« Nous étions ennemis ». Tel est le titre de ce livre qui retrace l’histoire d’une contre-offensive allemande mal connue. Il y a deux raisons majeures à cela. La première est que cette attaque, lancée au mois de décembre 1944 autour de Riquewihr (Haut-Rhin), est englobée dans les terribles combats de la « Poche de Colmar ». La seconde est qu’il y a peu de sources la concernant. Il est vrai qu’elle était peu importante au regard de la situation désastreuse de l’Allemagne sur tous les fronts à cette époque. Peu importante ? Sauf pour ceux qui étaient au cœur de cette bataille. Et cet ouvrage le montre bien, notamment grâce aux regards croisés d’un jeune Alsacien, André Hugel (né en 1929), et de deux soldats allemands, Wolfgang Krebs et Eberhard Neher (tous deux nés en1926). C’est le 12 décembre 1944 qu’est lancée l’Opération « Habicht » depuis Kaysersberg, Kientzheim et Sigolsheim. Par la montagne, les Allemands prennent à revers les troupes alliées. Tandis qu’une partie attaque Riquewihr (libérée quelques jours plutôt par les Américains), une autre atteint, plus au Nord, la route reliant Sainte-Marie et Ribeauvillé. Pendant ce temps, la progression allemande est stoppée sur les hauteurs au Nord de Sigolsheim. Les combats vont faire rage dans toute cette région. Les pertes seront élevées. Le Mont de Sigolsheim (où se trouve l’actuelle nécropole) sera surnommé Blutberg, la « montagne ensanglantée » ; un incorporé de force alsacien, Raymond Peterschmitt (né en 1927) témoigne également de ce qu’il a vécu dans cet enfer.
Les trois ennemis de jadis se sont réunis pour nous relater ces terribles moments de la Libération de l’Alsace. Malheureusement, il n’est pas prévu de traduction française de cet ouvrage plus que recommandable.
Nicolas Mengus