MEYER Raymond (* Hachimette-Lapoutroie 25.8.1926 + 26.1.2018). Après le RAD, il est incorporé de force dans la Waffen-SS le 11.1.1944 (9e compagnie du 4e Régiment « Der Führer » de la division « Das Reich »). Il arrive sur le front ouest fin juin 1944. Il est mécanicien. A Mayenne, son unité fut dirigée vers Alençon (Orne). Elle arrive à La Ferté Vidame, à proximité de la forêt de Senonches (Eure-et-Loir). Dans la forêt, les chars alliés étaient très nombreux. Les combats furent âpres et les victimes furent très nombreuses. Le hasard fit que Raymond rencontra Alfred Schieber, de Colmar. Ce hasard et surtout la chance leur permirent de déserter. C’était la nuit du 14 au 15.8.1944.
Pour s’évader, ils firent preuve de ruses et d’audace. Ils saisirent chacun deux caisses à munitions vides. Ils coururent dans la direction supposée de l’orée de la forêt. Très probablement considérés comme étant de corvée, ils sortirent du secteur allemand sans être pris pour cibles. Ils parcoururent une grande distance et traversèrent les premières lignes alliées, sous le nez d’un char américain, qui se trouvait un peu à l’écart, et dont l’équipage devait dormir. Sortis de la forêt, les caisses vides abandonnées, Raymond et Alfred parvinrent à une ferme. Elle était déserte. Ils y volèrent une bicyclette et une pèlerine accrochée au mur. A deux sur cette bicyclette – Alfred recouvert de la pèlerine et Raymond en bleu de mécanicien -, ils roulèrent jusqu’à La Ferté Vidame. Dans l’obscurité, ils repérèrent une ferme. La fermière ne vit pas sous la pèlerine l’uniforme d’Alfred, pourtant, elle refusa qu’ils entrent, au motif que beaucoup de personnes du voisinage remplissaient la maison. Dépités, Raymond et Alfred allèrent dormir dans une grange. Aux aurores, les bruits les réveillèrent, leur ventre criait famine. Dans la même tenue que la veille, ils allèrent demander du pain. Les voyant, la fermière s’exclama : « Mais ce sont des gamins ! » (Raymond n’avait pas encore 18 ans). Ils expliquèrent alors qu’ils étaient Français, Alsaciens incorporés de force dans l’armée nazie et qu’ils avaient fui les combats. Des vêtements civils leur furent donnés. Ils se lavèrent à la pompe située dans la cour. La fermière leur donna de la nourriture. Ils grimpèrent sur le tas de fagots situé en bordure de la ferme. Ils pouvaient ainsi deviner et estimer la tournure des combats. Ils étaient en zone libérée.
Prévenus, les Américains voulaient en faire des prisonniers dès le lendemain. Pour ce faire, ils les confièrent à Monsieur Poteau, peintre-vitrier et aussi chef des FFI. Il les cacha avec la complicité du lieutenant Ducamp du 2ème Bureau, pour que les deux jeunes ne soient pas emmenés en captivité. Ils furent ensuite emmenés à la gendarmerie et s’engagèrent dans l’armée française. Le 17.8.1944, lorsque les Américains revinrent pour arrêter Raymond et Alfred, cela fut impossible : ils étaient des soldats du 8e régiment de cuirassiers. Les Américains s’en montrèrent satisfaits.
Les deux jeunes furent affectés à Nantes. Le 11.11.1944, ils défilèrent dans cette ville. Raymond fut nommé Brigadier-chef.
Peu de temps après, l’unité dans laquelle était Raymond fut engagée dans la poche de Saint-Nazaire, à proximité de Saint-Brévin, là où était la batterie allemande des Rochelets. Une grosse pièce d’artillerie composait cette batterie. Les troupes françaises l’avaient appelée la « Gertrude ». Ce gros canon fut mis hors d’état de service, par des fusiliers marins de la France Libre. Parmi eux, se trouvaient Paul Fritteau et Eugène Bézard, le frère aîné de Jean Bézard (Entre deux fronts 2, p.196–202 ; Bulletin SNIFAM n°7, 2018).