Je recherche la trace de mon oncle Edouard Duvot, né le 28.8.1925 et habitant Manom (Moselle) – il figure dans le répertoire des français (notamment mosellans) incorporés dans les troupes allemandes après le service du RAD qu’il a effectué jusqu’en février 1943. Il est incorporé dans la Wehrmacht en mai 1943 (il n’a pas encore 18 ans) incorporé avec un certain Antoine Ottmer (ou Ottemer), de Luttange, Moselle, qui témoigne à son retour l’avoir côtoyé pendant 3 mois à Mistelbach (Autriche). Un camarade survivant, René Neuberger, de Manom, aujourd’hui décédé, l’aurait aperçu pour la dernière fois en Roumanie.
La dernière lettre reçu date du 04/08/1944 avec le Feldpost 02723. Il écrit qu’il est au front dans une unité combattante dans une situation dangereuse et qu’il ne pourra certainement plus envoyer d’autres lettres pendant longtemps, mais il demande à sa mère de ne pas se tourmenter….
J’ai appris aussi qu’il avait eu les pieds gelés probablement en Ukraine (novembre 1943) et était revenu en permission au village (10 jours) avant de repartir, qu’il avait été blessé en décembre 1943, puis est passé par le centre de Cracovie et a été hospitalisé au Reserve-Lazarett d’Aulhausen (liaison probable avec une infirmière, d’après un courrier envoyé à sa mère) autour du 11 janvier 1944 et à nouveau déclaré apte mi février , que la famille n’a jamais reçu aucun acte de décès ou quoi que ce soit de la part des autorités, qu’une photo a été prise à Mistelbach à l’est de l’Autriche par un photographe professionnel. Au dos on peut lire deux numéros distincts :
- 20 R. 15R
- 47541, ce dernier correspondrait à une Feldpostnummer : celle du Werkstatt-Zug I du (Lehr-)Panzer-Regiment 4 entre décembre 43 et avril 45.
Un courrier émanant du consul de France à Berlin datant de 1960 qui précise « qu’il aurait appartenu au S.P 02.723 Regts Stab Stabs u. 13.KP. Gren Regt 848 mais qu’il ne figure pas sur les listes de cette unité » (?). Cela semble correspondre avec le Feldpost de la lettre.
Le Tribunal de grande instance de Thionville,par jugement le 13 avril 1960, a constaté son décès et fixé sa date (arbitrairement) au 1/08/1944 en Roumanie. La mention « Mort pour la france » a été inscrite en marge du jugement déclaratif.
Sa fiche du Volskbund indique :
- Nach den uns vorliegenden Informationen ist Eduard Duvot seit 04.08.1944 vermisst.
- In dem Gedenkbuch des Friedhofes Jassy / Iasi haben wir den Namen und die persönlichen Daten des Obengenannten verzeichnet.
- Bitte beachten Sie, dass auf einigen Friedhöfen nicht die aktuelle Version ausliegt, somit kann der Name Ihres Angehörigen darin evtl. noch nicht verzeichnet sein.
- Name und die persönlichen Daten des Obengenannten sind auch im Gedenkbuch der Kriegsgräberstätte verzeichnet. Sie können gern einen Auszug bei uns bestellen.
- Nachname: Duvot
- Vorname: Eduard
- Geburtsdatum: 28.08.1925
- Geburtsort: Monhofen
- Todes/Vermisstendatum:04.08.1944
Merci pour votre aide.
David Duvot
Courriel : david.duvot@gmail.com
* Précisions transmises par Patrick Kautzmann :
Edouard Duvot aurait eu un Feldpostnummer 57710, ce qui correspond effectivement aux services de maintenance et de transport du Panzerregiment 4.
Ce régiment avec sa division, la célèbre 13e Panzerdivision, était stationné en Moldavie en couverture et derrière la 306e Infanterie-Division.
Dès l’offensive du 20 août, le Pzrgt 4 colmate de nombreuses brèches crées par l’abandon des Roumains de leur secteur au Sud de Tighina. La division combat dans le secteur de Jermaklia et vient en aide à la 15e Infanterie-Division ainsi qu’à la 306e. Ce sacrifice se solde par des pertes colossales.
Mais le gros sacrifice a été de protéger les ponts sur le Pruth. Là, ce sont des combats désespérés du 23 au 25 août 1944. A la défection des Roumains s’est rajoutée leur entrée en guerre face à leurs anciens alliés.
Il fallait permettre le passage de ce qui restait de la 6e Armée de l’autre coté du Pruth. Des scènes indescriptibles de panique se produisent. Pourtant le tête de pont tient grâce au courage, voire l’abnégation des hommes de la 13e Panzerdivision et de leurs généraux. Certains officiers supérieurs tombèrent devant leurs hommes les armes à la mains.
Mais la tâche est disproportionnée par rapport aux moyens disponibles (combat de 1 à 5 sans couvertures aériennes sous les attaques incessantes des Stormowik). L’ennemi resserre son dispositif. On manque de munitions d’essence. Il n’y a pas de réserves. Les blessés doivent être abandonnés à l’ennemi à l’est du Pruth, notamment du coté de Leuseni. Les blessés n’ont aucune chance de survie. J’ai avec mes amis moldaves recensés 3 à 4 charniers possibles en Moldavie près de ces endroits. Mais les inondations du Pruth et l’inertie du Volksbund me laisse sceptique quant aux fouilles à mener.
Puis à Leova, grâce au sacrifice des hommes de la 13e Panzer, on arrive à traverser le Pruth. Elle regroupe ses forces avec les restes de la 10e Pzgr.-Div., puis se bat sur les ponts du Sereth. Là, on ne peut plus parler d’unités constituées , mais de Kampfgruppen. Les chasseurs de chars (Sturmgeschutz) font des prodiges malgré leur infériorité numérique et le manque de munitions.
L’objectif étant de rejoindre les troupes en recueil formés de Hongrois et de Gebirgsjäger de la 4e et 3e Gebirgsdivision dans les Carpates. Quelques restes arrivent, par le Sud de Buzau, à traverser les montagnes et rejoindre Brasov, en combattant les troupes russes et roumaines de montagne. D’autres essaient de pousser et traverser le Danube vers la Bulgarie. Mais plus ces soldats de la 13e Panzer voulant pousser vers le Sud se heurtent à leurs anciens alliés roumains, plus les obstacles se dressent devant eux. Il y a combats entre anciens frères d’armes du coté de Slobozia, qui est devenu un véritable bain de sang. On essaie de négocier, mais souvent on en arrive à des coups de forces. Si des officiers roumains montraient quelque compréhension, d’autres n’ont pas eu le moindre scrupule. Les paroles des Roumains n’ont été que très rarement respectées.
Il n’est pas impossible qu’Edouard Douvot a été blessé dans cette campagne apocalyptique. Qu’il ne soit pas répertorié relève de la situation générale du sort des blessés. S’il a été fait prisonnier, il aura dû effectuer sous une chaleur avoisinant 35° des marches jusqu’à épuisement.
La division, elle, a été reconstituée et participe à la campagne de Hongrie. Là, elle a surtout été sacrifiée dans Budapest.
Parmi d’autres Alsaciens de cette 13e Panzerdivision qui auront été emporté dans cette tourmente de Roumanie j’ai recensé René Rammel, de Schiltigheim, Auguste Schmitt, de Steinbourg, Jules Kruth de Hegeney, et Robert Dossmann, de Strasbourg. Mais il y en a certainement d’autres.
* Précision de Patrick Kautzmann (15.2.2011) :
D’après ce tout nouveau FPN 02723, Edouard Duvot se trouvait adossé le 04.08.1944 au Dniestr à Dubossary au Nord-Est de Chisinau au sein de la 13e compagnie du Grenadier-Regiment 848 de la 282e Infanterie Division.
Le 20 août 1944 cette unité se retirera vers le Pruth en contournant Chisinau (Kischinev). La plupart de ces soldats disparaitront à Lapusna lors de leur retraite en voulant atteindre le Pruth.
Donc Edouard Duvot, d’après ce Feldpostnummer 02723 aura combattu au moment de sa disparition dans la 282 I.DV.