Un magistrat italien s’intéresse de près au sort d’une femme italienne et de ses sept enfants, tous morts dans le massacre d’Oradour-sur-Glane.
La justice italienne a ouvert une enquête sur le massacre d’Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), dans lequel 642 personnes ont été tuées pendant la Seconde Guerre mondiale, dont une Italienne et ses sept enfants, ont annoncé les médias italiens. « L’enquête est à son début, elle ne sera pas facile, mais nous ferons tout notre possible », a déclaré à l’agence de presse Ansa le procureur Marco de Paolis, un magistrat romain connu pour avoir fait condamner des dizaines de criminels de guerre allemands.
La semaine dernière, un Allemand de 88 ans avait été inculpé par le parquet de Dortmund (Allemagne) pour sa participation présumée au massacre d’Oradour-sur-Glane, la pire exaction commise en France par l’armée de l’Allemagne nazie. Parmi les victimes de ce massacre figuraient Lucia Zoccarato et ses sept enfants (450 femmes et enfants ont au total été méthodiquement tués dans ce village) : Bruno, Antonio, Armando, Luigi, Anna Teresa, Marcello et Giovanni.
Des Italiens installés en France depuis 1927
Originaires de San Giorgio delle Pertiche, dans la région de Padoue (nord), Lucia et son mari, Giuseppe Antonio Miozzo, avaient émigré en France en 1927, avec leurs trois premiers enfants. En 1940, Giuseppe Antonio Miozzo avait été rappelé en Italie pour combattre en tant que soldat, avant d’être déporté en 1943 en Allemagne pour avoir refusé d’adhérer à l’État fasciste. Ce n’est qu’en 1948, de retour de camp, qu’il apprit le massacre de sa famille, dont les seules survivantes furent ses filles Ofelia et Angelina. Leurs descendants vivent toujours en France.
Plusieurs enquêtes réalisées en Allemagne de l’Ouest sur le massacre avaient été classées faute de preuves, dans le passé. Mais la découverte par un historien d’un document de la Stasi (les services secrets de l’ex-RDA) sur ces faits avait convaincu un procureur allemand d’entamer de nouvelles investigations en 2010. Il y avait déjà eu le procès en France, en 1953, pour leur participation présumée au massacre, de 21 soldats, dont une majorité de Français d’Alsace enrôlés de force dans l’armée allemande. Le tribunal militaire de Bordeaux avait prononcé des condamnations à mort et des peines de travaux forcés. Mais les Français furent amnistiés au nom de la réconciliation nationale et les autres bénéficièrent d’aménagements de leur peine, malgré l’indignation des familles de victimes.
Source AFP