L’ADEIF du Bas-Rhin conserve dans ses archives un répertoire photographique des disparus du Luxembourg imprimé à Paris et rédigé en russe : » Grand Duché du Luxembourg. Liste des ressortissants incorporés de force dans l’armée allemande ». Nous le reproduisons intégralement en pièce jointe.
Joseph Lantz
Ce texte est un résumé du témoignage écrit que Joseph Lantz nous a confié. Voir aussi son récit dans Kocherschbari n°39, 1999, p. 65–69.
Joseph Lantz est né à Hayange (Moselle) le 15 mars 1932. Un après-midi, à la sortie de l’école, un chef de la Hitlerjugend, collaborateur notoire, lui a donné plusieurs gifles parce qu’il avait refusé de le suivre à une réunion hitlérienne[Joseph Lantz a retrouvé la trace de ce personnage qui ne semble pas avoir été inquiété à la Libération, bien au contraire : pour sa brillante carrière, il a été fait officier dans l’ordre des Palmes académiques en 1992. « Une distinction que j’ai du mal à comprendre… A méditer… » ajoute-t-il.]]. Né dans une famille francophile ([voir les témoignages de son père et de son frère), Joseph Lantz et sa famille ne pouvaient que subir les foudres des Allemands. Le 22 janvier 1943, ils sont réveillés à 3h30 du matin par des SS et conduits en bus à Thionville (alors appelé Didenhoffen). Vers 8 heures, ils prennent le train en direction de Striegau, en Silésie. Toujours sous la surveillance d’hommes en arme, ils sont amenés « dans un ancien couvent converti en camp de discipline. Striegau et son commandant faisaient partie d’un commando du camp de concentration de Gross Rosen.
L’Obersturmführer était debout sur une table et nous criait des insultes (« Vous êtes tous des sales Français – des Schweinebande, ich werde euch schon klein bringen “ ) et nous menaçait du camp de concentration, qui n’était pas très loin de nous, pour celui qui ne marchait pas droit.
Le camp n° 122
Nous avons été répartis dans différentes chambres ou grandes salles. Il y avait des chambres de 30 à 120 personnes – jeunes, vieux et enfants, tous ensembles. Nous étions 36 personnes pour dormir sur de vieilles paillasses et des lits à trois étages.
J’avais 11 ans. Nous, les jeunes, devions nous rassembler tous les matins à 6 heures. Interdiction d’avoir quelque chose sur la tête. Par un froid glacial, le Lagerführer nous partageait le travail du camp. Ma mère me donnait deux paires de pantalons de mon père et je mettais deux paires de chaussettes pour ne pas avoir trop froid. Nous avions malgré tout très froid ; il y avait beaucoup de neige. Même, qu’un matin, j’avais de la glace après mon zizi, mais je n’osais rien dire à mes parents. Il y avait également, pour les jeunes, des camions et des wagons à décharger, ainsi que les corvées intérieures et extérieures du camp, sans oublier les coups de pied au cul et les insultes…
Nous avions aussi des journées consacrées à la chasse aux punaises qui, la nuit, nous suçaient le sang.
Le travail était obligatoire pour tous. Nous étions devenus les esclaves du IIIe Reich hitlérien.
La toilette se faisait tous ensembles : hommes, femmes et enfants. Pour les WC, il y avait toujours de longues files d’attente.
Nous avions aussi des demi-journées d’école pour apprendre les grandes victoires de l’Armée allemande et le tout pour la propagande nazie. Quelques fois, nous avions le droit de sortir le dimanche pour aller à l’église. Le curé allemand de la ville était gentil avec nous et nous réconfortait bien souvent. Il m’autorisait même à me confesser en français, alors qu’il ne le comprenait pas.
Avec ce froid, nous avions bien souvent des angines et de fortes fièvres, sans oublier la scarlatine et ses éruptions, ses plaques et les quatre semaines de diète qui nous ont bien affaiblies. Les seuls remèdes et médicaments étaient des pilules rouges.
Tout notre courrier était contrôlé et tous les colis que nous recevions de la famille étaient ouverts… et dépouillés des meilleures choses.
Notre vie d’incarcérés en camps spéciaux prenait forme. Nous étions étonnés de notre capacité d’adaptation. Notre destinée aurait pu être pire et notre chance a été de ne pas appartenir à une ethnie vouée à l’extermination comme les tziganes ou les juifs. Nous étions susceptibles d’être encore récupérables au sein d’une grande Allemagne.
„ Scheiss Hitler “
Mon père, déserteur de la Première Guerre mondiale, avait toujours la hantise d’être un jour découvert. Gravement blessé au bras en Russie (…), il ne pouvait pas faire de gros travaux, mais devais nettoyer les WC du camp – le plus sale des travaux.
Notre maman était obligée d’aller travailler en ville pour nettoyer les écoles. Je l’accompagnais bien souvent ; les jeunes nous crachaient dessus. C’était très sale – ils le faisaient exprès (…). [Elle] avait bien souvent la parole courageuse (…), mais aussi très dangereuse pour sa famille. Lors d’une convocation par le Sturmführer, à propos de son travail dans les écoles, pour saluer en entrant dans le bureau, elle dit „ Scheiss Hitler “ (« Merde Hitler ») à voix basse[[Le salut „ Heil Hitler ! “ était obligatoire pour entrer dans le bureau du Sturmführer.]]. Le Sturmführer l’apostropha aussitôt : „ Was haben sie gesagt ? “ (« Qu’avez-vous dit ? »). Mère lui répondit aussitôt : „ Ich habe es zu schnell gesagt und habe „ Heiß Hitler “ gesagt “ (« J’ai parlé trop vite et j’ai dit Chaud Hitler »). A moitié convaincu, le Sturmführer lui répondit méchammant : „ Noch einmal solche Worte und die ganze Familie Lantz kommt nach Gross Rosen ! “ (« Encore une fois de telles paroles et toute la famille Lantz se retrouvera à Gross Rosen ! »).
Maman est tombée pendant son travail ; ce jour-là, j’étais avec elle pour l’aider. Elle avait perdu beaucoup de sang et il n’y avait personne pour nous aider. Elle est restée sans soins. En arrivant à l’hôpital, le médecin nous a dit qu’il était en attente d’un mort et qu’il n’y avait pas de place pour elle.
Mon petit frère était souvent malade, mais les pilules rouges étaient données pour toutes les infections. L’infirmière passait tous les jours dans les chambres. C’était une grande perche, avec une voix perçante, et très méchante. On disait : « Attention ! Voilà la guêpe qui arrive ! ».
Nous étions quatre copains toujours ensembles pour travailler. C’est dans ces longs couloirs, en cachette, sur des caisses, que j’ai appris à jouer à la belote. Nous nous sommes fait prendre par le Lagerführer et avons reçu une bonne correction : gifles, coups de pied au cul et menaces.
Nous avions aussi confectionné une carte bleu-blanc-rouge avec une photo. Nous avons détruit ces cartes par peur des représailles, mais, malgré tout, nous continuions à jouer à la belote et à parler en français.
Transfert au camp 220
Après un an de privation et de travail dans le camp 122, nous avons déménagé dans un autre camp, encore plus pauvre et plus froid. C’était le sinistre camp 220 avec des baraques et une installation précaire et sale[[ Ce camp se trouvait à proximité de la gare de Striegau.]]. On voyait tous les jours passer les pauvres concentrationnaires. Ils marchaient péniblement avec leurs sabots dans leurs habits rayés. Nous avions encore bien de la chance de ne pas être parmi ces malheureux. Notre Obersturmführer nous menaçait bien souvent de Gross Rosen.
Nous, les jeunes, nous avions toujours les mêmes corvées et travaux dans ce camp qui était entouré de barbelés. Les conditions de vie dans ce camp étaient des plus mauvaises en raison de son installation précaire, du manque d’hygiène et de chauffage. La nourriture était insuffisante et non appropriée aux enfants qui y vivaient avec leurs parents et leurs grands-parents[[L’ordinaire était parfois amélioré par des pommes vertes ou des pommes de terre que les jeunes rapportaient en cachette de leurs travaux dans les champs.]].
Toutes les nuits, nous entendions de gros avions (…) passer au-dessus de nous. Nous pouvions voir la clarté des bombardements au loin et nous savions que c’étaient les Américains. Nous avons été bombardés deux fois dans nos baraques et nous avions juste le temps de nous cacher sous nos lits. Le bruit des canons de l’Armée russe se rapprochait tous les jours. Mon père ne voulait pas être libéré par les Russes : il se souvenait de la guerre de 14–18 et savait ce qu’ils pouvaient faire…
Vers la liberté
Le 12 février 1945, abandonnés par nos gardiens, nous avons pris la fuite. Notre maman a pris une charrette à quatre roues près de la gare de Striegau. Après avoir abandonné le plus gros de nos bagages, nous sommes partis avec quelques affaires. Mon petit frère sur la charrette, je marchais devant avec mon père et maman poussait derrière. Nous avons marché ainsi pendant deux jours et deux nuits, dans le froid du mois de février, sans avoir à manger. Nous nous sommes reposés sur les bancs des églises restées ouvertes. C’était la débâcle ; il y avait même des Allemands qui fuyaient.
Après un regroupement, nous avons repris un nouveau convoi de wagons. Nous avons passé cinq jours et cinq nuits toujours sans recevoir à manger. Tout le monde sortait lors des arrêts pour chercher un peu de pain. Mon père était allé trop loin et a manqué le départ. Il a mis deux jours pour nous retrouver[[Durant ce laps de temps, Jacques Lantz a été témoin, dans une petite gare, du fait suivant : un groupe de personnes s’en prenait à un SS en fuite. En s’approchant, il a reconnu le Lagerführer Hampel de Striegau. Malgré tout ce que ce dernier avait fait subir à sa famille, il est intervenu en sa faveur, indiquant que ce SS n’était qu’un exécutant.]]. Notre mère, partie elle aussi, a dû prendre le train en marche et s’est retrouvée dans le dernier wagon. Sans nouvelles de nos parents, consolés par les autres, nous avons attendu le prochain arrêt pour la retrouver.
Notre voyage a duré sept jours à partir du départ de Striegau, sans ravitaillement. Nous étions tous affamés, assoiffés et exténués. Il y avait encore des soldats allemands, mais plus ces SS en armes (…). Après neuf jours, nous sommes arrivés en Bavière, le 21 février 1945 (…). Nous avons été répartis en plusieurs groupes et villages. Notre groupe comprenait 68 personnes – adultes et enfants. C’était un petit village appelé Zenting. Nous étions rassemblés dans une grande salle de danse qui était recouverte de paille avec un chemin au milieu. Comme il n’y avait pas beaucoup de place, nous dormions comme des sardines : l’un la tête en bas, l’autre en haut et le tout bien mélangé !
Nous étions toujours encore sous contrôle allemand, mais sans SS. Nous faisions à manger nous-mêmes en allant chercher des pissenlits ; les gens du village disaient que nous mangions de l’herbe. Mon père partait tous les jours chercher de quoi manger, c’est ainsi qu’il a rencontré une famille bien gentille et compréhensive.
Fils de cultivateurs, mon père s’est proposé d’aider cette famille qui a bien voulu de nous (…) et a pris le risque de nous accueillir. Le père était à la guerre et la mère s’occupait d’une petite ferme. Le fils avait 14 ans et il y avait une petite fille de 10 ans (…). Mon père sortait dans les champs avec les bœufs et moi, j’aidais le fils à nettoyer les bêtes et l’écurie. Nous sommes rapidement devenus des amis et j’eus la chance de pouvoir dormir avec lui dans un vrai lit. Il s’appelait Joseph comme moi. C’est là que nous avons pris nos premiers repas et nos premières forces. On mangeait tous ensembles sans assiettes et dans une même poêle. Nous mangions notre première viande depuis deux ans : une bonne choucroute avec du lard bien gras que je mordais à pleines dents !
Bien des souvenirs me restent de ces Bavarois qui sont, par la suite, restés nos amis et que je n’oublierai jamais.
Nous avons également eu la surprise de revoir notre deuxième grand frère, Jacques, qui avait réussi à s’enfuir du camp de Linz (…).
Retour et déception
Après trois mois, le printemps est arrivé et notre libération tant attendue aussi, grâce aux troupes américaines. C’était le 28 avril (…). Les aînés du camp étaient allés attendre les Américains (…) avec notre drapeau et ainsi protéger le village de la destruction. Une semaine après, nous avons commencé à parler du retour vers la France et avons préparé ce qu’il nous restait comme bagages (…).
Le retour, drapeau haut, en camion était également pénible ; nos cœurs étaient lourds, mais libérés… Après deux jours passés à Nuremberg, couchés dans des couloirs sur des couvertures, nos repas constitués de conserves, nous avions hâte de rentrer. Nous avons pris un long train de wagons à bestiaux avec de la paille… et toujours avec notre drapeau (…). Le voyage a duré encore cinq jours et cinq nuits. Nous avons traversé l’Allemagne en sens inverse et rencontré beaucoup de ruines et de misère.
Nous sommes arrivés à Metz le 22 mai 1945. Nous avons été accueillis froidement (…). Le 23 mai 1945, nous sommes arrivés à la gare de Hayange (…). Il ne nous restait que quelques petits colis que nous portions à la main, mais je crois que, grâce à Dieu, nous nous sommes retrouvés tous les six, bien faibles, mais surtout heureux d’être ensembles (…). Mon grand frère Eugène, rentré depuis deux mois et prévenu de notre arrivée, vînt à notre rencontre. Or, l’apercevant de loin, Jacques envoya notre plus jeune frère à sa rencontre. Eugène ne le reconnu pas et le repoussa. Vous voyez le tableau !
Nous étions bien arrivés chez nous, mais il ne nous restait plus rien : plus un drap, la cave avait été vidée, tout était parti. Il fallait recommencer à zéro (…). Nos voisins étaient tous indifférents envers nous. Nous nous sentions gênés par rapport aux autres. Notre père avait bien reçu quelques subventions et habillements du centre de rapatriement, mais à voir ceux qui étaient restés chez eux, nous étions bien des imbéciles et des pauvres oubliés de la guerre (…).
Le 24 mai 1945 – sans avoir de repos après ce long retour -, moi et mon frère sommes retournés à l’école. Nous étions des oubliés, de pauvres garçons amaigris, très timides. Nous n’avions rien à dire. Nous étions repoussés et rejetés par les autres, bien plus forts que nous. L’instituteur ne m’a pas demandé pourquoi j’étais un nouveau venu…
A l’école, malgré notre grand retard, nous étions toujours encore parmi les moyens. En partant en 1943, mon père avait emporté un livre de lecture en français et nous faisait très souvent écrire les tables de multiplication. Mis à part l’orthographe… le grand handicap de notre vie scolaire et professionnelle : nous avons terminé nos études à 14 ans.
Je me souviens aussi que, ne sachant pas écrire sans fautes les dictées (je faisais plus de 50 fautes), l’instituteur se faisait un malin plaisir à nous taper sur les doigts pour chaque faute d’orthographe ! Nous n’osions rien dire à la maison. C’est à l’école, mais plus encore à l’apprentissage que nous avons le plus souffert de notre handicap : nous subissions les moqueries des professeurs et des camarades de classe…
A 16 ans, sans diplôme et sans qualification, c’est bien là que nous avons réalisé qu’on nous prenait pour des imbéciles. Notre éducation a été confisquée au profit de travaux pour le IIIe Reich. Le hasard nous a guidé, bien plus que la volonté, nous les jeunes de 12 à 16 ans, les rescapés en 1945. Je rêvais d’une autre vie après l’école. A cause de ce manque de savoir, j’ai souvent été pénalisé dans ma vie quotidienne.
Pour conclure, je voudrais ajouter que, lorsque nous sommes revenus, nous n’avions pas envie de parler. Nous préférions regarder en avant et penser au lendemain. Nous avons laissé derrière nous les camps, les longs voyages et les mauvais souvenirs. Nous voulions seulement oublier. Et maintenant, 60 ans après, le passé nous revient avec ce qui se passe aujourd’hui : guerres, exclusions, etc. Il faut regarder vers l’avenir, vers l’Europe et la paix dans le monde. Il ne faut surtout pas garder de la haine ou entretenir un esprit de vengeance : il faut pardonner sans toutefois oublier ».
Jacques Lantz (fils)
Le texte publié ici est un résumé de son témoignage écrit que nous a communiqué son frère, Joseph Lantz.
Jacques Lantz est né en 1925 à Hayange (Moselle). En 1940, à l’école, il évite ses anciens copains, de souche allemande, qui arboraient fièrement une croix gammée à leur boutonnière. Ne fréquentant plus assidûment les cours – et les formations du style Hitlerjugend -, il est convoqué à plusieurs reprises à l’Arbeitsamt. C’est ainsi que, le 28 novembre 1940, Jacques Lantz, âgé de 15 ans, devient apprenti à l’Usine Saint-Jacques, au service des constructions métalliques dans un premier temps.
En 1941, son frère aîné, Eugène, bien décidé à éviter d’être recruté par les Allemands, quitte la Moselle grâce à un réseau de passeurs, puis, après avoir gagné Privas (Ardèche), il rejoint l’Armée française à Bizerte.
Le 15 janvier 1943, vers 3 heures du matin, deux soldats viennent le chercher pour l’intégrer à un convoi en partance pour l’Allemagne ; il se compose presque uniquement d’hommes[[Quelques jours plus tard, une convocation pour être incorporé de force est arrivée à son domicile !]]. Le soir même, le convoi arrive à Bad Blankburg (Thuringe).
« Escortés par des soldats, on nous emmène dans une grande salle de meeting où, sur une paroi, on voit en grand le portrait de Hitler. Des lits superposés en rangée de quatre nous attendent et chacun choisit son emplacement. Premier camp pour nous et surprise ! Un seul endroit pour les toilettes : des sièges côte à côte, sans porte, où l’on faisait la queue pour faire ses besoins et, surtout, le seul endroit où existait une fenêtre pour respirer un peu d’air frais, trop petite pour s’évader. Sur les lits, des sacs de paille et une nourriture dont je ne me rappelle plus les détails.
Environ tous les deux jours, rassemblement bien escorté pour une promenade à l’extérieur. Un détail pour la première sortie dont j’ai souvenance, c’était que tous ceux qui portaient un béret devaient sortir des rangs et retour dans la salle pour une corvée de nettoyage ».
Usines Hermann Gœring
Le 21 janvier, Jacques Lantz apprend que ses parents et ses frères ont également été déportés.
« Dans ce camp de passage, au bout de huit jours et tous les jours, des noms sont appelés pour partir travailler vers des destinations différentes. Mon tour arrive fin janvier (…). Arrivé à Linz, je dois rejoindre un camp 45, puis, le lendemain, rejoindre un poste de travail au garage des usines Hermann Goering ». Quelques jours passent quand il est convoqué dans un bureau des SS. Il y est questionné et refuse de signer un papier stipulant qu’il n’est pas juif. Malgré les preuves qu’il apporte (récitation de prières en latin), il est muté dans un camp de la Jeunesse hitlérienne. Là-bas, chaque matin, les jeunes se lèvent à l’entrée d’un supérieur et crient „ Heil Hitler ! “ le bras tendu. Malgré les risques encourrus, Jacques Lantz reste couché, ce qui provoque la curiosité des autres jeunes gens. Il explique alors qu’il est français et dans quelles conditions il est arrivé dans ce camp. La punition ne se fait pas attendre : il est envoyé dans le camp 49 où il partage une chambre avec d’autres Lorrains[[Ce camp se compose uniquement de baraquements de quatre chambres abritant chacune 16 personnes, avec des lits superposés et un fourneau au centre.]]. Ses compagnons de chambrée viennent de Sainte-Marie-aux-Chênes et de Pierrevillers. Ils sont tous employés à l’usine Hermann Goering. Jacques Lantz est occcupé aux Ateliers centraux comme apprenti soudeur. « Dans cet atelier, je travaille avec des Italiens, des Tchèques, des Ukrainiennes qui étaient aussi soudeurs. On travaillait 12 heures par jour ; une semaine de 6h à 18h et, ensuite, de 18h à 6h, jours de fêtes et dimanche compris ! ». Avec ses copains de chambrée, ils ont des projets de sabotage.
Démêlées avec la Gestapo
Devenu un soudeur qualifié, des travaux toujours plus importants lui sont confiés. « C’était pénible, surtout la nuit quand le sommeil vous prenait, de faire du bon travail ; en plus c’était aux pièces. J’étais conscient du travail mal fait et, surtout, que je devais mettre un poinçon marqué du « L » de mon nom sur les pièces qui étaient donc facilement reconnaissables par la suite. Ce qui m’a valu un jour, à 6 heures du matin[[Après une nuit de travail.]], d’être encadré par deux agents de la Gestapo qui m’emmènent dans un bureau où je suis assis, avec la clarté d’une lampe de bureau dans les yeux jusqu’à 12 heures. Moi, qui attendait de rentrer pour le casse-croûte du matin, le ventre creux. On me laisse ainsi un certain temps et, enfin, on me questionne : « Vous savez que vous n’avez pas bien soudé vos pièces et que c’est du sabotage ». Parlant allemand, je me défends que j’étais fatigué la nuit et que j’allais réparer toutes ces pièces mal faites dans les jours suivants tout en respectant mon travail du jour.
Je n’ai pas besoin de mentionner le ton avec lequel on me parlait, ni le nombre de fois où l’on voulait me faire avouer que c’était du sabotage et que je méritais d’être envoyé au Arbeitslager qui était encore pire que le camp de concentration, car on avait aperçu ce qui se passait pour ceux-là.
J’ai été libéré pour 12 heures et les copains de la chambre se demandaient ce qui m’était arrivé. Il faut savoir que, pendant la nuit, un jeune SS manchot, car blessé de guerre, circulait dans tout l’atelier pour surveiller ceux qui dormaient ou ne travaillaient pas. Il venait voir dans nos cabines des soudeurs et même essayer de flirter avec des jeunes Ukrainiennes, soudeuses comme nous.
Malgré cela, on s’organisait entre soudeurs : il y avait une galerie de câbles souterrains qui était cachée près de nos cabines et alors, à tour de rôle, la nuit, on pouvait se coucher recroquevillés contre les parois. Les anciens nous disaient « Gare aux rhumatismes que tu vas avoir », mais nous, les jeunes, on s’en foutait. Mais, aujourd’hui, on se rappelle ; les conséquences sont là (…).
Sabotages
Etant soudeur chevronné fin 1944, je dois souder des tourelles de char « Tigre ». Cela consistait à souder les joints des tourelles en deux parties d’une épaisseur de 150 mm environ de chaque côté, de part et d’autre, avec des électrodes en inox de 6 mm de diamètre. Je recevais le nombre d’électrodes équivalant au travail à effectuer. Or, je m’acquittais de mon travail en mettant des bouts de ferraille dans le fonds des chanfreins et, ainsi, récupérer une électrode à chaque fois ». Ces électrodes étaient ensuite transformées en bagues par quatre personnes différentes, dont Jacques Lantz, puis échangées contre du pain. « Si cela avait été découvert, c’était le camp de travail où les hommes ne résistaient pas longtemps, tellement c’était atroce à voir ce qu’ils subissaient ; pire que le camp de concentration de Mathausen dont le camp de Linz était le camp annexe (…)[[Jacques Lantz a eu l’occasion de voir ces prisonniers rentrer de leur travail ; « celui qui s’écroulait de fatigue était fusillé de suite et les autres prisonniers devaient l’emporter ». Quant aux détenus de Mathausen, il avait des échos de leur internement car ils venaient travailler dans les mêmes ateliers, sous la surveillance étroite de SS et de kapos.]].
Ce sabotage n’était pas le seul qu’on réalisait. Je peux évoquer les travaux que l’on faisait dans notre chambre, grâce au matériel que chacun, suivant ses possibilités et l’endroit où il travaillait, pouvait se procurer ». Jacques Lantz et ses camarades fabriquent également des bougies pour les troquer contre de la nourriture. Echanger sa ration de cigarettes permet aussi d’améliorer l’ordinaire. C’est une question de survie.
« Durant notre séjour, j’ai connu bien des étrangers de toutes nations, des Français STO et des déportés, qui mangeaient de la craie ou d’autres denrées qui procuraient de la température. Ils se rendaient ainsi à l’hôpital (Lazaret) et pouvaient rester une journée ou deux sans travailler. Mon cas a été différent car, effectivement malade avec de la température, je suis mis comme étranger dans une chambre, dans les mêmes conditions que les autres. Or deux jours, puis trois jours avec un besoin de me rendre au WC et faire du sang, on me donne du charbon à manger, un médicament sans autre indication. Le jour suivant – je comprenais l’allemand, mais j’étais un Français comme les autres pour eux -, le docteur dit à son infirmier : « Foutez le dans une chambre seule, comme cela personne ne le verra crever ». Je me suis dit : « Ah non ! Je ne crèverai pas ! » et j’ai bien prié, pris mes médicaments, charbon et autres que l’on me donnait. Je suis resté ainsi, toujours à faire du sang, puis cela s’est amélioré ». Un de ses camarades, Pierrot, venait chaque jour lui apporter des victuailles pour l’aider à reprendre des forces. Dès le lendemain de sa sortie de l’hôpital, Jacques Lantz s’est remis au travail.
Ils étaient également contraints de procéder à des réparations comme celles de hauts fourneaux percés à la suite d’un bombardement ou de wagons citernes mitraillés par des avions. Dans ce dernier cas, Jacques Lantz a effectué des travaux de soudure à l’intérieur d’une citerne sans savoir ce qu’elle avait contenu ! Mais, à l’époque, un mort de plus ou de moins, quelle importance ?
Jacques Lantz se souvient, avec émotion, du bombardement du 25 juillet 1944 qui avait fait 200 morts environ « dont un jeune de notre chambre qui était avec son père ». Il devait en connaître encore une vingtaine. « Subir des bombardements, il faut les avoir vécu pour en parler. Surtout ceux avec des bombes à retardement qui sautent devant vous, quand on ne s’y attend pas (…), lorsque l’alerte est terminée ». Le jour, lui et ses camarades redoutaient les bombardements des Anglais et des Américains et, la nuit, ceux des Russes.
« Pour tous ceux qui ont vécu et subit des bombardements, il faut savoir que, tous les jours depuis ce 25 juillet 1944, le moral de tous était au plus bas. A chaque départ au travail, on se disait « Adieu » et à la grâce de Dieu. D’ailleurs, à l’heure actuelle, je suis allergique aux sirènes et je sursaute à chaque fois que des Mirages passent au-dessus de moi ! Je suis encore traumatisé aujourd’hui.
En fuite
Pour terminer mon témoignage, je voudrais encore parler de notre nourriture et de notre vie au camp. Il existait une baraque qui servait pour faire la toilette. Des robinets au-dessus d’un long bac pour se laver, se raser ; pas de douche, ni de baignoire. C’était aussi là que l’on faisait la lessive de ses frusques. Partout où je voyais un chiffon – je n’étais pas le seul – il servait pour emballer mes pieds dans mes sabots en bois. C’est ainsi qu’un jour j’ai pris la doublure de ma veste et des manches pour m’en servir. Des WC, je n’en parle pas, car pas très propres, ni au camp, ni à l’usine.
Comme nourriture, nous avions toutes les semaines nos tickets „ Morgen “, „ Mittag “ et „ Abend “. Il nous fallait aller au réfectoire où se trouvait la cuisine et, pour „ Morgen “, on recevait, un jour, 1/2 boule, soit une livre de pain noir, avec un petit carré de beurre et une cuillère de confiture. Le lendemain, c’était la moitié, soit 1/4 de boule et du beurre. A midi, une louche de rutabaga ou autre chose qu’on devinait dans notre gamelle, et le soir autant. Souvent, en tournée de nuit, on dormait et ne mangeait pas à 12h, alors, le soir, on avait deux louches avec le ticket „ Mittag “ et „ Abend “. Certains vendaient les „ Mittag “ pour des cigarettes. Lorsqu’on trouvait un morceau de viande dans la gamelle, c’était une Sondermeldung, un « spécial flash ». De même, on se déplaçait vers d’autres Lager pour goûter leur menu avec les mêmes tickets. Par exemple, les Lager où il y avait beaucoup d’Italiens avaient des pâtes comme casse-croûte. Pour travailler, il fallait s’organiser avec son pain. Très souvent, comme soudeur, on avait une tôle épaisse sur laquelle on soudait jusqu’au moment où elle était chaude : on grillait légèrement le pain avec un peu de moutarde qu’on pouvait acheter car on avait, tous les mois, une petite rétribution pour notre travail ».
Jacques Lantz se remémore aussi la calamité que représentent les punaises ainsi que les ruses employées pour aller manger des Stammgerich – des menus sans carte – ou pour se rendre dans des abris réservés aux Allemands. Pendant tout ce temps, il a pu correspondre avec sa famille détenue à Striegau. Profitant des avancées américaine et russe, il attend de toucher sa solde et ses cartes de ravitaillement pour s’enfuir. « Au départ de Linz, avec des trains de banlieue, je pars vers Passau, une ville assez importante. Mais, grâce à Dieu, la gare avait été bombardée (…) : le train s’arrête bien avant la gare et je puis donc emprunter des chemins à travers la colline pendant toute la journée pour enfin arriver au village de Zenting » où il a la joie de retrouver ses parents. « Deux jours après, avec les autres jeunes de ce camp, nous avons été au-devant des troupes américaines en leur assurant que la voie est libre pour rentrer dans le village ».
Un mois plus tard, la famille Lantz est conduite en camions américains à une gare, puis, en wagon à bestiaux, jusqu’à Metz. Après une nuit en centre d’hébergement et une visite médicale, les Lantz obtiennent leur carte de rapatriés et prennent le train jusqu’à Hayange où ils retrouvent le fils aîné qui les attendait.
Jacques Lantz (père)
Témoignage rédigé par lui-même le 23 juillet 1945 et transmis par son fils, Joseph Lantz.
« Depuis l’année 1925, j’étais occupé comme ouvrier à la Société métallurgique de Knutange. Dès le 7 juin 1940, en conséquence du déroulement défavorable de la guerre, tout travail a cessé dans cette usine comme dans les autres usines de la région.
Le 14 juin, nous recevions l’ordre de rejoindre l’intérieur de la France en vue de continuer à travailler ; malheureusement, à 30 km d’Epinal, nous étions arrêtés par l’avance allemande : il nous était impossible de rejoindre Dijon, lieu de ralliement qui nous avait été fixé. Le même convoi qui nous transportait nous ramenait en arrière par ordre des autorités ennemies jusqu’à Pont-à-Mousson. Là, en raison des destructions d’ouvrages d’art, nous devions continuer notre route à pied jusqu’à Hayange.
En raison des destructions des usines de la région, je restais au chômage depuis mon retour en juin jusqu’au 21 décembre de la même année. Cependant, l’ennemi avait installé ses offices du travail (Arbeitsamt) où je devais me rendre hebdomadairement. Plusieurs [m’ont dit] que je devais aller travailler en Allemagne, mais, alléguant ma qualité d’invalide de guerre, je pus éviter ce sort que beaucoup d’ouvriers dès ce moment-là devaient subir.
A cette date, le 21 décembre 1940, je recommençais mon travail à la même usine. Je devais y être occupé jusqu’au 16 janvier 1943.
Mon fils aîné, Eugène, étant, dès [le 25 avril] 1941, parti au titre de volontaire par convoi régulier d’expulsés en France non-occupée[[« Pour se soustraire aux obligations de la Wehrmacht ».]], je ne désirais qu’une chose : me faire inscrire aussi sur les listes des gens partant en France. D’autre part, je n’ai jamais pu me résigner à entrer dans une formation, ni même dans la Volksgemeinschaft, même au titre de simple membre. Mes enfants non plus, à aucun moment, n’ont fait partie d’une organisation nazie telle que la Hitlerjugend. Ne voulant pas que mon second fils, Jacques, continue après l’âge scolaire la fréquentation de l’école allemande, celui-ci dut aller travailler, par ordre de l’Arbeitsamt, comme garçon de course à la Maison de Wendel à ce moment-là dénommée „ Hermann Göring Werke “. Son traitement était d’environ 40 à 50 RM par mois ; plus tard, il devait être occupé comme employé aux écritures avec un salaire mensuel d’environ 80 RM. Cet emploi, il ne devait l’occuper que deux mois car, sur rapport du chef SA Métrich dénonçant Jacques comme ne faisant pas partie de la Hitlerjugend, il devait être payé au titre d’apprenti à raison de 25 RM seulement. Jacques devait être déporté le 15 janvier 1943 vers Blankenburg et, plus tard, à Linz (Autriche) et, comme ne faisant toujours pas partie de la Hitlerjugend, il devait travailler ainsi jusqu’à sa libération par les troupes alliées.
Déportés !
Le 16 janvier 1943, je devais moi-même cesser de travailler pour motif de ne pas faire partie de la Volksgemeinschaft. Quelques jours plus tard [[Arrêté à son domicile le 22 janvier 1943 par la Gestapo.]], je devais être déporté avec ma famille se composant de ma femme et de mes deux derniers fils[[Louise, Joseph (11 ans) et Jean-Pierre (7 ans).]]. J’ajoute que, préalablement, j’avais fait par écrit une demande pour pouvoir me rendre en France et ceci à la suite des ordonnances de Bürckel prévoyant l’établissement de listes de gens désireux de se rendre en France, pays qu’ils reconnaissaient être leur patrie.
Je fus donc déporté au camp de Striegau (Silésie)[[Egalement connu sous le nom de Stregom et Strzegom. Arrivée au Lager n° 122 le 24 janvier 1943.]]. Dans ce camp, alléguant toujours ma qualité de blessé de guerre et souffrant à ce moment de maux d’estomac, je pus éviter d’être employé dans les usines de guerre allemandes. Cependant, à l’intérieur du camp, je dus assurer les corvées d’entretien sans toucher aucun dédommagement. Même l’argent de poche alloué au déporté d’un camp[[Soit 3 RM par mois et par personne.]] ne m’a jamais été octroyé pour un motif que j’ignore ; je ne devais toucher cette allocation qu’à partir du 1er août 1945, sans rappel pour la période où je n’avais rien perçu.
Au moment de l’avancée russe, nous devions évacuer le camp de Striegau [[le 12 février 1945]] pour être transportés en Bavière, à Zentling[[Via Harmsdorf (16 février 1945)]]. Là, nous fûmes libérés par l’avance américaine le 28 avril 1945.
Le 23 mai 1945, nous étions de retour dans notre foyer lorrain [[à Hayange, Moselle]] ».
Albert OTT, Un jeune Alsacien dans la tourmente
Albert OTT, Un jeune Alsacien dans la tourmente de la guerre, 234 pages, 18 euros.
L’histoire d’un adolescent de la Basse-Alsace de 1930 à 1945. Ses racines, à Ohlungen, Surbourg et Saverne. Son bonheur et sa plénitude à Thannenkirch dans la maison forestière. Sa transplantation en Pologne à Breslau (Wroclaw), près de Treibnitz et en Allemagne à Rastatt, Fribourg et Unterjoch,
En suivant son histoire, on vit aussi celle de son frère Georges, Malgré-Nous également, et décédé au front. Europe, n’oublie pas ce calvaire !
Pour en savoir plus : http://albert.ott.fr/
MALISCHEWSKY Bernard : Itinéraire d’un réfractaire
Bernard Malischewsky est né le 12 11 1917 à Strasbourg. Il est le fils d’un sous-officier prussien Bernhard Malischewsky en service en Alsace et d’une mère alsacienne, Marie Louise Roeschwein.
En 1936, il change de nationalité et s’engage dans la Coloniale et part en Tunisie en 36. Il subit la défaite de 1940 où lui et ses camarades doivent se rendre sans tirer un coup de feu !
Rengagé pour 3 ans en 1941, il rejoint l’armée anglaise en Lybie, puis les FFL de De Gaulle. Il débarque en Sicile, puis à Naples libère l’Italie dont le mont Cassino, puis c’est le débarquement en Provence et la libération de l’Alsace par le Sud. Il est libéré de ses obligations militaire en août 1945 et retourne en Algérie rejoindre sa femme.
Entre temps, il avait été condamné à mort par contumace par le tribunal de Strasbourg où il doit se justifier en 1962, à son retour d’Algérie. C’était le sort de tous les Alsaciens qui refusaient l’uniforme allemand…
En conclusion, remercions l’Europe pour la paix et vive l’entente franco-allemande !
Tunisie 1939. Bernard Malischewsky (à droite) et son camarade Lutmann, de Strasbourg.
Le statut de Déportés militaires
En 1945, les incorporés de force étaient considérés officiellement comme des déportés militaires. Le document ci-joint en témoigne.
MALISCHEWSKI Rodolphe
Je recherche un cousin de mon père, Rodolphe Malischewski, qui est mort en 1944 en Normandie et savoir où il est enterré ?
Merci pour toute aide
Jean-Claude Malischewski
Courriel : malischewskijean@free.fr
Fiche du Volksbund transmise par Claude Herold :
Nachname: Malischewski
Vorname: Rudolf
Dienstgrad: Gefreiter
Geburtsdatum: 12.01.1913
Geburtsort:
Todes-/Vermisstendatum: 08.08.1944
Todes-/Vermisstenort:
Rudolf Malischewski ruht auf der Kriegsgräberstätte in Mont-de-Huisnes (Frankreich). Endgrablage: Gruft 24 Grabkammer 151.
Orphelins de guerre 2
« Après l’expérience de quelques pionniers qui ont consenti à se livrer pour la rédaction du tome premier de Orphelins de guerre – Enfin des mots, d’autres parmi nous ont osé faire le pas. Ils et elles ont écrit ou raconté. C’est l’objet de ce tome 2.
Tous ne sont pas encore prêts. C’est une épreuve peu banale que de faire remonter à la surface des blocs entiers d’une histoire tragique. Elle est heureusement libératrice, cette parole ou cette écriture. Encore faut-il pouvoir en accoucher. Merci à nos lecteurs et lectrices de nous faire le don de leur écoute bienveillante. »
B.R.
(12 € + frais d’envoi : 3 €)
Le livre peut être commandé à APOGA – 78A, avenue de la République 68000 Colmar
www.apoga.fr – 03 89 20 63 11