Raymond Blum (portrait ci-contre) est né en 1925. Il a été incorporé de force le 22 mai 1943 et il est décédé près de Varsovie le 9 février 1944. En 2022 il a été inscrit sur le monument aux morts de Roeschwog.
Il avait un « Notiz Buch » qu’il a commencé le jour de son départ le 22 mai en français et il s’arrête en septembre.
La première étape était Detmold, où ils sont restés jusqu’en septembre d’après le Wehrpass. Ensuite la troupe est partie vers le nord dans un pays « où coule le lait et le miel » comme il l’a écrit sur une carte.
Son frère, Constant, est né en 1927. Il a été incorporé début 1944 mais il a gagné 6 mois car notre père, receveur des PTT, lui a trouvé une place d’apprenti au service technique des PTT à Karlsruhe. Nous habitions Roeschwog de 1937 à 1947. Lorsqu’il a été incorporé, il s’est proposé comme aide-infirmier et n’a jamais combattu. A l’avancée des troupes russes, il s’est enfui et a réussi, grâce à son peu d’anglais, à se faire embarquer par les Américains. Après bien des péripéties, nous l’avons retrouvé en gare de Strasbourg le 23 mai 1945.
Dans ses mémoires, il a relaté son périple dont voici quelques détails : Au bout des 6 mois d’apprentissage à Karlsruhe, il a reçu l’ordre d’enrôlement dans le RAD vers septembre /octobre 44. Un groupe d’Alsaciens partis de Haguenau a été envoyé dans un camp à Kirchhasel, en Thuringe, où il s’est proposé comme aide-infirmier, puis plus tard « radio »pour rédiger les communiqués de la Wehrmacht. Il a été plusieurs fois envoyé à Weimar ou à Iéna pour chercher des médicaments. Il n’avait pas de préparation militaire à faire…
Au bout de quelques mois, les Russes approchaient de Berlin et par peur d’être pris par eux, une partie des homme du camp et leurs officiers ont fui vers l’ouest car, en plus, Hitler battait le rappel pour défendre Berlin. Ceux qui restaient sont alors partis plus tard à vélo vers le sud et au bout d’un certain temps sont arrivés en Tchécoslovaquie, puis en Autriche où ils ont été surpris par les Américains. Grâce à l’anglais sommaire de Constant, ils ont été embarqués par eux et conduits dans un camp du RAD vide où ils ont trouvé des habits civils. Puis des prisonniers de la Wehrmacht sont arrivés parmi lesquels une dizaine d’Alsaciens. Après quelques jours, Constant avec ces Alsaciens en civil ont réussi à s’enfuir de ce camp et ont poursuivi leur route vers l’ouest. Ils ont été rattrapés par les Américains qui les ont transférés aux Français. Un officier lorrain, qui a testé leur identité, les a déposés dans une localité où se trouvaient des gens de différentes nationalités.
Au bout d’une semaine ou deux, le groupe a été emmené par les Français près de Regensburg où ils ont été repris en main par les Américains qui les embarquèrent dans un train pour Metz. Là, démobilisés et désinfectés au DDT, leur groupe est arrivé en gare de Strasbourg – où nous nous trouvions heureux hasard – le 23 mai 1945 !
Monique Lacoume
- Documents concernant Raymond Blum
Fiche de la Région Alsace :
- CAEN – Fichier des Incorporés De Force (IDF) « Morts Pour La France » (BAVCC-Caen) – version de 2005
- CAEN3 – Fichier des Incorporés De Force (IDF) « Morts Pour La France » (BAVCC-Caen) – version de 2007