Sur les traces d’un père mort à Tambov

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Cime­tière n° 7 et tombe n° 26. Après bien des recherches, Charles Sandrock a retrouvé où était enterré son père, incor­poré de force. Depuis, il parti­cipe acti­ve­ment à l’or­ga­ni­sa­tion de pèle­ri­nages et à l’en­tre­tien du site.

Pour certaines personnes, il est très impor­tant de garder intacte la mémoire fami­liale. C’est ce travail que réalise au quoti­dien Charles Sandrock. Lorsqu’il en parle, il est très ému.
Charles est né en 1944. Son père Joseph, qui était né en 1912, est mort au camp de prison­niers à Tambov en 1945. Il a été enterré dans la forêt de Rada comme beau­coup d’in­cor­po­rés de force.
En 1993, un ancien incor­poré de force, Charles Gant­zer retourne à Tambov en Russie et revoit l’em­pla­ce­ment de l’an­cien camp où il avait été empri­sonné durant 20 mois. La décou­verte de l’en­clave fores­tière de l’an­cien camp fut très émou­vante. Mais l’ab­sence de signes de réfé­rence sur ces lieux de martyr fut insup­por­table pour l’an­cien soldat.
De retour en France, il crée avec Henri Stoe­cklé et Charles Klein, l’as­so­cia­tion Pèle­ri­nage Tambov. En 1995, une centaine de personnes se rend à Tambov. Ce premier pèle­ri­nage a créé le choc néces­saire pour enta­mer la réali­sa­tion d’un cime­tière digne de ce nom, appelé carré français à l’en­droit des fosses communes dans la forêt de Rada où des milliers d’Al­sa­ciens et de Mosel­lans sont enter­rés.
Cet endroit sera offi­ciel­le­ment inau­guré en 1996 et tous les deux ans un pèle­ri­nage est orga­nisé par l’as­so­cia­tion. Des jeunes Alsa­ciens et Mosel­lans ainsi que des jeunes d’Ora­dour-sur-Glane nettoient régu­liè­re­ment ces lieux.

« J’ai toujours voulu savoir où avait été enterré mon père. A la maison, c’était un sujet tabou »

Charles Sandrock, de son côté, a effec­tué des recherches et décor­tiqué les archives russes. « J’ai toujours voulu savoir où avait été enterré mon père, car à la maison, c’était un sujet tabou, on ne parlait pas de Tambov, personne n’en parlait et ma mère n’a pas cher­ché. » Charles a fini par apprendre, par sa mère, que son père était enterré à Tambov.
« Ayant lu un article dans le jour­nal concer­nant l’as­so­cia­tion Pèle­ri­nage Tambov, j’ai parti­cipé en 2008 au voyage à Tambov. Mais à l’époque je n’avais pas d’in­di­ca­tion de tombe. Nous sommes arri­vés dans cette forêt et chose étrange, c’était le silence absolu, on n’en­ten­dait pas un seul oiseau, et je me suis dit : mon père est là quelque part… »

Tous les deux ans, nous sommes envi­ron 45 pèle­rins et envi­ron 15 à 20 jeunes adultes qui vont à Tambov

Depuis, Charles Sandrock et Alice, son épouse, sont deve­nus des membres actifs de l’as­so­cia­tion et orga­nisent à leur tour les pèle­ri­nages tous les deux ans.
En 2010, un histo­rien russe lui montre sur le terrain mili­taire, le cime­tière n° 7 et la tombe n° 26 qui est celle de son père. Il lui montre égale­ment les fosses communes des autres Malgré- nous dont les noms ont été retrou­vés.
En 2012, le cime­tière était nettoyé. Charles et sa sœur y ont mis des plaques d’iden­ti­fi­ca­tions.
« Tous les deux ans, nous sommes envi­ron 45 pèle­rins et envi­ron 15 à 20 jeunes adultes qui vont à Tambov pour nettoyer l’en­droit avec du maté­riel prêté par des béné­voles russes. »
Et Charles Sandrock complète : « Les jeunes sont toujours très touchés en voyant ces tombes. Certains étaient au bord des larmes lors de l’hom­mage rendu. Ils font un travail formi­dable en nettoyant cet endroit dans cette forêt. Ils y ont appris une partie de notre histoire ».

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