Dimanche 26 août, la cérémonie organisée par l’ADEIF en souvenir des 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés dans l’armée allemande et des 40 000 morts et disparus a réuni une assemblée venue faire mémoire, très attentive aux discours réclamant justice pour l’honneur des victimes.
Quelque 76 ans après la promulgation du décret d’août 1942 par le Gauleiter Wagner, Nicole Bruder, présidente déléguée de l’ADEIF a fait siennes les convictions du président René Gall (excusé) sur ce drame encore trop méconnu. Gérard Michel, président de l’OPMNAM (orphelins de Malgré-Nous) a rappelé que si la paix est revenue, « depuis 1945 nous attendons vainement l’acte de contrition d’un chancelier allemand. Ils se sont rendus à Oradour mais pas chez nous ! » Celui qui est aussi secrétaire de l’ADEIF a réclamé le bénéfice d’une loi allemande de 1997 qui amnistie et indemnise les réfractaires et les déserteurs allemands des armées allemandes : pourquoi les incorporés de force ne pourraient ils pas bénéficier des mêmes dispositions, ayant eux aussi eu à subir les jugements iniques des tribunaux d’exception nazis ? Renée Baudot, nièce d’un Malgré-Nous disparu, a engagé un procès en Allemagne pour faire reconnaître l’incorporation de force comme crime contre l’humanité. Elle a demandé à tous les Allemands de contacter leur député pour que le Bundestag vote une loi qui reconnaisse l’incorporation de force comme crime contre l’humanité. « On ne peut pas bâtir une Europe avec des non dits » a rappelé le chanoine Kieffer, ancien Luftwaffenhelfer enrôlé de force à 16 ans. Jean-Jacques Stahl s’est associé à cette cérémonie du souvenir pour des soldats obligés de porter l’uniforme d’un pays et d’une cause qui n’était pas les leurs. Cet adjoint ceint de l’écharpe tricolore représentait la commune d’Obernai qui avait rénové en 1991 l’immense croix blanche au sommet du mont National. Symbole visible évoquant toutes les croix manquantes pour les incorporés de force reposant dans différents pays de l’Europe.
M. G-L
Photos Gérard Andlauer
- Article paru dans « L’Alsace » du 31.8.18 transmis par Raymond Cronenberger :