Cette semaine, nous avons eu connaissance du jugement rendu par le Tribunal de Grande Instance de Sarreguemines le 23 mars 2020 à l’encontre de l’Allemand auteur de la stèle dédiée à la 17e SS-Panzergrenadier-Division, découverte le 4 janvier 2018 sur la commune de Volmunster, en Moselle.
Le Tribunal, après examen des faits, a rendu un jugement exemplaire en application des lois en vigueur dans notre pays. Le prévenu a été condamné pour
- apologie de crime de guerre par parole, écrit, image ou mode, de communication au public par voie électronique.
- apologie de crime contre l’humanité par parole, écrit, image ou mode, de communication au public par voie électronique.
à 18 mois de prison dont 9 mois avec sursis et, à titre de peine complémentaire, à la confiscation et la destruction de la stèle.
Dans leurs attendus, les magistrats ont rappelé un épisode tragique survenu à Rimling en janvier 1945, ainsi que le drame de l’incorporation de force souvent méconnu, déformé voire nié. Nous les en remerçions.
En l’espèce, nous lisons :
- » Attendu que si faire l’apologie de crimes de guerre et de crime contre l’humanité à travers une stèle dédiée à une division SS présente en soi une certaine gravité, il est évident que faire l’apologie de ces crimes sur le ressort de la commune de Volmunster qui se situe à 8,5 kilomètres de la commune de Rimling où la « 17e SS-Panzergrandier-Division » arrêta 15 hommes dans la soirée du 13 janvier 1945 lors de l’opération Nordwind avant de leur faire subir un calvaire jusqu’au 20 janvier 1945 en leur imposant brimades, humiliations, mauvais traitements physiques comme se laver la tête à l’eau glacée et plusieurs simulacres d’exécution devant un peloton, ne peut que caractériser l’extrême gravité permettant clairement d’envisager le prononcé d’une peine d’emprisonnement ferme.
- Attendu que nonobstant cet épisode tragique de Rimling, le simple fait de faire l’apologie de crimes de guerre et crime contre l’humanité à travers une stèle dédiée à une division SS en territoire mosellan caractérise là encore l’extrême gravité qui autorise le prononcé d’une peine d’emprisonnement ferme dans la mesure où toute présentation laudative de n’importe quelle division SS ne peut que renvoyer au drame si peu évoqué et pas encore totalement cicatrisé des « Malgré-Nous » soit des 103.000 Alsaciens et 31.000 Mosellans incorporés de force dans les armées allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale et ceci y compris au sein de la Waffen-SS.
- Attendu que l’érection d’une stèle en l’honneur des soldats-morts de la « 17e SS-Panzergrenadier-Division » en territoire mosellan est à la fois un affront direct la mémoire des 15 martyrs de Rimling mais aussi un affront direct à la mémoire des 31.000 Mosellans incorporés de force ».
Cette condamnation montre au prévenu qu’en France, il n’y a pas de place pour les néo-nazis, ni pour l’apologie du nazisme, « der Verbrecherstaat » selon les termes d’Eugen Kogon.
En mémoire de nos morts, nous devons continuer à nous battre pour que le gouvernement de la République Fédérale d’Allemagne reconnaisse l’incorporation de force comme crime contre l’humanité.
Tant que la RFA ne reconnaîtra pas ce crime contre l’humanité, elle restera la débiteur moral de tous les pays européens auxquels les nazis ont imposé l’incorporation de force.
Les pays et les habitants victimes du nazisme méritent le respect et non des réponses évasives et approximatives ou des paroles lénifiantes de la part des autorités allemandes.
Ne pas reconnaître l’incorporation de force, c’est réécrire l’Histoire avec une propension à amnistier les autorités criminelles du IIIe Reich.
Renée Baudot, le 9 juin 2020