LES NAZIS LEUR ONT VOLE LEUR JEUNESSE. – Article paru dans « Pays d’Auge infos » trans­mis par Eve Pito­vic-Lorentz

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Trois malgré-nous, dont Daniel Fischer, incor­poré de force dans la Waffen SS, ont parti­cipé mercredi à la céré­mo­nie inter­na­tio­nale du D-DAY, qui a eu lieu à la batte­rie de Merville-Fran­ce­ville (Calva­dos).

Ils étaient dans la tribune offi­cielle à Merville-Fran­ce­ville, à l’oc­ca­sion du 74e anni­ver­saire du débarque­ment. A l’hon­neur, enfin…

Daniel Fischer, n’a pas 18 ans quand la peste brune vient frap­per à sa porte en janvier 1944.

 » On a été convoqué par le conseil  de révi­sion de Gueb­willer (à une tren­taine de km de Colmar) il y avait des offi­ciers et des sous-offi­ciers SS. On nous a dit, c’est bon, vous pouvez partir. j’ai tout de suite compris que nous avions été piégés… Un mois plus tard, il reçoit sa convo­ca­tion avec deux sinistres lettres: SS  « Ce jour-là ma vie a basculé ».

Le 11 février 1944, il prend le train à Mulhouse. Daniel Fischer est incor­poré dans la 1ere compa­gnie du régi­ment Deut­schland de la 2è divi­sion blin­dée SS, la Das Reich. Une des pires divi­sions SS. Elle a plusieurs crimes à son actif, dont Tulle et Oradour-sur-Glane les 9 et 10 Juin 1944. 741 inno­centes victimes au total. Jugé par contu­mace à bordeaux en 1953, Lammer­ding, le comman­dant de la divi­sion, ne sera jamais extradé. Pire, devenu chef d’en­tre­prise, il mourra de sa belle mort, avec les honneurs mili­taires d’an­ciens frères d’armes de la Waffen SS. Au moment du débarque­ment, Daniel Fischer est hospi­ta­lisé à Toulouse pour une jaunisse aiguë. ‘C’é­tait un peu voulu … Grâce à une infir­mière résis­tante, il trouve une combine pour faire monter la fièvre:  » de la pâte denti­frice mélan­gée à de la bouillie de pomme de terre, je vous assure que ça marche. J’ai été ensuite trans­féré à Nice, en conva­les­cence. En septembre 1944, il est du côté de Malmédy, près de Liège en Belgique. Avec toujours l’idée de s’éva­der. A la mi-septembre, il y parvient, avant d’être capturé par les Améri­cains.

« GRANDS OUBLIÉS DE LA RÉPUBLIQUE » …

Le 1er octobre 1944, les parents de Daniel reçoivent une lettre leur infor­mant que leur fils est porté disparu. En la lisant, le père de Daniel a une crise cardiaque dont il ne se remet­tra jamais. Daniel rede­vient enfin un citoyen libre le 7 mai 1945.

A Merville-Fran­ce­ville, Daniel était accom­pa­gné de sa sœur, Denise (94 ans), elle aussi incor­po­rée de force. Un autre malgré-nous était à ses côtés: René Gall (92 ans). Incor­poré dans le 472e régi­ment d’in­fan­te­rie après un séjour dans le camp de redres­se­ment de Schir­meck, il combat sur le front russe . Il rejoint les FFI et se bat à leurs côtés dans la poche de Royan. Comme pour Daniel, ses parents ont reçu une lettre annonçant sa dispa­ri­tion…

Daniel Fischer souhaite » remer­cier la popu­la­tion normande qui a contri­bué à l’éva­sion des incor­po­rés de force…

nous avons été obli­gés de porter un uniforme que nous détes­tions. Notre jeunesse et notre adoles­cence ont été brisés

par tout cela. »

Serge Vuill­mey, ancien colo­nel de gendar­me­rie,accom­pa­gnait les trois malgré-nous à la céré­mo­nie inter­na­tio­nale.

 » Il a fallu attendre des années, jusqu’en 2014 pour enfin voir des malgré-nous dans une tribune offi­cielle. Enfin recon­nus comme de vrais français, ce sont les grands oubliés de la Répu­blique. »

Frédé­ric LETERREUX

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