« Mon but, c’est de faire connaître l’histoire des Malgré-Nous aux Lupoviciens ». Annette Metzler, qui a vécu plus de trente ans en Alsace et a enseigné l’histoire-géographie à Strasbourg, a publié en début d’année dernière Souvenirs d’enfance. Saint-Leu d’Esserent pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans cet ouvrage d’une centaine de pages, on découvre, entre autres, l’histoire de deux Alsaciens incorporés de force à Saint-Leu en 1943 : Pierre Michel et Joseph Reith. L’auteur raconte aussi comment les habitants de cette petite commune de l’Oise ont vécu la guerre de 1941 à 1944, ainsi que les raisons qui ont amené les Allemands à y stocker des missiles V1.
Joseph Reith, né en 1918 à Wisches, dans la vallée de la Bruche, avait une formation d’architecte. En février 1944, il dressa le plan des installations allemandes de V1 dissimulées dans une carrière de Saint-Leu. Ce plan fut ensuite transmis à la Résistance locale et aux Alliés. « C’est en recoupant les témoignages que j’ai entendu parler de monsieur Reith, soulignait Annette Metzler lors d’un passage en Alsace au printemps 2010. J’ai appris que sa femme vivait encore à Lutzelhouse », la commune voisine de Wisches.
Par le biais de la mairie de Lutzelhouse, Annette Metzler avait pris contact avec l’épouse de Joseph Reith et recueilli son témoignage. « C’est un hommage qui est rendu à mon mari, décédé en 2000. Il était Français, et il a risqué sa vie pour d’autres personnes, estime Marie Reith, âgée de 92 ans. Il ne faisait jamais quelque chose pour se mettre en avant. Mais il aurait été content aujourd’hui d’avoir une sorte de reconnaissance pour ses actes de Résistance ». « Dans toutes les recherches que j’ai faites, les Allemands ont réussi à avoir un secret tel autour de la fabrication des V1 que Joseph Reith leur faisait peur », ajoute Annette Metzler.
L’autre Malgré-Nous, Pierre Michel, est né à Strasbourg en 1923. Avant d’arriver fin 1943 dans l’Oise, il fut envoyé au camp de Schirmeck pour avoir « refusé d’arborer la croix gammée et de porter l’uniforme des Jeunesses Hitlériennes imposé à tous les orphelins de Charles-Frey », apprend-on dans l’ouvrage. Il fut affecté comme interprète à la Kommandatur de Saint-Leu, devenant ainsi « un agent actif et efficace pour la Résistance »…
Aurélie Feix
LIRE : Annette Leclercq-Metzler, Souvenirs d’enfance. Saint-Leu d’Esserent pendant la Seconde Guerre mondiale, Éd. Association Héritage Lupovicien, 104 pages, 18 €. Renseignements auprès de la mairie de Saint-Leu d’Esserent : 03.44.56.87.00.
De gauche à droite : Annette Metzler, tenant son ouvrage, et Marie Reith, l’épouse de Joseph Reith, à Lutzelhouse en 2010.