Le film documentaire « Torgau, 1939–1945, chronique d’une justice militaire » co-produit par France 3 Alsace et Ana Films expose magistralement combien la justice conçue par le pouvoir nazi broyait les soldats de la Wehrmacht, allemands mais aussi incorporés de force français (Alsaciens et Mosellans), luxembourgeois et polonais.
L’historien Frédéric Stroh (qui a publié un livre sur la prison militaire de Torgau, l’une des plus grandes du 3e Reich) a travaillé avec le réalisateur Jean-Marie Fawer sur ce thème méconnu. « Il y a eu 48 condamnations à mort durant la Première guerre Mondiale « explique l’historien allemand Norbert Haase « Entre 1939 et 1945, iI y en a eu entre 20 000 et 30 000. ». C’est dire l’application sévère de loi particulièrement répressives. Après des témoignages de soldats de la Werhmacht allemands, condamnés à de la prison pour n’avoir pas voulu obéir à des ordres qui les révulsaient, voici Paul Wilsdorf, un Alsacien incorporé de force en janvier 43 et condamné à 6 ans de travaux forcés. Charles Meyer, un jeune Colmarien qui avait conseillé à sonfrère de tout faire pour échapper à l’armée allemande, avait été condamné à trois ans de prison. Pour le film, il est retourné, 70 ans après, dans son ancien lieu de détention, appelé « le Dachau de la Wehrmacht ». Jean Kneveler, un jeune Mosellan ayant saboté son fusil, n’aura pas la chance de retourner là bas: il fut guillotiné 24h avant qu’un ordre de Himmler transforme sa condamnation à mort en prison.
En 1946, le tribunal militaire français de Rastatt débat du sort de ces juges allemands qui éliminèrent tant de jeunes vie. Mais il se montre d’une surprenante clémence et classe le dossier. Une chance de perdue pour que la cause des opposants allemands à Hitler et celle des « Malgré nous » soit mieux connue en France… Ce travail inédit pallie en tout cas à cette lacune. Reste à souhaiter que ce film exemplaire bénéficie d’un écho national comme le mérite cette page d’histoire qui reste, quelque 70 ans après, si méconnue.
Le film de 52 mn sera diffusé à la TV, sur France 3 Alsace samedi 25 janvier à 15h20 et lundi 27 à 8h45. Plusieurs projections publiques, en compagnie du réalisateur et, parfois, d’un témoin de cette tragique époque sont aussi prévue à Strasbourg, archives départementales du Bas-Rhin (lundi 13 janvier à 20h), à Sélestat au cinéma Sélect jeudi 16 janvier à 20h, à Benfeld au cinéma Rex vendredi 17 janvier à 20h, à Mulhouse au cinéma Bel Air jeudi 23 janvier à 20h, à Strasbourg vendredi 24 janvier au cinéma Odyssée à 20h30. Le film sera aussi diffusé à Soultz-sous-Forêts mardi 11 février à 20h à la Saline ainsi que mardi 18 février à 20h à Obernai au cinéma Athic. Entrée libre dans la limite des places disponibles grâce au soutien de la Région Alsace à l’APAA et à l’association des cinémas d’Alsace.
MGL