SOEUR HELENE STUDLER, UNE RELIGIEUSE DANS LA RESISTANCE

Commentaire (0) Ce qu'il pouvait en coûter de ne pas se soumettre à l'ordre nazi

 

img195.jpg Soeur Hélène Stud­ler est née en 1891 à Amiens dans une famille d’op­tants ayant quitté l’Al­sace après la défaire de Sedan. Une famille catho­lique animée de forts senti­ments patrio­tiques.
A l’ado­les­cence, la jeune fille décida, en accord avec ses parents, d’en­trer chez les reli­gieuses de Saint-Vincent-de-Paul pour se consa­crer aux malades.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, soeur Hélène diri­geait à Metz l’hos­pice Saint-Nico­las situé près de la gare. Elle ne se contenta pas de soigner les soldats français au Fronts­ta­lag de Metz, elle créa, avec les autres reli­gieuses de l’hos­pice, une filière d’éva­sion qui s’ap­puyait sur les familles messines connues pour leur fran­co­phi­lie; les fermes des alen­tours, les femmes qui béné­fi­ciaient d’un Diens­taus­weis pour travailler en Meurthe-et-Moselle, les cafés instal­lés le long de la fron­tière, les chemi­nots, le clergé.

Les prison­niers évadés arri­vant à Metz décou­vraient une ville qu’ils avaient du mal à imagi­ner. En effet, après l’an­nexion, en viola­tion de la conven­tion d’ar­mis­tice, les nazis mirent en place une admi­nis­tra­tion civile avec une germa­ni­sa­tion intense. La langue française fut inter­dite, les noms des villes, des villages, des rues furent modi­fiés à la gloire des maîtres du jour. A la gare, la Reichs­bahn vendait des billets payables en Reichs­marks. L’an­cienne fron­tière dictée par le Traité de Franc­fort de 1871 fut unila­té­ra­le­ment réta­blie avec l’ins­tal­la­tion de postes de douane. Les filières d’éva­sion avaient des points forts comme Novéant et Arna­ville qui furent surnom­mées « Porte de France ».

A Metz, le nom de soeur Hélène était syno­nyme de liberté. Son nom était connu jusque dans les stalags de prison­niers. Ce qui n’était pas sans danger.
Elle fut arrê­tée le 4.2.1941 et condam­née à un an de prison pour ses acti­vi­tés (trans­port de cour­rier, aide aux évadés). Sa peine ayant été suspen­due, elle retrouva la liberté et repris ses acti­vi­tés dès août 1941.

En février 1942, la pres­sion alle­mande gran­dis­sant (les Alle­mands avaient réqui­si­tionné une partie de l’hos­pice où ils logeaient des offi­ciers et des soldats), elle passa clan­des­ti­ne­ment la fron­tière pour aller à Lyon à l’hos­pice Saint-Joseph où elle conti­nua ses acti­vi­tés. Puis elle fut obli­gée de se réfu­gier à Cler­mont-Ferrand où elle mourut, épui­sée, en novembre 1944.

Son corps fut ramené à Metz en 1946 où plus de 100 000 personnes vinrent s’in­cli­ner devant sa dépouille, dont le géné­ral Giraud : soeur Hélène avait orga­nisé son évasion de la prison de König­stein.
On estime à envi­ron 2000 le nombre de personnes aidées par les filières de cette reli­gieuse. Parmi les person­na­li­tés qui béné­fi­cièrent de cette aide, on peut citer l’aca­dé­mi­cien André Fros­sard et François Mitte­rand. Elle est une des rares femmes a avoir créé son réseau de résis­tance.

Pour son action, elle fut déco­rée de la Légion d’hon­neur et de la croix de Guerre avec palmes. Les Messins ne l’ont pas oubliée. Un square porte son nom.

Telle la Vierge de Misé­ri­corde, elle a accueilli et protégé, « sous son manteau », les fugi­tifs, les persé­cu­tés, les affa­més de justice, les évadés, les réfrac­taires à l’in­cor­po­ra­tion de force. Sous le nazisme et son paga­nisme sata­nique, forte de l’en­sei­gne­ment de l’Eglise, cette fille de la Charité n’avait qu’un seul guide (Führer) (1): Dieu tout-puis­sant. Soeur Hélène était la « femme forte » dont parle le Livre des Proverbes, celle qui surveille les allées et venues de sa maison !
Soeur Hélène avait un courage excep­tion­nel ; ce n’était pas un courage de femme, mais un courage d’homme.

Puis­sions-nous suivre son exemple pour mener nos combats.

Note : (1) Allu­sion à l’ap­pel lancé par l’ar­chi­prêtre Eugène Berthel, de Sarre­gue­mines, lors d’une proces­sion eucha­ris­tique lors de la fête du Sacré-Coeur en juin 1941 :  » Nous n’avons qu’un seul Führer : notre Seigneur Jésus-Christ « . Il fut ensuite expulsé de Moselle par les nazis le 28 juillet 1941. Voir E. Heiser, La tragé­die lorraine, t. II, 1979, p.155–157 et p.158 pour les paroles coura­geuses, mais peu prudentes, de l’abbé Jean Fourny.

Pour en savoir plus  : http://soeu­rhe­lene.blog­spot.fr d’où provient le portrait.

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