Après les Malgré-Elles (2001) par Nina Barbier et les incorporés de force dans la Waffen-SS par Nicolas Mengus et André Hugel (2007–2008), voici une autre « catégorie » de Malgré-Nous qui font l’objet d’une étude spécifique : les Alsaciens-Mosellans versés dans la Kriegsmarine.
Tous ces Français n’ont pas été enrôlés de force, c’est-à-dire par voie de conscription après le décret d’août 1942 : beaucoup se sont portés volontaires. Encore convient-ils de revenir sur les motivations de ces hommes et c’est là un des mérites de cet ouvrage : si les ralliés au nazisme existent, ils ne sont pas les seuls – ni forcément les plus nombreux – à s’être portés « volontaires » pour la Marine : c’était à la fois un moyen de reporter la date d’incorporation et d’éviter un engagement quasi certain sur le front de l’Est particulièrement mortel (on y totalise 85% des pertes de l’armée allemande) ; même officiellement volontaires, ces derniers sont d’authentiques Malgré-Nous.
Outre les combattants « classiques », ce livre évoque des aspects moins connus et tout à fait passionnants de la Kriegsmarine, comme la branche des Jeunesses hitlériennes appelée Marine-HJ ou les jeunes femmes du RAD-KHD incorporées comme auxiliaires de la Marine de guerre, les Marinehelferinnen.
Grâce au travail de Jean-Noël Grandhomme, mais aussi des collégiens et étudiants qui ont menés des enquêtes et, bien sûr, aux témoignages des anciens et anciennes de la Kriegsmarine, le lecteur tient là un ouvrage tout à fait enrichissant sur la question. On peut à présent formuler le vœu que les Malgré-Nous et Malgré-Elles de la Luftwaffe susciteront, eux aussi, une étude qui leur sera spécifiquement consacrée.
Nicolas Mengus