Nous avons été victimes non seulement de la barbarie nazie en 1940, mais aussi de discrimination en juillet 2000 à la veille des vacances estivale lorsque Lionel JOSPIN a décrété l’indemnisation des orphelins de parents juifs, après avoir été, préalablement soumis à l’influence appuyée de certains responsables et avocats de la communauté juive. Cela nous en sommes, tous ici présents, conscient, nous ne pouvons pas en douter. On peut affirmer que la France a payé pour les victimes de l’Holocauste alors que c’est l’Allemagne dirigée par Hitler et quelques complices de haut rang qui avaient programmé un génocide et exécuté l’élimination de masse des juifs. C’est l’Allemagne qui était et est responsable de l’Holocauste et non pas la France.
L’apparition d’un second décret en juillet 2004 a confirmé s’il le fallait que le décret de 2000 fût discriminatoire contrairement aux affirmations des dirigeants de notre pays qui disaient vouloir par un simple décret, sans passer par des votes du Parlement, sanctuariser les victimes de l’antisémitisme 55 ans après les faits, en offrant une rente à vie à leurs orphelins. Les hauts fonctionnaires de l’Etat français forts de leurs certitudes absolues en 2000 ont pourtant rajouté une discrimination en 2004 à la discrimination initiale qu’ils refusaient d’admettre.
L’études des dossiers au cas par cas est un exemple type de la désinformation et de la duplicité. De plus le renvoi, par le ministère des armées, aux ONACVG régionaux pour répondre aux problèmes et difficultés, uniquement ponctuelles, des ressortissants de cet organisme, ne règle pas l’injustice. Au contraire le sentiment d’injustice devient encore plus criant, car d’un côté il y a une rente mensuelle à vie qui représente déjà depuis 2000 un capital cumulé de plus de 120 000 euros non imposables et de l’autre côté une aide exceptionnelle de l’ONACVG d’un montant limité et uniquement accordé après inspection et intrusion dans la vie privée du demandeur qui pourrait être éventuellement bénéficiaire d’une aide représentant moins de deux rentes mensuelles. Comparativement aux bénéficiaires des décrets de 2000 et 2004…ou est la justice et l’équité ?
Concernant les orphelins des victimes de l’antisémitisme, l’Etat français qui nous refuse la reconnaissance affirme et se justifie ; La France est responsable d’avoir laissé faire l’Allemagne en facilitant le recensement et le transport des juifs.
Concernant les orphelins des régions annexées les hauts fonctionnaires de l’Etat français oublient que : La France est responsable, d’avoir laissé faire et d’avoir abandonné des citoyens français d’Alsace et de Moselle à la dictature nazie et cela après avoir déclaré la guerre à l’Allemagne. L’Allemagne qui a ensuite asservit des citoyens français d’Alsace et de Moselle pour les rééduquer. Aujourd’hui encore l’Allemagne ne veut pas reconnaître le crime de guerre ni le crime contre l’Humanité de l’incorporation de force alors que près de 40 000 incorporés de force sont morts dont un grand nombre qui ont disparu.
Cette inégalité entre orphelins de la seconde guerre mondiale est ressentie comme du mépris envers les enfants des incorporés de force et une honteuse négation des souffrances des orphelins de l’histoire dramatique de l’annexion. Ce négationnisme est tout aussi honteux que la négation de l’antisémitisme.
La France en déclarant la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion de la Pologne avait fait preuve d’une grande incompétence voir de lâcheté en ignorant et méprisant les conséquences du contexte régional.
Pour faire croire à la population française que les habitants des régions annexées étaient de fieffés collaborateurs, qu’a eu lieu le procès indigne de BORDEAUX en 1953 des alsaciens incorporés de force afin de les mettre en cause pour les crimes d’Oradour sur Glane, en l’absence des vrais responsables nazis. Par ce procès l’Etat français avait voulu se donner une bonne conscience, pour se disculper de la lâcheté du pouvoir de Vichy en 1940, et faire oublier son impréparation voire son incompétence dans le domaine militaire à cette époque.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres nous devons persévérer dans notre combat pour la reconnaissance en nous réunissant avec d’autres forces vives, comme nous le faisons dans le cadre de la FPN – la Fédération des Pupilles de la Nation- et avec d’autres associations régionales d’orphelins de guerre. Même si les parcours des parents étaient différents les conséquences des drames et les souffrances vécues par les orphelins ont un point commun, c’est la mort des personnes chères. N’oublions pas que nous sommes les derniers témoins vivants de cette guerre et que nous alsaciens et mosellans devons en parler sans honte et sans complexe.
Nous devons faire en sorte que les hauts fonctionnaires des Etats français et allemands conjointement responsables ne nous oublient pas dans leurs projets futurs de réconciliation et d’extensions des relations, comme par exemple, le projet de l’Allemagne d’obtenir un poste titulaire à l’ONU aux côtés de la France.
Nos activités de l’année passée étaient nombreuses et nous ne pourrons pas toutes les détaillées. Cependant de fréquentes rencontres dans le Bas-Rhin avec une association amies d’orphelins de « Malgré-Nous » l’OPNMNAM ont permis des échanges fructueux et instructifs. Des projections de films et des séminaires avec des historiens nous ont ouverts d’autres horizons comme la mise en route d’un procès visant l’Allemagne qui jusqu’à présent a toujours refusé d’admettre sa responsabilité de l’incorporation de force et les conséquences de l’annexion illégale de l’Alsace et la Moselle en 1940. Des habitants de ces deux régions l’Allemagne voulait faire des sous-hommes de souche allemande impure. Ceci est aussi une réalité.
La Fondation Entente Franco-Allemande -la FEFA- imaginée en1978 et concrétisée en 1981 avait fait naître un espoir de reconnaissance de la barbarie nazie chez les alsaciens et les mosellans. Un espoir déçu. L’Allemagne affirme avoir indemnisé les veuves des incorporés de force à travers la Fondation. Mais la France et l’Allemagne oublient que le montant de 8600 francs (en valeur actuelle 1143 euros aujourd’hui) versé aux incorporés de force vivants ou aux veuves est une négation des souffrances endurées. Comment les dirigeants français et allemands ont-ils pu croire que nous pourrions accepter pour solde de tous comptes cette compensation révoltante et que les traumatismes profonds vécus par les familles avaient été suffisamment reconnues pour les orphelins, ayants-droits honteusement ignorés par la FEFA en 1981
Au contraire des arrangements honteux, de l’allemand Helmut SCHMIDT avec la complicité du Président français Valéry Giscard d’Estaing, avaient été négociés en même temps, pour favoriser la rétrocession d’une région riche en forêt comprenant une immense nappe phréatique dans le secteur d’AIX la Chapelle. La reconnaissance des souffrances des hommes sacrifiés à l’impérialisme nazi de toutes ces familles endeuillées a finalement été l’objet d’un troc et d’un marchandage pour obtenir en retour un territoire qui est redevenu allemand. On peut se poser la question : Reconnaissance ou affairisme ?
La FEFA qui aurait pu consacrer la totalité des sommes à l’indemnisation a abusé de la liberté d’action de son statut de fondation indépendante du pouvoir français pour faire des dépenses et des investissements qui ont beaucoup profités en retour à l’Allemagne. Actuellement cette fondation est en voie de dissolution et les biens mobiliers et immobilier transférés au profit d’une nouvelle association ou Office franco-allemande pour la Jeunesse qui s’investira plutôt en faveur de boursiers dans le cadre des programmes Azubi-bac pro en Allemagne et en France. Cet office ne reste pas dans le cadre des dispositions prévues à l’origine de la création de la FEFA ? Les victimes du nazisme ainsi que les ayants-droits suspectent que l’utilisation des fonds est détournée de sa vocation initiale. Malheureusement l’Etat français a validé les changements. En effet les deux millions d’euros de patrimoines et les biens immobiliers restants iront à un office franco-allemand différent et contraire à l’origine.
Nous entrons dans des méandres insondables sans qu’aucune autorité ne veuille ou ne puisse intervenir en faveur des orphelins des régions annexées, victimes innocentes de la barbarie nazie.
De notre point de vue on peut dire que la France a fait davantage de concessions que l’Allemagne pour établir la paix en Europe. Il faut le redire, la reconnaissance des orphelins des victimes de l’antisémitisme en 2000 est une responsabilité que la France a assumée en lieu et place de l’Allemagne. Les notables politiques français semblent de bien piètres négociateurs, ou alors il y a des vérités cachées qui ne seraient pas bonnes à dire… ! La reconnaissance des orphelins en 2000 nous parait plus politicienne qu’humaniste.
Aujourd’hui nous constatons que certains sèment le doute sur l’ouverture d’esprit et sur le patriotisme des alsaciens et des mosellans car bizarrement apparaissent des relents d’antisémitismes et d’apologie en faveur des idées néonazies particulièrement en Alsace avec des profanations de lieux de culte et de mémoire. De plus, très opportunément, certains affirment que des Malgré-Nous avaient été indemnisés par des rentes mensuelles de quelques centaines d’euros à plus de mille euros pour d’autres.
Qui sont les manipulateurs de cette désinformation ? La vérité est bien différente. Il y aurait un alsacien volontaire, et non pas incorporé de force, parmi 54 français résidants en France qui sont indemnisés par l’Allemagne. Ces autres français seraient des anciens engagés volontaires dans différentes troupes « d’élites nazies » tel que la division Tottenkopf et aussi dans l’impitoyable division Charlemagne. On constate enfin, mais nous le savions déjà, ou étaient les vrais collabos dans la gouvernance de Vichy. Alors nous devons exiger plus de dignité à tous les niveaux eu égard aux drames vécus par nos pères incorporés par la contrainte, par la force, et qui sont morts dans des conditions indignes.
Dans les textes de loi concernant les alsaciens/mosellans incorporés dans les armées allemandes, pendant la seconde guerre mondiale, les législateurs français avaient glissé une expression antinomique « les alsaciens et les mosellans incorporés de force par voie d’appel », La voie d’appel, pour nommer l’incorporation de force illégale ! Interrogeons-nous sur cette hypocrisie de la loi…
De plus est-il utile de rappeler la suspicion sur l’honnêteté des alsaciens au procès de Bordeaux en 1953 orchestrée par l’Etat français ?
Tout avait été tenté pour culpabiliser les incorporés de force …. En l’absence des vrais responsables et pour disculper l’Etat français de ses errements et l’incompétence des chefs de gouvernement.
On peut affirmer que la notion de justice et de l’équité en France a été dévoyée ou détournée de la loi de concorde nationale de 1917. La France en 2000 avait choisi de favoriser une élite d’orphelins de guerre cinquante-cinq ans après la fin du conflit.
Notre révolte, nos contestations et nos protestations sont justifiées….
Nos courriers aux plus hauts niveaux, des Ministères des armées, au premier Ministre au Parlement au Sénat et à l’Elysée, jusqu’à présent n’auront servis qu’à nous faire entendre. Nous sommes écoutés mais incompris…Notre droit à l’expression face à la négation de l’Etat est une démocratie à la française. Ecoutés, manipulés mais pas entendus.
L’année 2018 aura aussi été celle de la parution de notre brochure « l’Alsace Annexée » qui a été envoyé aux Sénateurs et aux députés du grand-EST ainsi qu’à nos adhérents afin de rappeler le contexte particulier de la seconde guerre mondiale aux français qui dirigent notre pays. Au départ cette brochure était un outil pour communiquer avec les médias.
Cette brochure était notre façon de faire du lobbying, de communiquer et de rappeler aux amnésiques la terreur qui avait régné dans l’EST de la France. Finalement nous avons fait de la pédagogie en informant et en contestant les décrets. Nous avons eu en retour de nombreux éloges. Certains enseignants en histoire en ont demandé un exemplaire. Parfois nous avons aussi eu des critiques et c’est normal on ne peut pas plaire à tous. Nous n’oublierons pas lors des élections futures ceux qui nous ont apporté leur soutien moral. En conclusion la brochure « l’ALSACE ANNEXEE » est un outil pédagogique, revendicatif et politique.
De plus n’oublions pas que notre site internet, apoga.net, communique de nombreuses informations.
L’APOGA n’est pas seule. Nous avons d’excellentes relations avec d’autres associations de pupilles de la Nation mais certains responsables d’associations n’ont pas les mêmes objectifs et préfèrent s’engager largement sur d’autres conflits. Nous ne les nommerons pas car dans leur domaine elles sont aussi respectables. Par contre avec les associations membres de la Fédération des Pupilles de la Nation il y a une grande compréhension des contextes régionaux. En effet il y a des orphelins de parents victimes aussi bien des allemands que des troupes alliées. Sur les fronts de l’atlantique et du Nord. Il y a des orphelins de parents résistants victimes des allemands. Les habitants des Vosges avaient été particulièrement touchés par les combats et les escarmouches de résistants contre les troupes allemandes qui ont usé et abusé de la répression aveugle. D’autres régions comme celle du Morvan avaient été fortement marquées et les victimes résistantes furent nombreuses. Les répressions allemandes étaient aveugles et barbares dans tous les domaines de la société. Notre combat revendicatif concerne prioritairement les décrets de 2000 et 2004, en cause la seconde guerre mondiale.
Dans notre région, avec l’association des orphelins et pupilles de la Nation de Malgré-Nous d’Alsace Moselle « l’OPNMNAM » nous avons des liens privilégiés à cause du contexte de l’annexion. Cette association a été créé à l’époque du décret de 2000. Après bien des combats, face l’obstinations de l’Etat français qui a fait de la discrimination en refusant d’admettre la réalité de la barbarie nazie. Cette association se retourne contre l’Etat allemand responsable du conflit, de l’invasion et de l’annexion illégale de nos régions frontalières. A l’origine c’est l’Allemagne qui est responsable de toutes les victimes et de tous nos malheurs. Nous accorder une véritable reconnaissance relèverait de la dignité d’un grand pays démocratique.
C’est l’Allemagne qui avait choisi d’élire un dictateur fanatique. C’est l’Allemagne qui a eu la folie de la conquête de l’Europe. C’est l’Allemagne qui a déporté des civils. C’est l’Allemagne qui a déporté des français pour les forcer à porter la tenue « vert de gris » et qui les a obligés à monter dans les trains de l’incorporation de force, afin de les mettre en premières lignes. C’est l’Allemagne qui en a fait de la chair à canon et c’est l’Allemagne qui en a fait disparaitre anonymement un grand nombre. C’est l’Allemagne qui a envahi et pillé. C’est l’Allemagne qui a spolié des biens chez nous aussi. C’est l’Allemagne qui a torturé. C’est l’Allemagne qui a assassiné hommes et femmes. C’est l’Allemagne qui a exécuté des français qui s’étaient révoltés. C’est l’Allemagne qui a fait de nous des orphelins de cette guerre. La conséquence logique coule de source c’est à l’Allemagne d’indemniser directement les victimes car les dommages de guerre payés aux Etats vainqueurs ont surtout servis à reconstruire des murs, des maisons et l’économie mais pas à reconstruire les humains. Les allocations misérables n’ont jamais été de vraies reconnaissances à la hauteur de celles obtenues par les décrets français en faveur des orphelins de parents victimes de l’antisémitisme en 2000.
Il semble donc logique à plus d’un titre que l’Allemagne et la France se mettent enfin au diapason pour régler cette injustice.
La solidarité entre les associations est plus que jamais notre ligne directrice. Il en va de l’intérêt général des revendications en faveur de nos orphelins.
Pourtant en Alsace Moselle de nombreux orphelins de guerre pupilles de la Nation ont soit baissé les bras par fatalisme. D’autres se sont regroupés en dehors de structures nationales. A tous il faut dire que l’isolationnisme profite à l’Etat français. Diviser pour régner. Qui tire profit des divisions ?
Les spécificités des uns ou des autres doivent plutôt s’unir que se diviser en quelques groupuscules.
Bien sûr il faut admettre mais aussi accepter que l’union nationale des associations ait un coût de fonctionnement.
Serait-il possible de convaincre d’autres associations de rejoindre nos rangs ? Notre Fédération des Pupilles de la Nation qui prend en compte la spécificité régionale représente une force supplémentaire face à la France et face à L’Allemagne.
Finalement les orphelins des victimes de toutes conditions ont un point commun. C’est l’impérialisme nazi allemand qui est responsable de tous nos malheurs et de toutes les horreurs vécues.
Je conclu que c’est à l’Etat allemand, mais pas seulement, d’assumer la responsabilité pour les crimes commis car en matière de crimes de guerre et de l’Humanité on ne saurait accepter aucune prescription. Pour la même guerre les mêmes droits pour tous.
De son côté l’Etat français qui applique dans d’autres domaines sociétaux les mêmes droits pour tous ne pourra plus et ne devra plus nous ignorer.
Pour y arriver nous devrons probablement engager une procédure judiciaire sous l’égide de la FPN et peut être aussi avec l’OPMNAM, sans passer par des manifestations populistes de rue.
L’union fera notre force. Le fatalisme et le défaitisme feront le jeu des responsables politiques des deux pays.
Gérard NUNNINGER président de l’APOGA
P.S.
A ce jour avec l’OPMNAM certains membres de l’APOGA se sont engagés à mes côtés et ont déposé plainte auprès du Procureurs de la République pour crime contre l’Humanité et incriminer l’Allemagne avec constitution de partie civile. Les crimes contre l’Humanité sont imprescriptibles.
La presse régionale s’était faite le relais de l’information. Le site internet www.malgre-nous.eu donne de nombreuses informations.