Le 4 janvier 2018, nous apprenions par la presse qu’une stèle en l’honneur de la 17e SS-Panzergrenadier-Division avait été érigée dans le pays de Bitche dans un champ appartenant à un Allemand.
Stupeur, émotion et indignation.
Je suis particulièrement indignée, car je n’oublie pas les événements du 25 juin 1943 à Sarreguemines, lors de l’incorporation de force de 1250 jeunes originaires de cette ville et du pays de Bitche.
Ce jour-là, toute la population s’est révoltée et s’est dressée contre l’oppresseur avec pour seule arme : « La Marseillaise ».
Il y eu une journée d’émeute. Cette manifestation fut réprimée avec violence par la police militaire allemande, aidée par des renforts venus de Sarrebruck (capitale du Gau Westmark dont faisait partie la Moselle) (**).
Les jeunes gens furent appréhendés et conduits par les armes à la caserne. Les mères et les soeurs furent bastonnées sans ménagement.
Ce fut une véritable rafle. Les appelés furent envoyés sur le front de l’Est en première ligne et beaucoup d’entre eux ne revinrent jamais.
C’est pourquoi cette stèle est une véritable provocation et une insulte à la mémoire de nos 40 000 morts.
Le procureur de la République de Sarreguemines a réagi rapidement et de manière appropriée :
- Il a fait enlever la stèle en marbre noir posée sur un socle de 600 kgs qu’il est difficile de transporter dans une valise ! Cela prouve qu’il ne s’agit pas d’un geste isolé de fêtards éméchés qui s’ennuient le dimanche. Nous sommes en présence d’une organisation structurée qui n’a pas renoncé à la domination de l’Europe par la race aryenne.
- Et il a ouvert une enquête pour apologie de crime contre l’humanité. J’ai immédiatement porté plainte en ce sens. Et j’attends le procès.
La Police criminelle allemande, connue pour son efficacité, a identifié le coupable, mais ne l’a pas arrêté à ce jour. Il court, il court le furet…
Peut-être lassé du tam-tam médiatique, le jeune homme est-il parti se reposer dans « un hôtel propret à la Grande Canarie » (***) ou en Amérique du Sud ? Et, dans quelque temps, en bon Allemand discipliné et respectueux des lois, aurons-nous le plaisir d’apprendre son retour et sa présentation devant les services de la Police criminelle de la Sarre.
Dommage que le « Maigret » allemand, le commissaire Derrick, alias Horst Tappert, ancien de la Waffen-SS, soit décédé. Aucun criminel ne lui échappait. Il connaissait les réseaux d’entraide des délinquants en fuite.
73 ans après la guerre, nous pensions en avoir fini avec le nazisme, ses oripeaux, ses délires, sa barbarie. Il n’en est rien. Le nazisme est un feu qui couve sous la cendre.
Depuis des décennies, l’Allemagne combat le nazisme avec des mots, des déclarations lénifiantes. Les mots ne suffisent pas. Il faut des actes et il devient urgent de reconnaître l’incorporation de force comme crime contre l’humanité.
Tant que l’Allemagne ne mettra pas en oeuvre « la pédagogie de la repentance », les groupes néo-nazis (ex : Reichsbürger) continueront à fleurir.
Aussi, devons nous être des « voisins vigilants » de l’Allemagne pour éviter aux générations futures les horreurs qu’ont vécu nos parents et dont nous portons les stigmates. C’est mon voeu le plus cher.
Renée Baudot
- Notes
(*) Prusse : dans ses mémoires, le chancelier W. Brandt rapporte que le général De Gaulle employait le terme de Prusse pour désigner l’Allemagne de l’Est. Berlin étant redevenue la capitale de l’Allemagne réunifiée, à mon tour de parler de Prusse.
(**) La Sarre ne restera pas dans l’Histoire comme un bastion de la résistance au nazisme. Willy Graf, l’étudiant membre du mouvement de résistance de la « Rose Blanche » habitait Sarrebruck, mais ses parents n’étaient pas sarrois.
(***) Selon les termes d’un Allemand fin connaisseur du tourisme idéologique.