Soeur Hélène Studler est née en 1891 à Amiens dans une famille d’optants ayant quitté l’Alsace après la défaire de Sedan. Une famille catholique animée de forts sentiments patriotiques.
A l’adolescence, la jeune fille décida, en accord avec ses parents, d’entrer chez les religieuses de Saint-Vincent-de-Paul pour se consacrer aux malades.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, soeur Hélène dirigeait à Metz l’hospice Saint-Nicolas situé près de la gare. Elle ne se contenta pas de soigner les soldats français au Frontstalag de Metz, elle créa, avec les autres religieuses de l’hospice, une filière d’évasion qui s’appuyait sur les familles messines connues pour leur francophilie; les fermes des alentours, les femmes qui bénéficiaient d’un Dienstausweis pour travailler en Meurthe-et-Moselle, les cafés installés le long de la frontière, les cheminots, le clergé.
Les prisonniers évadés arrivant à Metz découvraient une ville qu’ils avaient du mal à imaginer. En effet, après l’annexion, en violation de la convention d’armistice, les nazis mirent en place une administration civile avec une germanisation intense. La langue française fut interdite, les noms des villes, des villages, des rues furent modifiés à la gloire des maîtres du jour. A la gare, la Reichsbahn vendait des billets payables en Reichsmarks. L’ancienne frontière dictée par le Traité de Francfort de 1871 fut unilatéralement rétablie avec l’installation de postes de douane. Les filières d’évasion avaient des points forts comme Novéant et Arnaville qui furent surnommées « Porte de France ».
A Metz, le nom de soeur Hélène était synonyme de liberté. Son nom était connu jusque dans les stalags de prisonniers. Ce qui n’était pas sans danger.
Elle fut arrêtée le 4.2.1941 et condamnée à un an de prison pour ses activités (transport de courrier, aide aux évadés). Sa peine ayant été suspendue, elle retrouva la liberté et repris ses activités dès août 1941.
En février 1942, la pression allemande grandissant (les Allemands avaient réquisitionné une partie de l’hospice où ils logeaient des officiers et des soldats), elle passa clandestinement la frontière pour aller à Lyon à l’hospice Saint-Joseph où elle continua ses activités. Puis elle fut obligée de se réfugier à Clermont-Ferrand où elle mourut, épuisée, en novembre 1944.
Son corps fut ramené à Metz en 1946 où plus de 100 000 personnes vinrent s’incliner devant sa dépouille, dont le général Giraud : soeur Hélène avait organisé son évasion de la prison de Königstein.
On estime à environ 2000 le nombre de personnes aidées par les filières de cette religieuse. Parmi les personnalités qui bénéficièrent de cette aide, on peut citer l’académicien André Frossard et François Mitterand. Elle est une des rares femmes a avoir créé son réseau de résistance.
Pour son action, elle fut décorée de la Légion d’honneur et de la croix de Guerre avec palmes. Les Messins ne l’ont pas oubliée. Un square porte son nom.
Telle la Vierge de Miséricorde, elle a accueilli et protégé, « sous son manteau », les fugitifs, les persécutés, les affamés de justice, les évadés, les réfractaires à l’incorporation de force. Sous le nazisme et son paganisme satanique, forte de l’enseignement de l’Eglise, cette fille de la Charité n’avait qu’un seul guide (Führer) (1): Dieu tout-puissant. Soeur Hélène était la « femme forte » dont parle le Livre des Proverbes, celle qui surveille les allées et venues de sa maison !
Soeur Hélène avait un courage exceptionnel ; ce n’était pas un courage de femme, mais un courage d’homme.
Puissions-nous suivre son exemple pour mener nos combats.
Note : (1) Allusion à l’appel lancé par l’archiprêtre Eugène Berthel, de Sarreguemines, lors d’une procession eucharistique lors de la fête du Sacré-Coeur en juin 1941 : » Nous n’avons qu’un seul Führer : notre Seigneur Jésus-Christ « . Il fut ensuite expulsé de Moselle par les nazis le 28 juillet 1941. Voir E. Heiser, La tragédie lorraine, t. II, 1979, p.155–157 et p.158 pour les paroles courageuses, mais peu prudentes, de l’abbé Jean Fourny.
Pour en savoir plus : http://soeurhelene.blogspot.fr d’où provient le portrait.