Docu­men­taire « Das Reich », encore une occa­sion manquée

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Cela fait plusieurs années que je m’in­té­resse à la tragé­die d’Ora­dour-sur-Glane en tant que jour­na­liste, en recher­chant, comme beau­coup avant moi et sans doute de nombreux après, les raisons profondes de cette tragé­die. Dans ce contexte, le docu­men­taire « Das Reich », diffusé le 2 mars sur France 3, est une immense frus­tra­tion. Car il y avait la matière pour faire quelque chose d’ex­cep­tion­nel.

En effet, tout au long de la guerre, la machine de propa­gande alle­mande a suivi de près la « Das Reich », une des divi­sions fétiches du IIIe Reich. Elle a donc été photo­gra­phiée et filmée tant sur le front de l’est qu’en Norman­die et même lorsqu’elle était au repos.
Pourquoi dès lors la produc­tion intro­duit-elle à de nombreuses reprises des images de soldats de la Wehr­macht ? Souvent d’ailleurs, on voit des images de tankistes Wehr­macht dont l’uni­forme, comme celui des SS, comporte au col des têtes de mort. Et même parfois, lorsqu’il s’agit bien de Waffen SS, toute une séquence montre le comman­dant Michael Witt­mann, un des as des panzers qui fait partie d’une autre divi­sion, la Leibs­tan­darte SS « Adolf Hitler », sans que cela soit souli­gné. Mais ce n’est pas le pire.

Que vient faire en plein milieu un film sovié­tique tourné après la guerre et qui montre une recons­ti­tu­tion parfai­te­ment grotesque du massacre d’Ora­dour ? On y voit des habi­tants brûlés vifs dans une église en bois, les SS autour faisant usage de lance-flammes, arme qui ne fut jamais utili­sée à Oradour. On pour­rait ainsi rele­ver des dizaines d’er­reurs ou d’ap­proxi­ma­tions tout au long, le manie­ment des dési­gna­tions mili­taires, du rôle de l’ar­tille­rie, de l’in­fan­te­rie et des engins blin­dés et leur usage en confi­gu­ra­tion de combat étant visi­ble­ment le cadet des soucis des concep­teurs du docu­men­taire.

Mais la plus grosse erreur – en est-ce une d’ailleurs ou est-ce inten­tion­nel ? – concerne les incor­po­rés alsa­ciens. Esti­més au nombre de 6000 à un moment, il est dit à un autre qu’ils forment le gros de la troupe. La divi­sion compor­tant plus de 15 000 hommes lorsqu’elle est basée à Montau­ban, on se demande bien comment 6000 alsa­ciens pour­raient en compo­ser la majo­rité. Passons…

Le vrai scan­dale c’est que l’im­mense majo­rité de ces Alsa­ciens sont des incor­po­rés de force. Je rappel­le­rai à ce sujet le témoi­gnage boule­ver­sant d’Al­bert Daul, incor­poré de force alsa­cien présent à Oradour, que j’avais rencon­tré l’an dernier. Du jour de son incor­po­ra­tion, il me disait : « On nous avait donné rendez-vous le lende­main à la gare. Je me suis dit : « Il faut que j’y aille, je veux pas que mes parents soient mis dans un camp… » Celui de Schir­meck par exem­ple… En plus, mon oncle était député commu­niste, alors, vous voyez… Je voulais pas que mes parents soient emmer­dés avec cette histoire, il valait mieux que je me sacri­fie pour eux, pour qu’il ne leur arrive rien ». Albert Daul est donc parti rejoindre la divi­sion « Das Reich » certai­ne­ment pas la fleur au fusil, mais en empor­tant avec lui une petite médaille de la Sainte Vierge donnée par sa mère. Pour la plupart des Alsa­ciens, ce fut un déchi­re­ment. Or le docu­men­taire laisse planer le doute sur leurs moti­va­tions, notam­ment à travers le témoi­gnage d’Eli­mar Schnei­der qui, rappe­lons-le, a permis de sauver deux hommes de la pendai­son à Tulles.

Je suis effaré de consta­ter qu’en­core aujourd’­hui, on conti­nue sur une chaîne grand public à colpor­ter ces vieux mensonges sur les Alsa­ciens, mensonges qui ont divisé notre pays pendant si long­temps et qui, dans le cas d’Ora­dour-sur-Glane, ont vu le Limou­sin et l’Al­sace se tour­ner le dos pendant plus de 50 ans.

Régis Le Sommier
(Les mystères d’Ora­dour. Du temps du deuil à la quête de la vérité, Michel Lafon, Paris, 2014)

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En réac­tion au repor­tage « Das Reich » diffusé sur France 3 le 2 mars 2O15

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Parmi les INCORPORES de FORCE souvent avant leurs 20 ans, contre leur gré et contre leurs opinions,

il y a mon frère Jacques KNECHT, né le 11.11.1924 à Stras­bourg.
Suite a une première bles­sure par balle, il a été affecté pour son bilin­guisme à la Komman­dan­tur de Tour­non, d’où il s’est évadé à la première occa­sion, non pas pour se cacher, mais rejoindre les F.F.I. et l’adju­dant PERRIN pour défendre la France contre l’oc­cu­pant, ceci dans la région de Lamastre, Tain l’Her­mi­tage, Chey­lard en Ardèche.

Alors qu’il n’avait pas 20 ans, il a très vite était respon­sable et a dirigé son propre groupe de 30 résis­tants.

C’est au cours de la dernière bataille de la ville martyr de Chey­lard, où les nazis voulaient recom­men­cer le drame de Oradour (73 F.F.I. et 40 civils tués ainsi que la gare, le château La CHEZE et des maisons incen­diés ) que le 5 juillet 1944 il fut le seul fait prison­nier en sa qualité de chef de groupe et déporté au sinistre Fort 8 de Ingol­stadt-Manching où le Gal DE GAULLE fut interné en 1917–18 sans réus­sir ses tenta­tives d’éva­sions.

Après 7 mois 1/2 de mauvais trai­te­ments et inter­ro­ga­toires mon frère fut fusillé le 21 février 1945 n’ayant pas réussi à le faire parler.

Je suis surprise que, une fois de plus, cette ville martyr de Chey­lard brille par son absence dans ce repor­tage diffusé sur la chaine natio­nale.

« Monsieur » Pétain a aban­donné lâche­ment et sans combattre notre chère Alsace en 1940 et, après 1870/71 – 1914/18, nous avons été occu­pés par les Alle­mands une troi­sième fois.

Combien de temps faut-il encore attendre pour que soit reconnu que les Alsa­ciens n’avaient qu’un désir : rester français (ce que nous sommes depuis Louis XIV) ?

Mon deuxième frère, René KNECHT, INCORPORE DE FORCE, a été porté disparu le 8.11.1944 en Hongrie. Ce sont les Alsa­ciens qui, en majo­rité, ont été envoyés sur le front de l’Est pour servir de chair à canons, les nazis ayant bien constaté leur refus de cette Incor­po­ra­tion de Force.

Aussi, je regrette vive­ment et suis révol­tée une fois de plus que le courage, le sacri­fice et le patrio­tisme des Alsa­ciens ne soit pas démon­tré dans ce repor­tage.
Les jeunes géné­ra­tions ont besoin d’être stimu­lées par des choses posi­tives et pas du néga­tif face à la montée actuelle d’or­ga­nismes comme Daech, etc.

Il est évident et indis­pen­sable qu’un film basé sur des témoi­gnages s’im­pose au niveau natio­nal…

Jacque­line KNECHT MOSSER

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Les crashs d’avions durant la Seconde Guerre mondiale

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L’uti­li­sa­tion de drogues et de Pervi­tine sous le Troi­sième Reich

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Bonjour,

Je suis française et je travaille actuel­le­ment à un docu­men­taire sur l’uti­li­sa­tion de drogues sous le Troi­sième Reich. Ce film, produit par l’agence de presse Label News, sera diffusé en septembre 2015 sur la chaîne histo­rique française RMC Décou­vertes.

Je m’in­té­resse parti­cu­liè­re­ment au quoti­dien des soldats et à leur consom­ma­tion de Pervi­tine. Dans cette pers­pec­tive, je recherche :

 tous types de témoi­gnages (vété­rans, enfants et amis de vété­rans, infir­miers, collec­tion­neurs, etc.)

 tous types de docu­ments et d’objets (photos, cartes postales, vieux tubes de pervi­tine, étiquettes, réclames, etc.)

Est-ce que la consom­ma­tion de Pervi­tine ou l’uti­li­sa­tion de stimu­lants vous dit quelque chose ?

Je peux me dépla­cer recueillir vos témoi­gnages.

Les inté­res­sés peuvent me contac­ter à l’adresse mail suivante : isabel­le­fou­crier@g­mail.com

En vous remer­ciant sincè­re­ment par avance de votre coopé­ra­tion, je vous adresse mes salu­ta­tions cordiales,

Isabelle Foucrier
Tél : 06 78 27 02 90

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WEHRUNG Edouard (Eddy)

Commentaire (0) Portraits d'incorporés de force/déportés militaires

Edouard Wehrung est né le 12 juin 1919 à La Petite-Pierre (Bas-Rhin), alors que l’Al­sace vient tout juste de rede­ve­nir française. Il suit sa scola­rité à l’école commu­nale puis un appren­tis­sage de cordon­nier, obte­nant le Brevet de Compa­gnon. En 1937, il a l’op­por­tu­nité de deve­nir facteur des Postes à Grauf­thal.

Le 25 avril 1939, alors que la menace d’une guerre prochaine pèse sur l’Eu­rope, Eddy s’en­gage dans l’Ar­mée Française. Il est affecté au 2ème Groupe d’Au­tos-Mitrailleuses et devient conduc­teur d’un engin blindé Panhard AM 178.

wehrung_1.jpgEddy Wehrung, en haut à droite, engagé volon­taire dans l’Ar­mée Française en 1939.

Le 10 mai 1940 les Alle­mands enva­hissent la Belgique. L’unité à laquelle appar­tient Eddy est envoyée dans la région de Namur afin de ralen­tir la progres­sion enne­mie. Mais face à sept divi­sions blin­dées, elle reçoit l’ordre de se replier à Beau­mont sur Argonne près de Sedan. Malgré le déséqui­libre des forces, l’avan­cée alle­mande est frei­née durant plusieurs jours ; le village de Stonne est perdu, repris et reperdu à plusieurs reprises, chan­geant 17 fois de main ! Le 15 mai 1940, après de violents combats, les Panzers alle­mands en surnombre parviennent à contour­ner les posi­tions françaises ; l’unité d’Eddy est attaquée simul­ta­né­ment de front et par l’ar­rière. Le 16 mai 1940, Édouard Wehrung et ses compa­gnons resca­pés sont faits prison­niers par les Alle­mands.
C’est la débâcle de l’Ar­mée Française. L’ar­mis­tice est signé le 22 juin 1940.
Le 2 août 1940, l’Al­le­magne annexe l’Al­sace et la Moselle qui deviennent des provinces alle­mandes. Eddy est alors toujours un soldat français prison­nier des Alle­mands. Mais le 25 août 1940 il est libéré grâce à son statut d’Al­sa­cien-Lorrain… et par consé­quent de ressor­tis­sant alle­mand !!!

Le 23 janvier 1941, étroi­te­ment surveillé en raison de son enga­ge­ment initial dans l’Ar­mée Française, Eddy est affecté au Postamt d’Ap­pen­weier, Mann­heim et Strass­burg.

Le 25 août 1942, l’in­cor­po­ra­tion des jeunes Alsa­ciens dans l’ar­mée alle­mande est promul­guée. Elle est incon­tour­nable et réali­sée sous la contrainte.

Le 19 septembre 1942, sa maman, Hélène Wehrung, décède.

Le 19 avril 1943, sous la menace pesant sur sa famille, il doit se rendre à Saverne où il est incor­poré contre sa volonté dans la Wehr­macht.

Le 18 mai 1943, Eddy doit rejoindre le 2. Radfah­rer Schwa­dron du Füsi­lier Bataillon 69 -un esca­dron de recon­nais­sance cycliste- stationné en Pologne.

Le 08 septembre 1943 il est dirigé sur le front russe dans la région de Tcher­nia­khovsk au nord de la Litua­nie.

Là-bas, une rumeur insis­tante parcourt les rangs alsa­ciens : en s’éva­dant vers la Russie, il serait possible de rejoindre les Forces Françaises Libres en Angle­terre. Eddy envi­sage immé­dia­te­ment cette solu­tion. Mais l’op­por­tu­nité tarde à se présen­ter… Il doit rester sur la ligne de front au combat perpé­tuel avec les troupes russes durant plus de 10 mois.

wehrung_2.jpgEddy Wehrung au deuxième rang au milieu sur la photo ci-dessus.

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Norman­die ; la Libé­ra­tion est en marche.

Le 28 juillet 1944, alors que la Wehr­macht bat en retraite sur le front russe, Eddy reste terré dans une tran­chée selon un plan établi à l’avance avec un compa­gnon d’arme, Fred Fritz de Benfeld. Tous deux attendent « le Russe » sensé être l’al­lié des Français.

Le 29 juillet 1944, ils sont portés dispa­rus par la Wehr­macht.

Lorsque l’Ar­mée Rouge parvient jusqu’à eux, Eddy et Fred sortent de leur cachette, les bras en l’air et criant « Frant­zouski, Frant­zouski ». Mais les Russes ignorent tout de l’Al­sace et des condi­tions des Alsa­ciens. Pour eux, ce sont des soldats alle­mands puisqu’ils en portent l’uni­forme.

Eddy est fait prison­nier par les Russes et enfermé à Vilna (Vilnius) Puis, après plusieurs jours de marche il est embarqué dans un train de marchan­dises et trans­féré dans un camp à Tambov avec des milliers d’autres Alsa­ciens et Mosel­lans.

Le 21 novembre 1944, La Petite-Pierre est libé­rée…

Mais Eddy crou­pit toujours dans les baraque­ments sinistres et insa­lubres du camp de Tambov. L’hi­ver parti­cu­liè­re­ment rude, la mala­die, la malnu­tri­tion, la maltrai­tance et la détresse morale achèvent de déci­mer les rangs de ceux qui ne sont pas morts au combat.

Le 8 mai 1945, l’Ar­mis­tice est signé ; la guerre est termi­née.

Pour­tant, ce n’est que le 19 octobre 1945 qu’É­douard Wehrung est libéré de Tambov. Malade, terri­ble­ment affai­bli par des mois de déten­tion, il est débarqué à Paris le 25 octobre 1945. Il lui faudra plusieurs jours encore avant de pouvoir enfin rejoindre son village natal de La Petite-Pierre. Des milliers d’autres n’au­ront hélas pas sa chan­ce…

Il portera très long­temps les séquelles physiques et morales, et n’évoquera qu’à contre-coeur sa terrible histoi­re… qui est aussi l’his­toire de milliers d’Al­sa­ciens-Mosel­lans forcés à combattre pour une cause qui n’était pas la leur.

De nombreuses années plus tard, en 2000, alors qu’une mala­die sour­noise le prive désor­mais de discer­ne­ment et de tout repère social ou tempo­rel, il nous dit ce qui restera l’une de ses toutes dernières phrases :

« Nìe blie Ich bi de Schwowe. Ich geh zerìk zù de Fràn­zose... » (« Jamais je ne reste­rai chez les Alle­mands. Je retour­ne­rai chez les Français… ».

Texte établi par Jean-Jacques Wehrung

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Grand anni­ver­saire Oscar Kohler, la mémoire de Tambov

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Le doyen de Schaef­fer­sheim, Oscar Kohler, a célé­bré son quatre-vingt-quin­zième anni­ver­saire dans son village natal. Rescapé du camp de Tambov, il égrène ses souve­nirs d’an­cien combat­tant de « la drôle de guerre ».

« En 1940, j’ai fait mon service mili­taire au dépôt de cava­le­rie n° 14 à Lyon… Après l’ar­mis­tice du 22 juin 1940 et l’an­nexion de l’Al­sace, le cercle Saint-Léger a été supprimé à Schaef­fer­sheim pour faire place aux orga­ni­sa­tions nazies. Jusqu’en 1942, je travaillais à Stras­bourg comme peintre en bâti­ment. J’ai obtenu avec diffi­culté l’au­to­ri­sa­tion de passer mon brevet de maîtrise, ce qui m’a permis de retar­der mon incor­po­ra­tion de force jusqu’au 1er novembre 1943, où j’ai dû partir à Modlin en Pologne. »
Oscar se souvient de sa capti­vité aux mains des Russes au camp de Potma, dans le froid, presque sans eau et nour­ri­ture. Pour ses parents, il est porté disparu. À l’été 1944, on l’en­voie travailler dans un sovkhoze (ferme d’État sovié­tique) où il peut amélio­rer son ordi­naire. Puis, en septembre 1944, les prison­niers sont trans­por­tés à Tambov, à 450 km au sud de Moscou.

« Une fois à Tambov, la faim était perma­nente, avec deux louches par jour d’une soupe remuée avec un bâton pour que le peu de denrée solide ne se dépose pas au fond. Les baraque­ments conte­naient entre 100 et 400 hommes. Peu de médi­ca­ments, pas d’eau pour se laver, sauf toutes les quatre ou six semaines : sauna, épouillage, puis deux litres d’eau où malades et bien portants se lavaient dans la même cuvette en bois encrassé. Des seringues de vacci­na­tion passaient de prison­nier à prison­nier, malade ou bien portant… »

La fin de la guerre ne signi­fie pas un retour immé­diat. Après avoir enduré des tempé­ra­tures qui, en janvier, avoi­sinent moins 38° C, occa­sion­nant la mort de tant de ses cama­rades, quand vont-ils être rapa­triés ? Enfin, le 3 août 1945, le train démarre en direc­tion de Franc­fort-sur-l’Oder où les prison­niers sont remis aux offi­ciers français pour être lavés, désin­fec­tés, nour­ris, avant de repar­tir pour Bruxelles et enfin Chalon-sur-Saône où Oscar, comme tous les autres, est enfin libéré et peut rentrer dans son foyer.

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En réac­tion au repor­tage « Das Reich » diffusé sur France 3 le 2 mars 2015

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Au repor­tage consa­cré à la divi­sion « Das Reich  » diffusé sur FR3 le 2 mars, il manquait deux choses : la rigueur et le recul.

Il est navrant de consta­ter qu’en 2015 on en soit encore à offrir de ce moment de l’his­toire une vision tronquée et plus soucieuse de conclu­sions que d’ana­lyse.

Donner à croire que les troupes de la divi­sion « Das Reich  » respon­sables, entre autres exac­tions, des massacres de Tulle et d’Ora­dour étaient, en France, prin­ci­pa­le­ment consti­tuées d’Al­sa­ciens est un non-sens et une erreur histo­rique.

Dans les faits, et par exemple, la compa­gnie impliquée dans l’af­faire d’Ora­dour rassem­blait cent-quarante hommes dont trente incor­po­rés de force alsa­ciens. Ce dernier chiffre ne consti­tue donc pas, comme l’af­firme à plusieurs reprises le repor­tage de Michaël Prazan, « le gros des troupes ». Pour rappel, sur les 4000 Alsa­ciens de la classe 26, envi­ron 2000, ont été versés d’of­fice dans les diffé­rentes divi­sions Waffen-SS et pas unique­ment dans la « Das Reich  ». Nous sommes bien loin des 6000 annon­cés dans le docu­men­taire.

Ce serait sans grande consé­quence si ce n’était accom­pa­gné d’une absence totale de curio­sité quant aux condi­tions de l’in­cor­po­ra­tion des Alsa­ciens et des Mosel­lans.

Donner à penser que les Alsa­ciens aient pu être volon­taires, voire enthou­siastes, comme il est suggéré, c’est oublier que, jusqu’en août 1942 et la publi­ca­tion du décret impo­sant l’in­cor­po­ra­tion, envi­ron mille volon­taires se sont enga­gés sous le drapeau alle­mand, c’est à dire un peu moins de 1% du total final des incor­po­rés. C’est oublier, aussi, les menaces de mort clai­re­ment libel­lées sur les docu­ments mili­taires, les récal­ci­trants fusillés et les répres­sions infli­gées aux familles des déser­teurs : dépor­ta­tion en Silé­sie, arres­ta­tions, prise d’ota­ges…

Si, dans ce repor­tage, on addi­tionne les témoi­gnages tronqués – celui, par exemple, d’Eli­mar Schnei­der dont il est fait un Waffen-SS actif en omet­tant de préci­ser l’in­croyable courage dont il a fait preuve lors de l’af­faire de Tulle en sauvant deux hommes de la pendai­son –, les confu­sions docu­men­taires – les images d’illus­tra­tion montrant des soldats de la Luft­waffe ou de la Wehr­macht au lieu de Waffen-SS –, et l’ab­sence de cadre histo­rique clair – la divi­sion « Das Reich  » était déjà en France en 1940 (et aucun massacre n’a été enre­gis­tré sur son passage) –, le résul­tat abou­tit à une fiction.

Il va sans dire que, pour tous ceux qui portent dans leurs mémoires l’épou­van­table bles­sure de l’an­nexion et de l’in­cor­po­ra­tion de force, cette vision des choses est une offense.

Marie-Laure de Cazotte
Ecri­vain
(A l’ombre des vainqueurs – Albin Michel 2014)

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Des rapa­triés sont rentrés hier de Russie. Parmi eux six Alsa­ciens et Lorrains

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METZ Frédé­ric

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Je cherche des rensei­gne­ments sur mon frère, Frédé­ric Metz, de Baeren­thal (Moselle), né le 24 decembre 1919, mort en Russie le 7 janvier 1944.

J’ai un vague souve­nir de Kamenka ? Je n’ai pas d autres rensei­gne­ments.

Avec mes remer­cie­ments.

 gschlagd@ya­hoo.fr

 Fiche du VDK trans­mise par Claude Herold :

 Frie­drich Metz wurde noch nicht auf einen vom Volks­bund errich­te­ten Solda­ten­fried­hof überführt.

 Nach den uns vorlie­gen­den Infor­ma­tio­nen befin­det sich sein Grab derzeit noch an folgen­dem Ort: Kamenka / Gebiet Sapo­ro­shje – Ukraine

 Name und die persön­li­chen Daten des Oben­ge­nann­ten sind auch im Gedenk­buch der Krieg­sgrä­berstätte verzeich­net.

 Nach­name:
Metz

 Vorname:
Frie­drich

 Dienst­grad:
Grena­dier

 Geburts­da­tum:
24.12.1919

 Geburt­sort:
Bähren­tal

 Todes-/Vermiss­ten­da­tum:
07.01.1944

 Todes-/Vermiss­te­nort:
Kamenka

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Le « Malgré nous » précha­cais Raymond Dittlo

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Raymond Dittlo a connu une aven­ture extra­or­di­naire. Incor­poré en mars 1944 à Préchac (33), il déserte dès la fin du mois. A la suite d’un très long périple en Aqui­taine et son enga­ge­ment dans la résis­tance, il va se marier et se fixer défi­ni­ti­ve­ment à Préchac où il demeure encore, âgé de 90 ans.

raymond_dittlo_portrait.jpg Raymond Dittlo est né le 22 avril 1926, à Ilkirch-Graf­fens­ta­den, dans le dépar­te­ment du Bas-Rhin. Apprenti dans une usine de fabri­ca­tion de loco­mo­tives, il est convoqué le 15 janvier 1944 devant le conseil de révi­sion. Ayant ignoré cette convo­ca­tion, il y est conduit de force par la Feld­gen­dar­me­rie. Son frère aîné, Pierre, se trouve déjà sur le front russe. Déclaré apte, Raymond Dittlo part en train, le 8 février 1944, pour Bordeaux afin d’être incor­poré au camp de Souge. Il se souvient parfai­te­ment de ces soldats hindous (Légion indienne Azad Hind) qui le gardaient. Après quelques jours d’at­tente dans les baraque­ments, toujours en tenue civile, il embarque dans un camion bâché, avec une quin­zaine d’autres recrues, pour une desti­na­tion incon­nue. Il arrive à Préchac, devant le château Boyreau. Il est logé dans une grande salle chez Darti­golles, boucher et hôte­lier. Après avoir reçu son paque­tage, il a ordre de rendre sa valise qui sera renvoyée à ses parents.

Envi­sa­geant déjà sa déser­tion, il prend soin, avec son cama­rade Charles Deger­man, de garder et cacher l’es­sen­tiel de ses effets civils. Seule une écharpe de laine effec­tuera le voyage retour vers l’Al­sace, dans la valise.

Dési­gné comme chauf­feur, Raymond Dittlo effec­tue ses classes. Lors d’une tran­sac­tion d’achat d’un veau, alors que son copain Charles sert d’in­ter­prète aux Alle­mands, il fait connais­sance de Madame Duron qui prend conscience de leur vie diffi­cile d’en­rô­lés de force. Elle invite secrè­te­ment les deux compères qui n’hé­si­te­ront pas, maintes fois, à faire « le mur » pour parta­ger des repas somp­tueux, à leurs yeux, en regard de l’or­di­naire du soldat alle­mand. Au cours de ces soirées, ils prennent la déci­sion de déser­ter ; ils font aussi connais­sance d’Yvonne Chevas­sier qui épou­sera Raymond Dittlo après la Libé­ra­tion.

charles_degerman_portrait.jpgPortrait de Charles Deger­man.

C’est dans la nuit du 31 mars 1944 que Raymond Dittlo et son ami Charles désertent. Accom­pa­gnés de leur passeur, Monsieur Labesque, ils sont conduits à vélo, de nuit, jusqu’à Saint-Michel-de-Calstel­nau. Cachés dans une ferme landaise, ils échappent de justesse aux Alle­mands qui mènent une opéra­tion contre les maqui­sards. Ils fuient alors à pieds, vers le sud, sans soutien ni nour­ri­ture, avec l’es­poir de passer en Espagne, puis en Afrique du Nord. Mais leur français approxi­ma­tif marqué d’un fort accent alsa­cien les péna­lise dans leur quête de ravi­taille­ment et aussi d’aide pour éviter de tomber aux mains des Alle­mands. Après une longue fuite dans les Landes et les Pyré­nées-Atlan­tiques, ils entrent en rela­tion avec des gendarmes acquis à la Résis­tance. C’est à Arsague qu’ils sont héber­gés et travaillent dans une ferme. Raymond Dittlo et son ami Charles parti­cipent à la libé­ra­tion des Landes, puis de la Gironde, au sein du 1er corps franc des Landes.

Le 27 février 1945, après la libé­ra­tion de l’Al­sace, Raymond Dittlo retourne chez ses parents. Il y retrouve son jeune frère, Bernard, puis Pierre, qui rentre en mai 1945. Amputé de ses orteils gelés, il a échappé à la capti­vité de l’Ar­mée Rouge. Raymond Dittlo veut conti­nuer la lutte, mais ne peut s’en­ga­ger dans la 1ère Armée française, car il n’a pas l’âge requis.

La guerre termi­née, Raymond Dittlo s’en­gage dans l’Ar­mée de l’air et rejoint la base aérienne de Mont-de-Marsan. Il revient à Préchac où il revoit Yvonne Chevas­sier et l’épouse. Son beau-père lui propose de travailler avec lui dans le garage fami­lial. Plus tard, il reprend la suite de l’af­faire et se fixe défi­ni­ti­ve­ment à Préchac, avec son épouse deve­nue insti­tu­trice. Ils y habitent encore.
Tous les ans, dans les derniers jours du mois de mars, il écoute avec émotion le chant du coucou lui rappe­lant le début de l’aven­ture du « Malgré Nous » qui a pu échap­per au sinistre destin de la 2ème Panzer­di­vi­sion SS Das Reich.

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