« Pèle­ri­nage Tambov » en Russie en août 2016 – Cinq jeunes d’Ora­dour-sur-Glane feront partie du groupe de jeunes

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L’as­sem­blée géné­rale de l’as­so­cia­tion « Pèle­ri­nage Tambov » qui s’est tenue dimanche à Sessen­heim a évoqué le départ de 45 pèle­rins pour un séjour en Russie du 20 au 27 aout. Précédé par la réha­bi­li­ta­tion du site d’in­hu­ma­tion par 15 jeunes Alsa­ciens et Lorrains (Stéphane et David) avec en plus, grande nouveauté, cinq jeunes venant d’Ora­dour-sur-Glane.

C’était un très ancien souhait de Charles Gant­zer, un des fonda­teurs de l’as­so­cia­tion dans les années 90. Lui, l’an­cien Malgré-Nous, avait voulu qu’a­près la récon­ci­lia­tion avec les Russes, l’as­so­cia­tion puisse contri­buer à une récon­ci­lia­tion franco-française. Elle l’avait fait en se rendant sur place à Pâques 1997, faci­li­tant la venue de Roland Ries comme maire de Stras­bourg lors de la commé­mo­ra­tion de juin de la même année. » Nous les jeunes, on est au delà des rancœurs des années 50. On en va pas refaire le procès de Bordeaux ! » a affirmé Éric Seyfried, respon­sable du groupe des jeunes avec Thomas Eckart.

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Sauve­gar­der ce lieu de mémoire aussi loin­tain soit-il.

Du camp sovié­tique de Tambov, à 500 km envi­ron de Moscou, il ne reste rien. Rien des barques semi-enter­rées ou des autres bâti­ments, infir­me­rie, morgue… Une forêt de bouleaux qui poussent sur les 55 tombes collec­tives conte­nant chacune les restes de 25 soldats français d’Al­sace et de Moselle, faits prison­niers alors qu’ils portaient sous la contrainte l’uni­forme alle­mand. Mais depuis que l’as­so­cia­tion a décidé il y a plus de 20 ans de réha­bi­li­ter le site d’in­hu­ma­tion d’en­vi­ron 2000 morts Alsa­ciens-Mosel­lans, la forêt est tenue à distance de ce paysage marqué par des traces symbo­liques de ce lieu de souf­france. Fils ou pères de famille partis parce qu’ils voulaient éviter que les repré­sailles de la Sippen­haft (mesures répres­sives allant jusqu’à la dépor­ta­tion) ne soit infli­gées à leurs proches… Les efforts de l’as­so­cia­tion sont faits «  pour que le sacri­fice de nos pères ne tombe pas dans l’ou­bli ».
Une volonté, parfai­te­ment comprise par les parte­naires russes, muni­ci­pa­li­tés et guides et traduc­teurs qui appré­cient les Fran­zous­kis. Parmi les stèles, celle inau­gu­rée par l’an­cien secré­taire d’Etat aux anciens combat­tants Jean Paul Masse­ret en 1998 en présence de Philippe Richert, des croix et des plaques nomi­na­tives placée à l’ins­ti­ga­tion de l’as­so­cia­tion par les famil­les…

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La réunion a été émaillée de films dont l’un sur la recons­ti­tu­tion du camp en 3D faite par l’as­so­cia­tion luxem­bour­geoise des incor­po­rés de force et un sur la libé­ra­tion des 1500 et l’échange de prison­niers russes faits par les Alle­mands en France. Une partie des quelque 150 membres étaient là ainsi que des invi­tés dont Anne Sanders, dépu­tée euro­péenne, le colo­nel Domi­nique Jagot repré­sen­tant le Souve­nir français et Robert Metz, maire de Sessen­heim, commune qui perdit 23 hommes incor­po­rés de force. Le maire rendit hommage à Georges Ruffe­nach, un des nombreux Malgré-Nous de la commune et le dernier prison­nier du camp de Tambov à être rentré en 1947. Alphonse Troest­ler, ancien délé­gué à la mémoire de la Région Alsace, cita du Mur des Noms qui listera toutes les victimes alsa­ciennes.

Régis Baty a tenu un stand pour propo­ser son livre « Tambov, camp sovié­tique 1942–1946 » , paru en 2011 suite à sa thèse sur « les prison­niers français en URSS entre 1940 et 1945 » et qui conti­nue d’in­té­res­ser des lecteurs. Quant à Claude Herold, le cher­cheur a été féli­cité par Marlène Dietrich et Charles Sandrock, tréso­rier, pour ses recherches béné­voles sur les parcours d’in­cor­po­rés de force à la demande des familles. Claude Herold a profité de la présence d’Al­phonse Troest­ler pour lui poser la ques­tion des enga­gés volon­taires dans la Wehr­macht: « J’ai le cas de deux jeunes dont le père était pro-nazi et qui n’étaient pas eux de vrais volon­taires. Leurs noms ne seront pas sur le Mur des Noms? » L’an­cien délé­gué à la Mémoire de la région Alsace a répondu que seuls les Alsa­ciens ayant la mention « Mort pour la France » sont recen­sés par le Minis­tère de la Défense et donc rete­nus pour le futur Mur des Noms au Mémo­rial de l’Al­sace Moselle à Schir­meck sur lesquels ne seront gravés que les noms des victimes. Alphonse Troest­ler, sans rentrer dans ce débat, a toute­fois reconnu que « 70 ans après il faudrait recen­ser toutes les banques de données car il y a des incor­po­rés de force qui sont décé­dés durant la guerre et leurs parents aussi, ce qui fait que personne n’avait demandé l’ou­ver­ture d’un dossier « Mort pour la France »…

En mati­née, la réunion avait été intro­duite par un culte œcumé­nique mis en valeur par la chorale Sainte-Cécile de la paroisse. La prési­dente Marlène Dietrich qui parti­ci­pera une nouvelle fois au pèle­ri­nage à Tambov, Kirsa­nov et Morshansk s’est réjouie. Car « cette année encore la relève est assu­rée! » L’été 2014, les jeunes avaient même du tronçon­ner des arbres pour que le site soit acces­sible et digne de la ferveur des pèle­rins. Deux parti­ci­pants du séjour de travail de l’été 2016 étaient à Sessen­heim, Vincent et Caro­line. Pour la jeune femme de 35 ans, « c’est en mémoire de mon grand-oncle, frère de mon grand-père et parrain de mon papa, mort à Tambov, que j’irai en Russie »

Marie Goerg-Lieby

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Hubert Meyer, ancien de Tambov, avec Anne Sanders.

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La délé­ga­tion du groupe de jeunes qui se rendra à Tambov en août prochain.

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