C’est une somme que nous offre ici Marc Trossen. Une somme d’informations sur les enrôlés de force luxembourgeois. Le lecteur alsacien ou mosellan, plongé dans cet ouvrage, ne sera certes pas dépaysé tant les points communs avec les déportés militaires français sont nombreux, mais pourtant… Sur 1240 pages, l’auteur aborde de nombreuses thématiques, sur la base de témoignages et de plus de 750 illustrations, pour faire le point sur ce que fut réellement ce crime de guerre au Luxembourg. Parmi les questions évoquées, citons celle la présence de déserteurs au sein de la Résistance française, dans l’Armée Rouge, celle de Patton, la Royal Air Force, les Forces Françaises Libres ou la Légion Etrangère. Autre question abordée : pour quelle raison n’y a-t-il eu aucun Luxembourgeois libérés au moment de la libération des « 1500 » du camp de Tambov-Rada ?
L’ouvrage s’intéresse aussi aux engagés volontaires et aux collaborateurs, sujets délicats et à polémique. Certains historiens avancent, par exemple, le total de 2000 volontaires luxembourgeois en se fondant sur les chiffres officiels nazis. Mais qu’en est-il en vérité ? Et peut-on vraiment affirmer que tous les Luxembourgeois enrôlés dans la SS étaient des volontaires ?
Marc Trossen brosse un tableau nuancé de l’incorporation forcée et de l’engagement volontaire, mettant à mal plusieurs clichés bien ancrés dans certains esprits. Il montre aussi que l’incorporation de force est un crime de guerre à l’échelle européenne. Pour terminer, il convient de souligner la richesse de l’iconographie et la présence, ô combien précieuse, d’index (noms de lieux, de personnes et thématique).
Nicolas Mengus
Marc Trossen, « Verluere Joëren ». Zwangsrekrutierte, Refraktäre, Deserteure, Resistenzler, aber auch Kollaborateure, Kriegsfreiwillige… 85 Luxemburger Zeitzeugen des Zweiten Weltkriegs berichten, 2 volumes, 592 et 656 pages, Luxembourg, 2015, 98€. Pour contacter l’éditeur Jean-Claude Muller : j-c.muller@ial.be ou par fax (00352)23 62 05 47.