Liste photo­gra­phique de Luxem­bour­geois portés dispa­rus

Commentaire (0) Les incorporés de force

L’ADEIF du Bas-Rhin conserve dans ses archives un réper­toire photo­gra­phique des dispa­rus du Luxem­bourg imprimé à Paris et rédigé en russe :  » Grand Duché du Luxem­bourg. Liste des ressor­tis­sants incor­po­rés de force dans l’ar­mée alle­mande ». Nous le repro­dui­sons inté­gra­le­ment en pièce jointe.

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Joseph Lantz

Commentaire (0) Famille Lantz

Ce texte est un résumé du témoi­gnage écrit que Jo­seph Lantz nous a confié. Voir aussi son récit dans Kocher­sch­bari n°39, 1999, p. 65–69.

Joseph Lantz est né à Hayange (Moselle) le 15 mars 1932. Un après-midi, à la sortie de l’école, un chef de la Hitlerju­gend, colla­bo­ra­teur notoire, lui a donné plusieurs gifles parce qu’il avait refusé de le suivre à une réunion hitlé­rienne[Joseph Lantz a retrouvé la trace de ce person­nage qui ne semble pas avoir été inquiété à la Libé­ra­tion, bien au contraire : pour sa brillante carrière, il a été fait offi­cier dans l’ordre des Palmes acadé­miques en 1992. « Une distinc­tion que j’ai du mal à compren­dre… A médi­ter… » ajoute-t-il.]]. Né dans une famille fran­co­phile ([voir les témoi­gnages de son père et de son frère), Joseph Lantz et sa famille ne pouvaient que subir les foudres des Alle­mands. Le 22 janvier 1943, ils sont réveillés à 3h30 du matin par des SS et conduits en bus à Thion­ville (alors appelé Diden­hof­fen). Vers 8 heures, ils prennent le train en direc­tion de Strie­gau, en Silé­sie. Toujours sous la surveillance d’hommes en arme, ils sont amenés « dans un ancien couvent converti en camp de disci­pline. Strie­gau et son comman­dant faisaient partie d’un commando du camp de concen­tra­tion de Gross Rosen.

L’Obers­turmfüh­rer était debout sur une table et nous criait des insultes (« Vous êtes tous des sales Français – des Schwei­ne­bande, ich werde euch schon klein brin­gen “ ) et nous me­na­çait du camp de concen­tra­tion, qui n’était pas très loin de nous, pour celui qui ne marchait pas droit.

Le camp n° 122

Nous avons été répar­tis dans diffé­rentes chambres ou grandes salles. Il y avait des chambres de 30 à 120 personnes – jeunes, vieux et enfants, tous ensembles. Nous étions 36 personnes pour dormir sur de vieilles paillasses et des lits à trois étages.

Lantz6.jpgJ’avais 11 ans. Nous, les jeunes, devions nous rassem­bler tous les matins à 6 heures. Inter­dic­tion d’avoir quelque chose sur la tête. Par un froid glacial, le Lagerfüh­rer nous parta­geait le travail du camp. Ma mère me donnait deux paires de panta­lons de mon père et je mettais deux paires de chaus­settes pour ne pas avoir trop froid. Nous avions malgré tout très froid ; il y avait beau­coup de neige. Même, qu’un matin, j’avais de la glace après mon zizi, mais je n’osais rien dire à mes parents. Il y avait égale­ment, pour les jeunes, des camions et des wagons à déchar­ger, ainsi que les corvées inté­rieures et exté­rieures du camp, sans oublier les coups de pied au cul et les insul­tes…

Nous avions aussi des jour­nées consa­crées à la chasse aux punaises qui, la nuit, nous suçaient le sang.

Le travail était obli­ga­toire pour tous. Nous étions deve­nus les esclaves du IIIe Reich hitlé­rien.

La toilette se faisait tous ensembles : hommes, femmes et enfants. Pour les WC, il y avait toujours de longues files d’at­tente.

Nous avions aussi des demi-jour­nées d’école pour apprendre les grandes victoires de l’Ar­­mée alle­mande et le tout pour la propa­gande nazie. Quelques fois, nous avions le droit de sortir le dimanche pour aller à l’église. Le curé alle­mand de la ville était gentil avec nous et nous récon­for­tait bien souvent. Il m’au­to­ri­sait même à me confes­ser en français, alors qu’il ne le compre­nait pas.

Avec ce froid, nous avions bien souvent des angines et de fortes fièvres, sans oublier la scar­la­tine et ses érup­tions, ses plaques et les quatre semaines de diète qui nous ont bien affai­blies. Les seuls remèdes et médi­ca­ments étaient des pilules rouges.

Tout notre cour­rier était contrôlé et tous les colis que nous rece­vions de la famille étaient ouverts… et dépouillés des meilleures choses.

Notre vie d’in­car­cé­rés en camps spéciaux prenait forme. Nous étions éton­nés de notre capa­cité d’adap­ta­tion. Notre desti­née aurait pu être pire et notre chance a été de ne pas appar­te­nir à une ethnie vouée à l’ex­ter­mi­na­tion comme les tziganes ou les juifs. Nous étions suscep­tibles d’être encore récu­pé­rables au sein d’une grande Alle­magne.

„ Scheiss Hitler “

Mon père, déser­teur de la Première Guerre mondiale, avait toujours la hantise d’être un jour décou­vert. Grave­ment blessé au bras en Russie (…), il ne pouvait pas faire de gros travaux, mais devais nettoyer les WC du camp – le plus sale des travaux.

Notre maman était obli­gée d’al­ler travailler en ville pour nettoyer les écoles. Je l’ac­com­pa­gnais bien souvent ; les jeunes nous crachaient dessus. C’était très sale – ils le faisaient exprès (…). [Elle] avait bien souvent la parole coura­geuse (…), mais aussi très dange­reuse pour sa famille. Lors d’une convo­ca­tion par le Sturmfüh­rer, à propos de son travail dans les écoles, pour saluer en entrant dans le bureau, elle dit „ Scheiss Hitler “ (« Merde Hitler ») à voix basse[[Le salut „ Heil Hitler ! “ était obli­ga­toire pour entrer dans le bureau du Sturmfüh­rer.]]. Le Sturm­füh­rer l’apos­tro­pha aussi­tôt : „ Was haben sie gesagt ? “ (« Qu’a­vez-vous dit ? »). Mère lui répon­dit aussi­tôt : „ Ich habe es zu schnell gesagt und habe „ Heiß Hitler “ gesagt “ (« J’ai parlé trop vite et j’ai dit Chaud Hitler »). A moitié convaincu, le Sturmfüh­rer lui répon­dit mécham­mant : „ Noch einmal solche Worte und die ganze Fami­lie Lantz kommt nach Gross Rosen ! “ (« Encore une fois de telles paroles et toute la famille Lantz se retrou­vera à Gross Rosen ! »).
Maman est tombée pendant son travail ; ce jour-là, j’étais avec elle pour l’ai­der. Elle avait perdu beau­coup de sang et il n’y avait personne pour nous aider. Elle est restée sans soins. En arri­vant à l’hô­pi­tal, le méde­cin nous a dit qu’il était en attente d’un mort et qu’il n’y avait pas de place pour elle.

Mon petit frère était souvent malade, mais les pilules rouges étaient données pour toutes les infec­tions. L’in­fir­mière passait tous les jours dans les chambres. C’était une grande perche, avec une voix perçante, et très méchante. On disait : « Atten­tion ! Voilà la guêpe qui arrive ! ».

Nous étions quatre copains toujours ensembles pour travailler. C’est dans ces longs couloirs, en cachette, sur des caisses, que j’ai appris à jouer à la belote. Nous nous sommes fait prendre par le Lagerfüh­rer et avons reçu une bonne correc­tion : gifles, coups de pied au cul et menaces.

Nous avions aussi confec­tionné une carte bleu-blanc-rouge avec une photo. Nous avons détruit ces cartes par peur des repré­sailles, mais, malgré tout, nous conti­nuions à jouer à la belote et à parler en français.

Trans­fert au camp 220

Lantz4.jpgLe Lager 220 à Striegau. (Coll. particulière)Après un an de priva­tion et de travail dans le camp 122, nous avons démé­nagé dans un autre camp, encore plus pauvre et plus froid. C’était le sinistre camp 220 avec des baraques et une instal­la­tion précaire et sale[[ Ce camp se trou­vait à proxi­mité de la gare de Strie­­gau.]]. On voyait tous les jours passer les pauvres concen­tra­tion­naires. Ils marchaient péni­ble­ment avec leurs sabots dans leurs habits rayés. Nous avions encore bien de la chance de ne pas être parmi ces malheu­reux. Notre Obers­turmfüh­rer nous menaçait bien souvent de Gross Rosen.

Nous, les jeunes, nous avions toujours les mêmes corvées et travaux dans ce camp qui était entouré de barbe­lés. Les condi­tions de vie dans ce camp étaient des plus mauvaises en raison de son instal­la­tion précaire, du manque d’hy­giène et de chauf­fage. La nour­ri­ture était insuf­fi­sante et non appro­priée aux enfants qui y vivaient avec leurs parents et leurs grands-parents[[L’or­di­naire était parfois amélioré par des pommes vertes ou des pommes de terre que les jeunes rappor­taient en cachette de leurs travaux dans les champs.]].
Toutes les nuits, nous enten­dions de gros avions (…) passer au-dessus de nous. Nous pouvions voir la clarté des bombar­de­ments au loin et nous savions que c’étaient les Amé­­ri­­cains. Nous avons été bombar­dés deux fois dans nos baraques et nous avions juste le temps de nous cacher sous nos lits. Le bruit des canons de l’Ar­mée russe se rappro­chait tous les jours. Mon père ne voulait pas être li­bé­ré par les Russes : il se souve­nait de la guerre de 14–18 et savait ce qu’ils pouvaient fai­­re…

Vers la liberté

Le 12 février 1945, aban­don­nés par nos gardiens, nous avons pris la fuite. Notre maman a pris une char­rette à quatre roues près de la gare de Strie­gau. Après avoir aban­donné le plus gros de nos bagages, nous sommes partis avec quelques affaires. Mon petit frère sur la char­rette, je marchais devant avec mon père et maman pous­sait derrière. Nous avons marché ainsi pendant deux jours et deux nuits, dans le froid du mois de février, sans avoir à manger. Nous nous sommes repo­sés sur les bancs des églises restées ouvertes. C’était la débâcle ; il y avait même des Alle­­mands qui fuyaient.
Après un regrou­pe­ment, nous avons repris un nouveau convoi de wagons. Nous avons passé cinq jours et cinq nuits toujours sans rece­voir à manger. Tout le monde sortait lors des arrêts pour cher­cher un peu de pain. Mon père était allé trop loin et a manqué le départ. Il a mis deux jours pour nous retrou­­ver[[Durant ce laps de temps, Jacques Lantz a été témoin, dans une petite gare, du fait suivant : un groupe de personnes s’en prenait à un SS en fuite. En s’ap­pro­chant, il a reconnu le Lagerfüh­rer Hampel de Strie­gau. Mal­­gré tout ce que ce dernier avait fait subir à sa famille, il est inter­venu en sa faveur, indiquant que ce SS n’était qu’un exécu­tant.]]. Notre mère, partie elle aussi, a dû prendre le train en marche et s’est retrou­vée dans le dernier wagon. Sans nouvelles de nos parents, conso­lés par les autres, nous avons attendu le prochain arrêt pour la retrou­ver.

Notre voyage a duré sept jours à partir du départ de Strie­gau, sans ravi­taille­ment. Nous étions tous affa­més, assoif­fés et exté­nués. Il y avait encore des soldats alle­mands, mais plus ces SS en armes (…). Après neuf jours, nous sommes arri­vés en Bavière, le 21 février 1945 (…). Nous avons été répar­tis en plusieurs groupes et villages. Notre groupe compre­nait 68 personnes – adultes et enfants. C’était un petit village appelé Zenting. Nous étions rassem­blés dans une grande salle de danse qui était recou­verte de paille avec un chemin au milieu. Comme il n’y avait pas beau­coup de place, nous dormions comme des sardines : l’un la tête en bas, l’autre en haut et le tout bien mélangé !

Nous étions toujours encore sous contrôle alle­mand, mais sans SS. Nous faisions à manger nous-mêmes en allant cher­cher des pissen­lits ; les gens du village disaient que nous mangions de l’herbe. Mon père partait tous les jours cher­cher de quoi manger, c’est ainsi qu’il a rencon­tré une famille bien gentille et compré­hen­sive.

Fils de culti­va­teurs, mon père s’est proposé d’ai­der cette famille qui a bien voulu de nous (…) et a pris le risque de nous accueillir. Le père était à la guerre et la mère s’oc­cu­pait d’une petite ferme. Le fils avait 14 ans et il y avait une petite fille de 10 ans (…). Mon père sortait dans les champs avec les bœufs et moi, j’ai­dais le fils à nettoyer les bêtes et ­l’é­cu­rie. Nous sommes rapi­de­ment deve­nus des amis et j’eus la chance de pouvoir dormir avec lui dans un vrai lit. Il s’ap­pe­lait Joseph comme moi. C’est là que nous avons pris nos premiers repas et nos premières forces. On mangeait tous ensembles sans assiettes et dans une même poêle. Nous mangions notre première viande depuis deux ans : une bonne chou­croute avec du lard bien gras que je mor­­dais à pleines dents !

Bien des souve­nirs me restent de ces Bava­rois qui sont, par la suite, restés nos amis et que je n’ou­blie­rai jamais.

Nous avons égale­ment eu la surprise de revoir notre deuxième grand frère, Jacques, qui avait réussi à s’en­fuir du camp de Linz (…).

Retour et décep­tion

Après trois mois, le prin­temps est arrivé et notre libé­ra­tion tant atten­due aussi, grâce aux troupes améri­caines. C’était le 28 avril (…). Les aînés du camp étaient allés attendre les Améri­cains (…) avec notre drapeau et ainsi proté­ger le village de la destruc­tion. Une semaine après, nous avons commencé à parler du retour vers la France et avons préparé ce qu’il nous restait comme bagages (…).

Le retour, drapeau haut, en camion était égale­ment pénible ; nos cœurs étaient lourds, mais libé­rés… Après deux jours passés à Nu­rem­­berg, couchés dans des couloirs sur des cou­­ver­tures, nos repas consti­tués de con­­ser­ves, nous avions hâte de rentrer. Nous avons pris un long train de wagons à bestiaux avec de la paille… et toujours avec notre drapeau (…). Le voya­ge a duré encore cinq jours et cinq nuits. Nous avons traversé l’Al­le­­ma­gne en sens in­ver­se et rencon­tré beau­coup de ruines et de misère.

Nous sommes arri­vés à Metz le 22 mai 1945. Nous avons été accueillis froi­de­ment (…). Le 23 mai 1945, nous sommes arri­vés à la gare de Hayange (…). Il ne nous restait que quel­ques petits colis que nous portions à la main, mais je crois que, grâce à Dieu, nous nous sommes retrou­vés tous les six, bien faibles, mais surtout heureux d’être ensembles (…). Mon grand frère Eugène, rentré depuis deux mois et prévenu de notre arri­vée, vînt à notre rencontre. Or, l’aper­ce­vant de loin, Jacques envoya notre plus jeune frère à sa rencontre. Eugène ne le reconnu pas et le repoussa. Vous voyez le tableau !

Nous étions bien arri­vés chez nous, mais il ne nous restait plus rien : plus un drap, la cave avait été vidée, tout était parti. Il fallait re­com­­men­cer à zéro (…). Nos voisins étaient tous indif­fé­rents envers nous. Nous nous sentions gênés par rapport aux autres. Notre père avait bien reçu quelques subven­tions et habille­ments du centre de rapa­trie­ment, mais à voir ceux qui étaient restés chez eux, nous étions bien des imbé­ciles et des pauvres oubliés de la guerre (…).

Le 24 mai 1945 – sans avoir de repos après ce long retour -, moi et mon frère sommes retour­nés à l’école. Nous étions des oubliés, de pauvres garçons amai­gris, très timides. Nous n’avions rien à dire. Nous étions re­pous­­sés et reje­tés par les autres, bien plus forts que nous. L’ins­ti­tu­teur ne m’a pas de­man­dé pourquoi j’étais un nouveau venu…
A l’école, malgré notre grand retard, nous étions toujours encore parmi les moyens. En partant en 1943, mon père avait emporté un livre de lecture en français et nous faisait très souvent écrire les tables de multi­pli­ca­tion. Mis à part l’or­tho­gra­phe… le grand handi­cap de notre vie scolaire et profes­sion­nelle : nous avons terminé nos études à 14 ans.

Je me souviens aussi que, ne sachant pas écrire sans fautes les dictées (je faisais plus de 50 fautes), l’ins­ti­tu­teur se faisait un malin plai­sir à nous taper sur les doigts pour chaque faute d’or­tho­graphe ! Nous n’osions rien dire à la maison. C’est à l’école, mais plus encore à l’ap­pren­tis­sage que nous avons le plus souf­fert de notre handi­cap : nous subis­sions les moque­ries des profes­seurs et des cama­rades de clas­se…

A 16 ans, sans diplôme et sans quali­fi­ca­tion, c’est bien là que nous avons réalisé qu’on nous prenait pour des imbé­ciles. Notre éduca­tion a été confisquée au profit de travaux pour le IIIe Reich. Le hasard nous a guidé, bien plus que la volonté, nous les jeunes de 12 à 16 ans, les resca­pés en 1945. Je rêvais d’une autre vie après l’école. A cause de ce manque de savoir, j’ai souvent été péna­lisé dans ma vie quoti­dienne.

Pour conclure, je voudrais ajou­ter que, lorsque nous sommes reve­nus, nous n’avions pas envie de parler. Nous préfé­rions regar­der en avant et penser au lende­main. Nous avons laissé derrière nous les camps, les longs voyages et les mauvais souve­nirs. Nous voulions seule­ment oublier. Et main­te­nant, 60 ans après, le passé nous revient avec ce qui se passe aujourd’­hui : guerres, exclu­sions, etc. Il faut regar­der vers l’ave­nir, vers l’Eu­rope et la paix dans le monde. Il ne faut surtout pas garder de la haine ou entre­te­nir un esprit de vengeance : il faut pardon­ner sans toute­fois oublier ».

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Jacques Lantz (fils)

Commentaire (0) Famille Lantz

Le texte publié ici est un résumé de son témoi­gnage écrit que nous a commu­niqué son frère, Joseph Lantz.

Jacques Lantz est né en 1925 à Hayange (Moselle). En 1940, à l’école, il évite ses anciens copains, de souche alle­mande, qui arbo­raient fière­ment une croix gammée à leur bouton­nière. Ne fréquen­tant plus assi­dû­ment les cours – et les forma­tions du style Hitlerju­gend -, il est convoqué à plusieurs reprises à l’Ar­beit­samt. C’est ainsi que, le 28 novembre 1940, Jacques Lantz, âgé de 15 ans, devient apprenti à l’Usine Saint-Jacques, au service des construc­tions métal­liques dans un premier temps.

En 1941, son frère aîné, Eugène, bien décidé à éviter d’être recruté par les Alle­mands, quitte la Moselle grâce à un réseau de passeurs, puis, après avoir gagné Privas (Ar­dè­che), il rejoint l’Ar­mée française à Bizerte.

Le 15 janvier 1943, vers 3 heures du matin, deux soldats viennent le cher­cher pour l’in­té­grer à un convoi en partance pour l’Al­le­­ma­gne ; il se compose presque unique­ment d’hommes[[Quelques jours plus tard, une convo­ca­tion pour être incor­poré de force est arri­vée à son domi­cile !]]. Le soir même, le convoi arrive à Bad Blank­burg (Thuringe).

« Escor­tés par des soldats, on nous emmène dans une grande salle de meeting où, sur une paroi, on voit en grand le portrait de Hitler. Des lits super­po­sés en rangée de quatre nous attendent et chacun choi­sit son empla­ce­ment. Premier camp pour nous et surprise ! Un seul endroit pour les toilettes : des sièges côte à côte, sans porte, où l’on faisait la queue pour faire ses besoins et, surtout, le seul endroit où exis­tait une fenêtre pour respi­rer un peu d’air frais, trop petite pour s’éva­der. Sur les lits, des sacs de paille et une nour­ri­ture dont je ne me rappelle plus les détails.

Envi­ron tous les deux jours, rassem­ble­ment bien escorté pour une prome­nade à l’ex­té­rieur. Un détail pour la première sortie dont j’ai souve­nance, c’était que tous ceux qui portaient un béret devaient sortir des rangs et retour dans la salle pour une corvée de nettoyage ».

Usines Hermann Gœring

TimbreLothringen.jpgLe 21 janvier, Jacques Lantz apprend que ses parents et ses frères ont égale­ment été dépor­tés.

« Dans ce camp de passage, au bout de huit jours et tous les jours, des noms sont appe­lés pour partir travailler vers des desti­na­tions diffé­rentes. Mon tour arrive fin janvier (…). Arrivé à Linz, je dois rejoindre un camp 45, puis, le lende­main, rejoindre un poste de travail au garage des usines Hermann Goering ». Quelques jours passent quand il est convoqué dans un bureau des SS. Il y est ques­tionné et refuse de signer un papier stipu­lant qu’il n’est pas juif. Malgré les preuves qu’il ap­porte (réci­ta­tion de prières en latin), il est muté dans un camp de la Jeunesse hitlé­rienne. Là-bas, chaque matin, les jeunes se lèvent à l’en­trée d’un supé­rieur et crient „ Heil Hitler ! “ le bras tendu. Malgré les risques encour­rus, Jacques Lantz reste couché, ce qui provoque la curio­sité des autres jeunes gens. Il explique alors qu’il est français et dans quelles condi­tions il est arrivé dans ce camp. La puni­tion ne se fait pas attendre : il est envoyé dans le camp 49 où il partage une chambre avec d’autres Lorrains[[Ce camp se compose unique­ment de baraque­ments de quatre chambres abri­tant chacune 16 personnes, avec des lits super­po­sés et un four­neau au centre.]]. Ses compa­gnons de cham­brée viennent de Sainte-Marie-aux-Chênes et de Pier­re­vil­lers. Ils sont tous employés à l’usine Hermann Goering. Jacques Lantz est occcupé aux Ateliers centraux comme apprenti soudeur. « Dans cet atelier, je travaille avec des Italiens, des Tchè­ques, des Ukrai­niennes qui étaient aussi soudeurs. On travaillait 12 heures par jour ; une semaine de 6h à 18h et, ensuite, de 18h à 6h, jours de fêtes et dimanche compris ! ». Avec ses copains de cham­brée, ils ont des projets de sabo­tage.

Démê­lées avec la Gestapo

Devenu un soudeur quali­fié, des travaux toujours plus impor­tants lui sont confiés. « C’était pénible, surtout la nuit quand le sommeil vous prenait, de faire du bon travail ; en plus c’était aux pièces. J’étais conscient du travail mal fait et, surtout, que je devais mettre un poinçon marqué du « L » de mon nom sur les pièces qui étaient donc faci­le­ment recon­nais­sables par la suite. Ce qui m’a valu un jour, à 6 heures du matin[[Après une nuit de travail.]], d’être enca­dré par deux agents de la Gestapo qui m’em­mènent dans un bureau où je suis assis, avec la clarté d’une lampe de bureau dans les yeux jusqu’à 12 heures. Moi, qui atten­dait de rentrer pour le casse-croûte du matin, le ventre creux. On me laisse ainsi un certain temps et, enfin, on me ques­tionne : « Vous savez que vous n’avez pas bien soudé vos pièces et que c’est du sabo­tage ». Parlant alle­mand, je me défends que j’étais fati­gué la nuit et que j’al­lais répa­rer toutes ces pièces mal faites dans les jours suivants tout en respec­tant mon travail du jour.

Je n’ai pas besoin de mention­ner le ton avec lequel on me parlait, ni le nombre de fois où l’on voulait me faire avouer que c’était du sabo­tage et que je méri­tais d’être envoyé au Arbeits­la­ger qui était encore pire que le camp de concen­tra­tion, car on avait aperçu ce qui se passait pour ceux-là.

baldesmaudits.jpgJ’ai été libéré pour 12 heures et les copains de la chambre se deman­daient ce qui m’était arrivé. Il faut savoir que, pendant la nuit, un jeune SS manchot, car blessé de guerre, circu­lait dans tout l’ate­lier pour surveiller ceux qui dormaient ou ne travaillaient pas. Il venait voir dans nos cabines des soudeurs et même essayer de flir­ter avec des jeunes Ukrai­niennes, soudeuses comme nous.

Malgré cela, on s’or­ga­ni­sait entre soudeurs : il y avait une gale­rie de câbles souter­rains qui était cachée près de nos cabines et alors, à tour de rôle, la nuit, on pouvait se coucher recroque­villés contre les parois. Les anciens nous disaient « Gare aux rhuma­tismes que tu vas avoir », mais nous, les jeunes, on s’en foutait. Mais, aujourd’­hui, on se rappelle ; les consé­quences sont là (…).

Sabo­tages

Etant soudeur chevronné fin 1944, je dois souder des tourelles de char « Tigre ». Cela con­­sis­tait à souder les joints des tourelles en deux parties d’une épais­seur de 150 mm envi­ron de chaque côté, de part et d’autre, avec des élec­trodes en inox de 6 mm de diamètre. Je rece­vais le nombre d’élec­trodes équi­va­lant au travail à effec­tuer. Or, je m’ac­quit­tais de mon travail en mettant des bouts de ferraille dans le fonds des chan­freins et, ainsi, récu­pé­rer une élec­trode à chaque fois ». Ces élec­trodes étaient ensuite trans­for­mées en bagues par quatre personnes diffé­rentes, dont Jacques Lantz, puis échan­gées contre du pain. « Si cela avait été décou­vert, c’était le camp de travail où les hommes ne résis­taient pas long­temps, telle­ment c’était atroce à voir ce qu’ils subis­saient ; pire que le camp de concen­tra­tion de Mathau­sen dont le camp de Linz était le camp annexe (…)[[Jacques Lantz a eu l’oc­ca­sion de voir ces prison­niers rentrer de leur travail ; « celui qui s’écrou­lait de fatigue était fusillé de suite et les autres prison­niers devaient l’em­por­ter ». Quant aux déte­nus de Mathau­sen, il avait des échos de leur inter­ne­ment car ils venaient travailler dans les mêmes ateliers, sous la surveillance étroite de SS et de kapos.]].

Ce sabo­tage n’était pas le seul qu’on réali­sait. Je peux évoquer les travaux que l’on faisait dans notre chambre, grâce au maté­riel que chacun, suivant ses possi­bi­li­tés et l’en­droit où il travaillait, pouvait se procu­rer ». Jac­ques Lantz et ses cama­rades fabriquent égale­ment des bougies pour les troquer contre de la nour­ri­ture. Echan­ger sa ration de ciga­rettes permet aussi d’amé­lio­rer l’or­di­naire. C’est une ques­tion de survie.

« Durant notre séjour, j’ai connu bien des étran­gers de toutes nations, des Français STO et des dépor­tés, qui mangeaient de la craie ou d’autres denrées qui procu­raient de la tempé­ra­ture. Ils se rendaient ainsi à l’hô­pi­tal (Laza­ret) et pouvaient rester une jour­née ou deux sans travailler. Mon cas a été diffé­rent car, effec­ti­ve­ment malade avec de la tempé­ra­ture, je suis mis comme étran­ger dans une chambre, dans les mêmes condi­tions que les autres. Or deux jours, puis trois jours avec un besoin de me rendre au WC et faire du sang, on me donne du char­bon à manger, un médi­ca­ment sans autre indi­ca­tion. Le jour suivant – je compre­nais l’al­le­mand, mais j’étais un Français comme les autres pour eux -, le docteur dit à son infir­mier : « Foutez le dans une chambre seule, comme cela personne ne le verra crever ». Je me suis dit : « Ah non ! Je ne crève­rai pas ! » et j’ai bien prié, pris mes médi­ca­ments, char­bon et au­tres que l’on me donnait. Je suis resté ainsi, toujours à faire du sang, puis cela s’est amélioré ». Un de ses cama­rades, Pier­rot, venait chaque jour lui appor­ter des victuailles pour l’ai­der à reprendre des forces. Dès le lende­main de sa sortie de l’hô­pi­tal, Jacques Lantz s’est remis au travail.

Ils étaient égale­ment contraints de procé­der à des répa­ra­tions comme celles de hauts four­neaux percés à la suite d’un bombar­de­ment ou de wagons citernes mitraillés par des avions. Dans ce dernier cas, Jacques Lantz a effec­tué des travaux de soudure à l’in­té­rieur d’une citerne sans savoir ce qu’elle avait contenu ! Mais, à l’époque, un mort de plus ou de moins, quelle impor­tance ?

Jacques Lantz se souvient, avec émotion, du bombar­de­ment du 25 juillet 1944 qui avait fait 200 morts envi­ron « dont un jeune de notre chambre qui était avec son père ». Il devait en connaître encore une ving­taine. « Subir des bombar­de­ments, il faut les avoir vécu pour en parler. Surtout ceux avec des bombes à retar­de­ment qui sautent devant vous, quand on ne s’y attend pas (…), lorsque l’alerte est termi­née ». Le jour, lui et ses cama­rades redou­taient les bombar­de­ments des Anglais et des Améri­cains et, la nuit, ceux des Russes.

« Pour tous ceux qui ont vécu et subit des bombar­de­ments, il faut savoir que, tous les jours depuis ce 25 juillet 1944, le moral de tous était au plus bas. A chaque départ au travail, on se disait « Adieu » et à la grâce de Dieu. D’ailleurs, à l’heure actuelle, je suis aller­gique aux sirènes et je sursaute à chaque fois que des Mirages passent au-dessus de moi ! Je suis encore trau­ma­tisé aujourd’­hui.

En fuite

Pour termi­ner mon témoi­gnage, je voudrais encore parler de notre nour­ri­ture et de notre vie au camp. Il exis­tait une baraque qui servait pour faire la toilette. Des robi­nets au-dessus d’un long bac pour se laver, se raser ; pas de douche, ni de baignoire. C’était aussi là que l’on faisait la lessive de ses frusques. Partout où je voyais un chif­fon – je n’étais pas le seul – il servait pour embal­ler mes pieds dans mes sabots en bois. C’est ainsi qu’un jour j’ai pris la doublure de ma veste et des manches pour m’en servir. Des WC, je n’en parle pas, car pas très propres, ni au camp, ni à l’usine.

Comme nour­ri­ture, nous avions toutes les semaines nos tickets „ Morgen “, „ Mittag “ et „ Abend “. Il nous fallait aller au réfec­toire où se trou­vait la cuisine et, pour „ Morgen “, on rece­vait, un jour, 1/2 boule, soit une livre de pain noir, avec un petit carré de beurre et une cuillère de confi­ture. Le lende­main, c’était la moitié, soit 1/4 de boule et du beurre. A midi, une louche de ruta­baga ou autre chose qu’on devi­nait dans notre gamelle, et le soir autant. Souvent, en tour­née de nuit, on dormait et ne mangeait pas à 12h, alors, le soir, on avait deux louches avec le ticket „ Mittag “ et „ Abend “. Certains vendaient les „ Mittag “ pour des ciga­rettes. Lorsqu’on trou­vait un morceau de viande dans la gamelle, c’était une Sonder­mel­dung, un « spécial flash ». De même, on se déplaçait vers d’autres Lager pour goûter leur menu avec les mêmes tickets. Par exemple, les Lager où il y avait beau­­coup d’Ita­liens avaient des pâtes comme casse-croûte. Pour travailler, il fallait s’or­ga­ni­ser avec son pain. Très souvent, comme soudeur, on avait une tôle épaisse sur laquelle on soudait jusqu’au moment où elle était chaude : on grillait légè­re­ment le pain avec un peu de moutarde qu’on pouvait ache­ter car on avait, tous les mois, une petite rétri­bu­tion pour notre travail ».

Sherman-Phalsbourg-2495.jpgJacques Lantz se remé­more aussi la cala­mité que repré­sentent les punaises ainsi que les ruses employées pour aller manger des Stamm­ge­rich – des menus sans carte – ou pour se rendre dans des abris réser­vés aux Alle­mands. Pendant tout ce temps, il a pu corres­pondre avec sa famille déte­nue à Strie­gau. Profi­tant des avan­cées améri­caine et russe, il attend de toucher sa solde et ses cartes de ravi­taille­ment pour s’en­fuir. « Au départ de Linz, avec des trains de banlieue, je pars vers Passau, une ville assez impor­tante. Mais, grâce à Dieu, la gare avait été bombar­dée (…) : le train s’ar­rête bien avant la gare et je puis donc emprun­ter des chemins à travers la colline pendant toute la jour­née pour enfin arri­ver au village de Zenting » où il a la joie de retrou­ver ses parents. « Deux jours après, avec les autres jeunes de ce camp, nous avons été au-devant des troupes améri­caines en leur assu­rant que la voie est libre pour rentrer dans le village ».

Un mois plus tard, la famille Lantz est conduite en camions améri­cains à une gare, puis, en wagon à bestiaux, jusqu’à Metz. Après une nuit en centre d’hé­ber­ge­ment et une visite médi­cale, les Lantz obtiennent leur carte de rapa­triés et prennent le train jusqu’à Hayange où ils retrouvent le fils aîné qui les atten­dait.

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Jacques Lantz (père)

Commentaire (0) Famille Lantz

Témoi­gnage rédigé par lui-même le 23 juillet 1945 et trans­mis par son fils, Joseph Lantz.

« Depuis l’an­née 1925, j’étais occupé com­me ouvrier à la Société métal­lur­gique de Knutange. Dès le 7 juin 1940, en consé­quence du dérou­le­ment défa­vo­rable de la guerre, tout travail a cessé dans cette usine comme dans les autres usines de la région.

Le 14 juin, nous rece­vions l’ordre de rejoindre l’in­té­rieur de la France en vue de conti­nuer à travailler ; malheu­reu­se­ment, à 30 km d’Epi­nal, nous étions arrê­tés par l’avance alle­mande : il nous était impos­sible de rejoindre Dijon, lieu de rallie­ment qui nous avait été fixé. Le même convoi qui nous trans­por­tait nous rame­nait en arrière par ordre des auto­ri­tés enne­mies jusqu’à Pont-à-Mous­son. Là, en raison des destruc­tions d’ou­vrages d’art, nous devions conti­nuer notre route à pied jusqu’à Hayange.

En raison des destruc­tions des usines de la région, je restais au chômage depuis mon retour en juin jusqu’au 21 décembre de la même année. Cepen­dant, l’en­nemi avait installé ses offices du travail (Arbeit­samt) où je devais me rendre hebdo­ma­dai­re­ment. Plu­­sieurs [m’ont dit] que je devais aller travailler en Alle­magne, mais, allé­guant ma qualité d’in­va­lide de guerre, je pus éviter ce sort que beau­coup d’ou­vriers dès ce moment-là devaient subir.

A cette date, le 21 décembre 1940, je recom­mençais mon travail à la même usine. Je devais y être occupé jusqu’au 16 janvier 1943.

Mon fils aîné, Eugène, étant, dès [le 25 avril] 1941, parti au titre de volon­taire par convoi régu­lier d’ex­pul­sés en France non-occu­pée[[« Pour se sous­traire aux obli­ga­tions de la Wehr­­macht ».]], je ne dési­rais qu’une chose : me faire inscrire aussi sur les listes des gens partant en France. D’autre part, je n’ai jamais pu me rési­gner à entrer dans une forma­tion, ni même dans la Volks­ge­mein­schaft, même au titre de simple membre. Mes enfants non plus, à aucun moment, n’ont fait partie d’une orga­ni­sa­tion nazie telle que la Hitlerju­gend. Ne voulant pas que mon second fils, Jacques, conti­nue après l’âge scolaire la fréquen­ta­tion de l’école alle­mande, celui-ci dut aller travailler, par ordre de l’Ar­beit­samt, comme garçon de cour­se à la Maison de Wendel à ce moment-là dénom­mée „ Hermann Göring Werke “. Son trai­te­ment était d’en­vi­ron 40 à 50 RM par mois ; plus tard, il devait être occupé comme employé aux écri­tures avec un salaire mensuel d’en­vi­ron 80 RM. Cet emploi, il ne devait l’oc­cu­per que deux mois car, sur rapport du chef SA Métrich dénonçant Jacques comme ne faisant pas partie de la Hitler­ju­gend, il devait être payé au titre d’ap­prenti à raison de 25 RM seule­ment. Jacques devait être déporté le 15 janvier 1943 vers Blan­­ken­­burg et, plus tard, à Linz (Autriche) et, comme ne faisant toujours pas partie de la Hitlerju­gend, il devait travailler ainsi jusqu’à sa libé­ra­tion par les troupes alliées.
Dépor­tés !
Le 16 janvier 1943, je devais moi-même cesser de travailler pour motif de ne pas faire partie de la Volks­ge­mein­schaft. Quelques jours plus tard [[Arrêté à son domi­cile le 22 janvier 1943 par la Ges­­ta­po.]], je devais être déporté avec ma famille se compo­sant de ma femme et de mes deux derniers fils[[Louise, Joseph (11 ans) et Jean-Pierre (7 ans).]]. J’ajoute que, préa­la­ble­ment, j’avais fait par écrit une demande pour pouvoir me rendre en France et ceci à la suite des ordon­nances de Bürckel prévoyant l’éta­blis­se­ment de listes de gens dési­reux de se rendre en France, pays qu’ils recon­nais­saient être leur patrie.

Je fus donc déporté au camp de Strie­gau (Si­lé­sie)[[Egale­ment connu sous le nom de Stre­gom et Strze­­gom. Arri­vée au Lager n° 122 le 24 janvier 1943.]]. Dans ce camp, allé­guant toujours ma qualité de blessé de guerre et souf­frant à ce moment de maux d’es­to­mac, je pus éviter d’être employé dans les usines de guerre alle­mandes. Cepen­dant, à l’in­té­rieur du camp, je dus assu­rer les corvées d’en­tre­tien sans toucher aucun dédom­ma­ge­ment. Même l’argent de poche alloué au déporté d’un camp[[Soit 3 RM par mois et par personne.]] ne m’a jamais été octroyé pour un motif que ­j’i­gnore ; je ne devais toucher cette allo­ca­tion qu’à partir du 1er août 1945, sans rappel pour la période où je n’avais rien perçu.
Au moment de l’avan­cée russe, nous devions évacuer le camp de Strie­gau [[le 12 février 1945]] pour être trans­por­tés en Bavière, à Zent­ling[[Via Harm­sdorf (16 février 1945)]]. Là, nous fûmes libé­rés par l’avance améri­caine le 28 avril 1945.

Le 23 mai 1945, nous étions de retour dans notre foyer lorrain [[à Hayange, Moselle]] ».

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Les Malgré-Nous : plus de 200.000 connec­tions en 4 ans

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Albert OTT, Un jeune Alsa­cien dans la tour­mente

Commentaire (0) 2010

OTT_Albert.jpg Albert OTT, Un jeune Alsa­cien dans la tour­mente de la guerre, 234 pages, 18 euros.

L’his­toire d’un adoles­cent de la Basse-Alsace de 1930 à 1945. Ses racines, à Ohlun­gen, Surbourg et Saverne. Son bonheur et sa pléni­tude à Than­nen­kirch dans la maison fores­tière. Sa trans­plan­ta­tion en Pologne à Bres­lau (Wroclaw), près de Treib­nitz et en Alle­magne à Rastatt, Fribourg et Unterjoch,
En suivant son histoire, on vit aussi celle de son frère Georges, Malgré-Nous égale­ment, et décédé au front. Europe, n’ou­blie pas ce calvaire !

 Pour en savoir plus : http://albert.ott.fr/

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MALISCHEWSKY Bernard : Itiné­raire d’un réfrac­taire

Commentaire (0) Ce qu'il pouvait en coûter de ne pas se soumettre à l'ordre nazi

Bernard Mali­schewsky est né le 12 11 1917 à Stras­bourg. Il est le fils d’un sous-offi­cier prus­sien Bern­hard Mali­schewsky en service en Alsace et d’une mère alsa­cienne, Marie Louise Roes­ch­wein.

En 1936, il change de natio­na­lité et s’en­gage dans la Colo­niale et part en Tuni­sie en 36. Il subit la défaite de 1940 où lui et ses cama­rades doivent se rendre sans tirer un coup de feu !

Rengagé pour 3 ans en 1941, il rejoint l’ar­mée anglaise en Lybie, puis les FFL de De Gaulle. Il débarque en Sicile, puis à Naples libère l’Ita­lie dont le mont Cassino, puis c’est le débarque­ment en Provence et la libé­ra­tion de l’Al­sace par le Sud. Il est libéré de ses obli­ga­tions mili­taire en août 1945 et retourne en Algé­rie rejoindre sa femme.

Entre temps, il avait été condamné à mort par contu­mace par le tribu­nal de Stras­bourg où il doit se justi­fier en 1962, à son retour d’Al­gé­rie. C’était le sort de tous les Alsa­ciens qui refu­saient l’uni­forme alle­mand…

En conclu­sion, remer­cions l’Eu­rope pour la paix et vive l’en­tente franco-alle­mande !

Malischewsky_tunisie.jpg Tuni­sie 1939. Bernard Mali­schewsky (à droite) et son cama­rade Lutmann, de Stras­bourg.

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Le statut de Dépor­tés mili­taires

Commentaire (0) Les incorporés de force

En 1945, les incor­po­rés de force étaient consi­dé­rés offi­ciel­le­ment comme des dépor­tés mili­taires. Le docu­ment ci-joint en témoigne.

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MALISCHEWSKI Rodolphe

Commentaire (0) Liste des avis de recherche

Je recherche un cousin de mon père, Rodolphe Mali­schewski, qui est mort en 1944 en Norman­die et savoir où il est enterré ?

Merci pour toute aide

Jean-Claude Mali­schewski

 Cour­riel : mali­schews­kijean@­free.fr

 Fiche du Volks­bund trans­mise par Claude Herold :

 Nach­name: Mali­schewski

 Vorname: Rudolf

 Dienst­grad: Gefrei­ter

 Geburts­da­tum: 12.01.1913

 Geburt­sort:

 Todes-/Vermiss­ten­da­tum: 08.08.1944

 Todes-/Vermiss­te­nort:

 Rudolf Mali­schewski ruht auf der Krieg­sgrä­berstätte in Mont-de-Huisnes (Fran­kreich). Endgra­blage: Gruft 24 Grab­kam­mer 151.

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Orphe­lins de guerre 2

Commentaire (1) À lire…

couv_ORPHELINS_2.jpg« Après l’ex­pé­rience de quelques pion­niers qui ont consenti à se livrer pour la rédac­tion du tome premier de Orphe­lins de guerre – Enfin des mots, d’autres parmi nous ont osé faire le pas. Ils et elles ont écrit ou raconté. C’est l’objet de ce tome 2.
Tous ne sont pas encore prêts. C’est une épreuve peu banale que de faire remon­ter à la surface des blocs entiers d’une histoire tragique. Elle est heureu­se­ment libé­ra­trice, cette parole ou cette écri­ture. Encore faut-il pouvoir en accou­cher. Merci à nos lecteurs et lectrices de nous faire le don de leur écoute bien­veillante. »

B.R.

(12 € + frais d’en­voi : 3 €)

Le livre peut être commandé à APOGA – 78A, avenue de la Répu­blique 68000 Colmar

www.apoga.fr – 03 89 20 63 11

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