L’im­pos­sible rêve de l’Al­le­magne : un siège au Conseil de Sécu­rité – par Renée Baudot

Commentaire (0) Actualité, Billet d'humeur

 

Madame Anne­gret Kramp-Karren­bauer, la Walky­rie de la Sarre (président du CDU), réclame le partage de notre siège au Conseil de Sécu­rité de l’ONU.

Ce siège, la France l’a obtenu après la Seconde Guerre mondiale au titre de la victoire des quatre pays alliés par le sacri­fice de ses combat­tants et de sa popu­la­tion.

Le partage de ce siège est tota­le­ment exclu : iIl appar­tient à tous les Français. Ce siège a été édifié avec le sang des patriotes qui ont donné leur vie pour la liberté de notre pays. Notre siège au Conseil de Sécu­rité est un attri­but de notre souve­rai­neté. Il signe le rang de notre pays dans le monde.

 

Mon jeune ami Arthur s’in­té­resse beau­coup à l’His­toire et ne cesse de me poser des ques­tions. Récem­ment, il m’a dit : « qu’il ne compre­nait pas comment l’Al­le­magne, qui a perdu la guerre après avoir fait régner la terreur sur le conti­nent, pouvait avoir l’au­dace de diri­ger l’Eu­rope ». Ma réponse fut la suivante : depuis quelque temps, nos gouver­nants ont mis les vain­cus au même rang que les vainqueurs (commé­mo­ra­tion du Débarque­ment, itiné­rance mémo­rielle). L’Al­le­magne en a tiré la conclu­sion que sa puis­sance écono­mique et la récon­ci­lia­tion franco-alle­mande lui donnaient la légi­ti­mité de régner sur l’Eu­rope.

La récon­ci­lia­tion franco-alle­mande n’équi­vaut pas à l’ab­so­lu­tion plénière des fautes. Le géné­ral De Gaulle a accepté la récon­ci­lia­tion pour permettre à nos peuples de vivre une paren­thèse heureuse de l’His­toire. Arthur appelle cela « donner de grandes vacances à notre pays », avant d’ajou­ter « la paix éter­nelle n’existe pas, sauf dans les cime­tières ». En effet, la pax romana ne fut pas éter­nelle. Elle fut impo­sée par les Romains aux régions conquises et dura envi­ron deux siècles.

 

L’Al­le­magne rêve d’oc­cu­per un siège curule au Conseil de Sécu­rité. Son histoire le lui inter­dit. La nais­sance de l’ONU et du Conseil de Sécu­rité sont des consé­quences directes de la Seconde Guerre mondiale.

Edgar Faure a quali­fié le nazisme de « service public du crime » au procès de Nurem­berg. Le IIIe Reich et ses exac­tions dénient à l’Al­le­magne l’impe­rium (le pouvoir de contraindre et de punir) néces­saire pour occu­per le siège curule. En effet, il n’est pas d’usage de recru­ter les magis­trats parmi les crimi­nels, sauf dans les systèmes mafieux. Il reste à l’Al­le­magne un long chemin à parcou­rir pour être un peuple comme les autres. Elle ne pourra reven­diquer ce statut qu’a­près avoir reconnu et réparé les crimes commis en Europe par le IIIe Reich et, en premier lieu, recon­naître l’in­cor­po­ra­tion de force comme crime contre l’hu­ma­nité.

Comme le dit Arthur : « Si l’Al­le­magne veut jouer dans la cour des grands – les cinq membres du Conseil de Sécu­rité – il va falloir qu’elle change de logi­ciel » !

 

En conclu­sion : Madame Anne­gret Kramp-Karren­bauer a été ministre de l’Edu­ca­tion du Land de la Sarre. Elle se vante d’avoir intro­duit le bilin­guisme dans le primaire. Il aurait mieux valu privi­lé­gier l’en­sei­gne­ment de l’his­toire de la Sarre, une histoire doulou­reuse : lors du réfé­ren­dum de 1935, les Sarrois se pronon­cèrent  à 90,5% en faveur du ratta­che­ment au IIIe Reich.

La lutte contre le nazisme passe par l’étude de l’His­toire et le devoir de Mémoire, cela aurait évité à un jeune néo-nazi sarrois de Puttlin­gen d’im­plan­ter une stèle nazie sur le terri­toire français, à Volmuns­ter en Moselle ! Avant de rêver à un siège à l’ONU, il est néces­saire de faire le ménage dans son Land.

 

Renée Baudot

 

  • Ci-dessous : un docu­ment des Archives de Pots­dam extrait du livre de Gisèle Loth, Dernier secret de la Maison Rouge, éd. Roland Hirlé, 1993, p.268–269.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *