansion japonaise,
l’axe est à son apogée, pauvre monde !
Les forces du mal semblent invulnérables !
Les Etats-Unis entrent dans la fournaise,
leur puissance économique formidable,
et leur jeune armée entrent dans la ronde.
Cependant, en Russie, la Wehrmacht piétine,
les stratèges allemands font grise mine,
le Blietzkrieg se change en guerre de position,
pire, Stalingrad inverse les ambitions;
et la Wehrmacht mobilise de plus en plus.
elle a besoin de soldats, d’où qu’ils fussent.
Des Wagner, il y en eut de toutes sortes,
pour la musique, c’est Richard le génial,
et pour l’Alsace, hélas, Robert le bestial,
au point que lui et sa sinistre cohorte,
au fléau du choléra furent assimilés,
lui, les Kreisleiter et les N.S.D.A.P.
Robert Wagner, Gauleiter épouvantable,
eût l’inspiration fatale et coupable,
il organise l’incorporation des jeunes,
la Wehrmacht a grand besoin de cette manne,
Mais la Moselle ne pouvait être en reste,
dans cette ronde macabre et funeste,
elle eût Burkel, synonyme de peste.
Tous deux grands adorateurs du nouveau satan,
en bel hommage lui firent le don du sang,
non du leur bien sûr, mais bien celui d’innocents.
En août quarante-deux, ils les mirent en rang,
ceux nés en dix neuf cent vingt-deux, les tous premiers,
subirent cette incorporation forcée,
et pour qu’il n’y ait pas de jaloux, très vite,
on mêla, jeunes et vieux à ce nouveau rite.
Il faut dire que dans ce nouveau rituel,
les sacrifices humains étaient souvent mortels,
les champs de bataille changés en autant d’autels,
le monde n’avait jamais rien connu de tel.
On voit que les trois départements annexé,
par le malheur et l’horreur furent trop comblés.
Wehrmacht, Hitlerjugend und Bund Deutschermädchen –
das waren leider gar keine schöne Märschen
la déportation attend les récalcitrants,
pour ceux qui fuient, c’est au tour d’un proche parent,
dilemme cruel qui évite les désertions.
Cent trente mille Malgré-nous changés en pions,
disséminés dans les nombreuses divisions,
Panzer, Infanterie, Kriegsmarine, S.S., Luftwaffe, etc.
pour la très grande majorité sur le front russe,
beaucoup sont morts sous cet uniforme haï,
et presque autant dans les camps de prisonniers,
pensez à eux tous, qui qu’ils soient, quels qu’ils fussent;
morts pour une cause qui leur fut imposée,
leur vie fut gâchée et leurs idéaux trahis.
Certains sont morts pour défendre la liberté,
Et l’Alsace française, cette belle idée,
Dénoncés, emprisonnés, souvent torturés
Par certains miliciens, ces français dévoyés,
Qui, sans scrupule, les remettaient à la Gestapo.
Ils moururent fusillés contre un poteau,
Parfois sous un faux nom pour protéger les leurs,
Contre des représailles et bien d’autres malheurs!
D’autres, la majorité, sont morts dans le froid,
le froid sibérien, face à l’Armée Rouge,
les Russes ne connaissant qu’une seule loi,
vaincre Hitler en tuant tout ce qui bouge,
dès qu’il porte l’uniforme nazi haï,
but final des soldats et partisans unis.
Les Malgré-Nous portent cependant bel et bien,
tous, cet uniforme vert de gris hitlérien.
Les Russes ne font guère de différences,
entre Allemands, Alsaciens ou autres.
Les papiers dont ils disposent, qu’on y pense,
sont tous établis en allemand en outre.
Ah, pauvres Malgré-nous une fois prisonniers !
Comment prouver leur identité française,
car il y avait bien un très grand malaise,
aucun papier n’attestant cette qualité.
Malgré-nous partis malgré eux dans ces contrées,
à des milliers de kilomètres du foyer.
Comment leur prouver que l’on vient de France ?
Pourtant, c’était bien là, leur unique chance.
De plus, la plupart ne parlaient guère français,
et l’Alsace, personne ne la connaissait.
Ni Français, qui pour Allemands les prenaient,
ni Russes, cette région, comme on pense,
ne faisait pas partie de leurs connaissances !
Ils s’en fichaient bien, mettant tous les prisonniers,
et cela quelle que soit leur nationalité ;
Allemands, Alsaciens, Lorrains, Luxembourgeois,
et les autres dans les mêmes camps, quels qu’ils soient.
A force cependant, quelques regroupements,
un peu avec l’aide de la France libre,
firent que les alsaciens, dans un campement,
à Tambov, furent regroupés en grand nombre,
leurs conditions de vie s’améliorant un peu.
Un contingent de quinze cents élus heureux,
suite aux accords France libre et Russie,
purent rejoindre la France combattante,
beaucoup payant tribut à la mort gourmande,
changeant encore d’uniforme, ce fut leur vie,
FRANÇAIS – ALLEMAND – RUSSE – BRITANNIQUE – ET A NOUVEAU FRANÇAIS ET POUR CERTAINS AMERICAIN.
Un seul convoi, un seul et unique convoi,
les Russes ne respectant pas leur parole,
les autres prisonniers alsaciens, on le voit,
guettant la fin de cette guerre mondiale,
restant sur place car n’ayant pas d’autre choix.
Les désertions suscitées par l’adversaire,
étaient des actes qui se payaient très, très cher,
et dangereux dans tous les cas de figure :
le peloton d’exécution devant un vieux mur,
quand on se faisait prendre par les Allemands,
La torture, le coup de grâce par Ivan,
car une fois dans les lignes soviétiques,
le plus souvent il n’y avait plus d’éthique,
oubliés les messages doux et chaleureux,
appelant à la désertion ces malheureux.
Mais l’avance russe est inexorable,
la défaite des nazis devient palpable,
l’étau se resserre enfin sur l’ennemi,
et à l’ouest, le débarquement réussi
permet aux alliés d’ouvrir un second front,
mais les combats seront encore très durs et longs.
Dilemme cruel pour les Malgré-nous enrôlés,
obligés de se battre contre les alliés,
astreints de tirer contre les libérateurs,
sur la belle terre de France occupée,
par l’ennemi qui commence à prendre peur,
dont, malheureusement, certaines unités,
vont tuer, piller, dévaster et massacrer,
des centaines de pauvres civils désarmés.
“ Das Reich ”, ton ombre si maléfique plane,
honte sur toi et aussi la malédiction !
pour les crimes commis à Oradour sur Glane,
paisible et innocent petit village,
placé sur la route de cette division,
dont tous les habitants, quel que soit leur âge,
furent rassemblés, exécutés et brûlés,
les S.S. n’éprouvant aucune pitié.
Dilemme cruel pour les Malgré-nous enrôlés,
dans cette division, ils sont une poignée,
jeunes de dix-huit ans, noyés dans la masse,
obligés de participer bien malgré eux,
à cette barbarie, à ce sinistre feu.
Peut-on oublier, malgré le temps qui passe ?
Etre fait prisonnier, hantise ou désir ?
Si c’était par les Américains ou Anglais,
que désirer de mieux pour ces gens déchirés ?
Si c’était par les Russes, il valait mieux fuir,
mais c’était si souvent le hasard qui tranchait !
Morts, disparus, prisonniers ou bien rescapés,
tous vécurent un calvaire beaucoup trop long ,
soit en Russie soit ailleurs sur un autre front !
Mai dix-neuf cent quarante cinq, l’armistice !
Le retour au pays pour une majorité,
certains vécurent encore l’injustice,
car tous ne furent pas de sitôt libérés !
Les soviétiques libéraient les prisonniers,
au compte goutte, certains mourant sur place,
et d’autres retenus encore plusieurs années.
Détresse, solitude, maladie, et mort,
tels furent dans cet immense pays de glace,
leurs maux et leur bien triste et tragique sort.
Tous les malgré-nous ont tôt fait de découvrir,
les rescapés et ceux qui vont encore périr,
le vrai visage du paradis soviétique,
écrasant tout et sans aucune distinction,
chez l’homme, le mental aussi bien que le physique,
les idéaux, la liberté, la compassion.
Après la guerre, que sont-ils tous devenus ?
Fort heureusement, beaucoup en sont revenus,
Certains blessés, d’autres mutilés, tous choqués,
Marqués, hantés à tout jamais par cette vie.
Longtemps, ils auront du mal à la raconter,
Se sentant mal aimés et surtout incompris
Par la France qui les avait abandonnés
Après cette défaite épouvantable,
Et qui, une fois que la victoire eut sonné,
Envers eux se montrait fort peu charitable,
Les suspectant le plus souvent de trahison,
Leur reprochant, à eux, rétroactivement,
D’avoir été, par elle, laissés aux allemands,
Personne ne s’embarrassant de leur opinion !
Libérés au compte goutte, souvent très tard,
Chacun a essayé de reprendre sa vie,
Cette vie, par le destin tant bouleversée,
Comme s’il leur refusait leur très juste part.
Chacun a essayé de reprendre sa vie,
Cette vie, par le destin tant bouleversée,
Comme s’il leur refusait leur très juste part.
Beaucoup d’entre eux sont morts prématurément,
leurs pauvres organismes ayant endurés,
souffrances et privations quotidiennement,
manque de compréhension une fois rentrés,
par la nation qui les avait abandonnés,
les suspectant souvent même de collusion,
avec l’ennemi qui les avait annexés,
ne leur portant pratiquement pas d’attention.
Ils eurent tous beaucoup de mal à en parler,
sentant bien l’incompréhension à tout le moins,
chez tous nos concitoyens du tout concernés,
par cette tragédie vécue le long du Rhin.
Les Malgré-nous ont subi la double peine,
par la France ils ont été abandonnés,
puis incorporé par un régime de haine,
soumis à cet épouvantable dilemme,
y souscrire ou mettre en danger ceux qu’on aime,
car il n’y avait pas moyen d’y échapper !
Dans ce malheur, il y avait encore pire !
Pour les habitants de Schirmeck que peut-on dire ?
Tout comme ceux des villages environnants !
Haute vallée de la Bruche, un peu isolée,
région contre Belfort par la France cédée,
en 71, lors du traité infamant !
Toute cette contrée ne parlait que français,
enclave francophone versant alsacien,
vivant avec us et coutumes des vosgiens.
Devenant allemande officiellement !
Mais en 42, pour les nazis justement,
ils furent aussi incorporés sans délai,
et subirent, eux, non pas la double peine,
mais la quadruple, le malheur se déchaîne !
Rendez-vous compte, dans l’armée allemande ! 10
Sans connaître un seul mot de cette langue !
Il faut qu’aux ordres, très vite, on réponde !
Vos certitudes, vos connaissances tanguent !
Que faire ? Le malheur s’est emparé de vous !
Comment y échapper ? C’est à devenir fou !
Pire ! Certains, probablement, l’indicible,
auront bien plus vécu, une fois prisonnier,
car comment cette situation expliquer,
aux alliés, surtout aux forces françaises,
qui pour des L.V.F. les prendront aisément,
le peloton d’exécution, ses bras, leur tend,
situation qui vous met si mal à l’aise !
Preuve par le français de ce grand malaise,
qui frappa et l’Alsace et la Moselle,
prises toutes les deux dans ce piège mortel !
Beaucoup, heureusement eurent la grande joie,
moins de dix ans après ce grand cataclysme
de voir l’Europe naître et changer de voie,
adoptant un nouveau et bon catéchisme,
la paix et l’unité dans la diversité,
les anciens adversaires enfin réconciliés,
Strasbourg, ville symbole devenant capitale,
l’avenir semble plus rassurant, c’est vital.
Tous ont participé à ce nouveau défi,
S’intégrer dans cette nouvelle société,
Vivre, même s’ils ne purent jamais oublier !
A la mémoire de tous les morts, fusillés, disparus, torturés, blessés, internés, prisonniers, survivants Malgré-nous, incorporés de force pour l’immense majorité d’entre eux dans l’armée allemande à partir de 1942, dans les Waffen SS en 1943 et ce jusqu’en 1945, sans qu’on ne leur demande ni leur avis, ni leur accord.
Merci à ceux qui par leur histoire personnelle m’ont fait connaître cette tragédie humaine vécue par toutes les familles alsaciennes et mosellanes, ignorée par la grande majorité de nos compatriotes et que la plupart d’entre eux nous reproche sans se renseigner plus avant.
Pierre BLAES (06 36 93 86 50)
Merci pour ces mots touchants, si bien écrits et dits, tellement vrais !! Ma famille a été sévèrement touchée, comme toutes les familles alsaciennes. J’en ai pleuré…