1944–2024 : ORADOUR-SUR-GLANE, LE REGARD DE RENE BORIE

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Il y a 71 ans se dérou­­lait, à Bordeaux, le procès du massacre d’Ora­­dour-sur-Glane dont nous commé­­mo­­re­­rons cette année les 80 ans. A l’oc­­ca­­sion de cet anni­­ver­­saire très parti­­cu­­lier, Michel Redon, fils d’un rescapé, est revenu sur son propre vécu et son ressenti sur ce drame atroce pour lequel la justice n’a fina­­le­­ment jamais été rendue (à lire sur notre site www.malgre-nous.eu). A son tour, René Borie, fils de Mathieu Borie, a accepté de nous faire part de ses senti­ments.

 

NM : René Borie, vous êtes le fils de Mathieu Borie, un des six resca­pés de la grange Laudy lors du massacre d’Ora­dour-sur-Glane, le 10 juin 1944. Pouvez-vous reve­nir en quelques mots sur ce qu’a vécu votre père ce jour-là ?

Mon père Mathieu a vécu un véri­table calvaire après le massacre d’Ora­dour. C’était un trau­ma­tisme qui l’em­pê­chait de dormir.

 

NM : Votre père, comme d’autres resca­pés – je pense à Hippo­lyte Redon ou à Paul Doutre, par exemple – ne se sont guère expri­més dans les médias et leurs témoi­gnages ne semblent pas avoir été spécia­le­ment solli­ci­tés durant des décen­nies, sinon occa­sion­nel­le­ment comme a pu le faire « Paris Match » en 1994 ou, plus récem­ment, Michel Baury[1]. Pourquoi selon vous ? 

Mon père n’ai­mait pas parler d’Ora­dour. Il en avait trop souf­fert. Il ne s’est jamais mani­festé. D’ailleurs, en fait de recon­nais­sance,  il n’a jamais eu le moindre remer­cie­ment, ni la moindre médaille. Sans doute ne devait-il pas les méri­ter pour son geste de bravoure.  Moi, je n’en pense pas moins. Je suis écoeuré que son action coura­geuse soit passée sous silence.

 

NM : Dans une de ses dernières inter­views – sauf erreur publiée par Michel Baury -, Marcel Darthout s’est plaint que l’une ou l’autre de ses dépo­si­tions avaient été modi­fiées par les enquê­teurs eux-mêmes. Votre père aurait-il fait la même expé­rience ?

A ma connais­sance, rien n’a été modi­fié dans ses dépo­si­tions. procès. Et son témoi­gnage n’a jamais changé de 1944 jusqu’à sa mort.

 

NM : Je crois que nous sommes tous d’ac­cord sur un point : la justice n’a pas été rendue lors du procès de 1953. Savez-vous ce qu’en pensait votre père ? Et vous-même ?

Au sujet du juge­ment rendu par le tribu­nal mili­taire de Bordeaux, mon père n’en atten­dait rien.

 

NM : Parmi les Waffen-SS, la présence d’Al­sa­ciens – incor­po­rés de force pour l’im­mense majo­rité d’entre eux – est bien connue. Quelle était l’opi­nion de votre père à leur égard ? Et la vôtre ? 

Mon père savait très bien que les Malgré-Nous présents avaient été enrô­lés de force. Il nous a dit que certains avaient repoussé des personnes qui se rendaient au bourg.

 

NM : Quel regard portez-vous aujourd’­hui, 80 ans après les faits, sur ce drame et sur l’hé­ri­tage qu’il nous a laissé ?

Ce que je pense d’Ora­dour aujourd’­hui ? Je dirai d’abord qu’il vaut mieux que mon père ne voit pas ce que c’est devenu, car ce sont des clans qui se servent de la tragé­die. La Mémoire du massacre est désor­mais gérée par des gens qui n’y connaissent pas grand’ chose. Tout un chacun peut le consta­ter : il n’y en a que pour monsieur Hébras et sa petite-fille[2]. Je rappelle que c’est quand même mon père Mathieu qui lui a sauvé la vie dans la grange. Monsieur Hébras pleu­rait et criait – c’est normal, il était tout jeune – et mon père l’a fait taire, sinon ils auraient été repé­rés et exécu­tés. Oradour, c’est devenu du spec­tacle avec la petite-fille de monsieur Hébras qui devrait tour­ner des films. Au final, je ne pense pas grand’­chose de tout cela, mais je suis écœuré que mon père ait été écarté de l’His­toire d’Ora­dour-sur-Glane, alors que c’est lui qui a sauvé les survi­vants de la grange Laudy.

 

René Borie,

Saint Junien, le 03 avril 2024

Notes :

[1] Michel Baury a notam­ment publié, avec Marie-Noëlle et René Borie, le témoi­gnage de Mathieu Borie, Oradour-sur-Glane : Le récit d’un survi­vant en 2018. Il a aussi publié le vécu de Hippo­lyte Redon consul­table sur le Net en format pdf : http://michel­baury.i.m.f.unblog.fr/files/2020/04/dossier-hyppo­lite-redon.pdf

[2] Agathe Hébras s’est donnée pour mission de sauve­gar­der la « parole sacrée » de son grand-père Robert décédé le 11.2. 2023 (France 3 Nouvelle Aqui­taine 17.2.2023).

Article paru dans « La nouvelle abeille » n°1371, 12.7.2018.

 

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ZAEGEL Antoine

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MATHIEU Robert

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Rensei­gne­ments trans­mis par Claude Herold :

 

Robert Mathieu a été incor­poré dans la 6e compa­gnie du Panzer­gre­na­dier­re­gi­ment 5. Ce régi­ment combat­tait au sein de la 12e Panzer­di­vi­sion.

Robert Mathieu

Geburts­da­tum: 29.09.1924

Geburt­sort: Maizières-les-Metz

Todes-/Vermiss­ten­da­tum: 09.01.1944

Todes-/Vermiss­te­nort: I.d.Kgf.in Tambow

Dienst­grad: Grena­dier

Robert Mathieu wurde noch nicht auf einen vom Volks­bund errich­te­ten
Solda­ten­fried­hof überführt. Nach den uns vorlie­gen­den Infor­ma­tio­nen befin­det sich sein Grab derzeit noch an folgen­dem Ort: Tambow – Russ­land

 

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Iden­ti­fi­ca­tions de soldats photo­gra­phiés dans la Manche en juin 1944

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Cette photo a été prise dans la région de Cher­bourg, dans une ferme du Val de Saire. Les trois soldats sous l’uni­forme nazi furent cachés par les fermiers. Ces soldats parlaient français et atten­daient d’être libé­rés. Avec les Améri­cains, tout se passa très bien : cette photo le prouve. Les soldats, sous l’uni­forme nazi, par la suite furent prison­niers. Nous aime­rions iden­ti­fier la ferme, les civils et les soldats figu­rant sur ce cliché.

Merci pour toute aide

Nicole Aubert et Jean Bézard, SNIFAM – aubertn@­wa­na­doo.fr

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WEIBEL Pierre – Dossier composé par Claude Herold

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Lettre de Henri Tschoecke à François Kuentz – Docu­ment trans­mis par Claude Herold

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Lettre écrite en français (!) depuis le Reserve-Laza­rett d’Oels en Silé­sie (25.10.1943). François Kuentz est incor­poré l’an­née suivante dans la « Das Reich » et il est mort au front de Norman­die.

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WACKENHEIM Lucien

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