Jacqueline REBERT née le 12 octobre 1925 à Richwiller, épouse d’Antoine SCHAUB, a été incorporée de force à l’âge de 19 ans, du 16 novembre 1944 au 25 avril 1945, directement dans la LUFTWAFFE, et affectée avec une camarade du lycée à l’aérodrome de SCHONGAU, sur la rive occidentale du Lech en Haute- Bavière – Allemagne. (Devant le besoin croissant d’effectifs, les incorporés sont dispensés du RAD (service du travail obligatoire) de six mois.)
Elle parlait avec pudeur de l’arrachement à sa famille, ses amis et sa région, de la discipline militaire en camp, de ses angoisses. Bien sûr, elle avait espéré échapper à l’incorporation, et avait même songé à vivre dans la clandestinité.
Intégrée dans un camp, elle a suivi une petite formation en mécanique, afin de pouvoir avec ses compagnes, être chargées lors du retour de mission des avions, de leur nettoyage intérieur et extérieur, ainsi que de leur remise en état pour les raids du lendemain (nettoyage du moteur, changement d’huile…). Elles travaillaient aussi durement pour la défense des champs d’aviation en creusant des fossés pour empêcher les chars ennemis d’accéder aux avions, et procédaient au déneigement des pistes. L’hiver fut rude.
Tous les jours, elles marchaient 6 km du camp (hébergement dans des baraques) à l’aérodrome, souvent dans la neige. Les vêtements mouillés n’avaient pas le temps de sécher durant la nuit, et le lendemain elles les remettaient humides. Jacqueline a eu les jambes gelées, et en a gardé des séquelles.
De ce contexte éprouvant, Jacqueline a gardé des points positifs : la découverte d’une région et la beauté des paysages, la connaissance de la famille Ingler de Schongau qui a montré de la bienveillance envers les Alsaciennes, et surtout une belle et solide amitié est née entre Jacqueline et Hélène Kuentz-Ardelean.
A l’arrivée des Américains, les jeunes femmes incorporées de force étaient inquiètes sur leur sort car elles portaient l’uniforme allemand. Si elles leur parlaient en Français, comprendraient-ils leur statut ?
Dans le train de retour de la guerre, elle a retrouvé Robert MURA. Comme le train ne s’est par arrêté en gare de Richwiller, ils ont sauté du train dans la forêt de Lutterbach.
A ces souvenirs douloureux gardés au fond de soi, à cette blessure de l’âme, s’est rajoutée la souffrance de ne pas voir les femmes reconnues en tant que combattante de guerre. Elle a effectué des démarches en ce sens pendant plusieurs années. Décédée le 5 janvier 1994, elle n’a malheureusement pas vécu assez longtemps pour voir la reconnaissance de sa qualité d’incorporée de force dans l’armée allemande, selon certificat daté du 13 juillet 1994.